L’initiative de l’Asloca en faveur de logements d’utilité publique est au menu des votations du 9 février
Le 9 février prochain, le peuple est invité à se prononcer sur l’initiative «Davantage de logements abordables». Défendu par l’Association suisse des locataires (Asloca), le texte propose d’encourager les maîtres d’ouvrage d’utilité publique. Ceux-ci sont constitués de coopératives, de communes, de fondations, voire de sociétés anonymes, qui louent leurs appartements au coût de revient, sans recherche de rendement. Dits LUP, ces logements ont des loyers moins élevés que ceux livrés au marché libre. Selon une étude publiée en 2017 par l’Office fédéral du logement, les loyers usuels d’appartements trois pièces (quatre pièces à Genève) sont en moyenne 16,5% plus chers que ceux des LUP de même taille et l’écart atteint 26% dans les villes. Cela correspond à plus de trois mois de loyer payés en plus. Aujourd’hui, les LUP ne représentent que 4 à 5% du parc immobilier, le texte de l’initiative fixe pour objectif 10% de LUP dans les nouvelles constructions à l’échelle du pays.
A cette fin, l’initiative veut accorder aux cantons et aux communes un droit de préemption sur les terrains constructibles. Y compris si ces biens-fonds appartiennent à la Confédération ou à des entreprises qui lui sont liées. La division Immobilier des CFF est clairement visée. L’ex-régie fédérale est en effet devenue la deuxième plus grande société immobilière du pays, derrière Swiss Life, ses revenus locatifs atteignent 550 millions et devraient grimper à un milliard. Or, la location de logements ne représente que 7% de ces revenus et couvre surtout le segment haut de gamme.
Enfin, l’initiative de l’Asloca stipule que les programmes visant à encourager les assainissements énergétiques des bâtiments n’entraînent pas la perte de logements à loyer modéré.
Perte de pouvoir d’achat
Pour défendre son projet, l’Asloca s’est entourée d’une large coalition, dans laquelle on trouve l’Union syndicale suisse (USS) et Unia. «Cette initiative nous permet, avec celle sur les primes maladie abordables, que soutient également l’USS, d’évoquer les deux principales causes de perte de pouvoir d’achat», a expliqué le président de la faîtière syndicale, Pierre-Yves Maillard, au cours d’une conférence de presse donnée la semaine dernière. «Depuis 2005, les loyers ont augmenté de 20% tandis que les salaires n’ont connu qu’une croissance de 5%. Cet écart représente entre 200 et 300 francs par mois de perte de pouvoir d’achat pour une famille de la classe moyenne. Sur une année, c’est entre 2500 et 3500 francs de perdu. Celles et ceux qui subissent les hausses de loyer de plein fouet sont les jeunes et, en particulier, les jeunes familles qui arrivent sur le marché du logement.»
Si elle passe la rampe de la votation, l’initiative donnera quelques bouffées d’oxygène aux locataires. «On peut espérer que le taux de LUP dans le parc immobilier monte à 6 ou 7% en une décennie. C’est extrêmement raisonnable.» Pas de quoi fouetter un spéculateur, en effet.
Autre point important pour Pierre-Yves Maillard: le texte de l’initiative pose des garde-fous afin que l’indispensable effort d’assainissement énergétique «ne soit pas l’occasion d’une dégradation encore plus marquée des loyers». «On sait que les travaux d’assainissement sont l’occasion d’augmenter les loyers», rappelle le président de l’USS.
Et de conclure: «Le 9 février est la première votation de la législature et nous souhaitons qu’elle donne le ton de l’offensive sociale qui est nécessaire dans ce pays.»