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Pas au bout de leur peine

Joie écourtée. Au printemps dernier, l’Union européenne interdisait l’usage de trois néonicotinoïdes sur l’ensemble des cultures en plein champ à cause de leurs effets jugés nocifs pour l’environnement et les abeilles. Les trois pesticides concernés, le clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame ne pourront donc plus être utilisés qu’au sein de serres permanentes. Une victoire historique dans la lutte pour la protection des abeilles et autres pollinisateurs, qui n’a pas plu à tout le monde. Cette décision s’avère être une épine, ou un dard, dans le pied des deux géants de l’industrie pesticide, le suisse Syngenta et l’allemand Bayer. Alors qu’on pensait l’affaire réglée, le second refuse d’en rester là et a récemment annoncé vouloir faire appel de cette décision. C’est la justice qui devra trancher.

Pas question de renoncer. L’Organisation non gouvernementale SumOfUs, qui milite dans le collectif Save The Bees (Sauvons les abeilles, en français), est tout de suite montée au créneau en lançant une pétition* demandant à Bayer d’abandonner son procès. Le succès est au rendez-vous puisqu’en deux jours, 150000 signatures ont été récoltées. Aujourd’hui forte de 238’000 paraphes, elle exige que l'interdiction des néonicotinoïdes les plus néfastes en Europe soit maintenue et affirme qu’elle ne reculera pas tant que Bayer n'aura pas mis fin à ses tactiques d'intimidation. «Ensemble, montrons à Bayer que nous ne tolérerons pas qu'il fasse passer ses profits avant la santé de notre planète.» A Bayer… et à Monsanto, qui ne font plus qu’un depuis peu et qui, sans surprise, ont tout intérêt à continuer à vendre et à répandre leurs poisons, quelles qu’en soient les conséquences.

Abeilles décimées. Les scientifiques sont pourtant formels: les pesticides néonicotinoïdes sont l'une des causes principales de l’effondrement des abeilles et des pollinisateurs. Une étude récente publiée par Science a montré la présence de néonicotinoïdes dans 75% d’échantillons de miel collectés partout sur Terre. Présents sur le pollen et le nectar des cultures traitées mais aussi sur les plantes à proximité, les molécules qu’ils contiennent s’attaquent au système nerveux des petites bêtes et font des ravages. Avant l’apparition de ces produits phytosanitaires, à la fin du siècle dernier, le taux de mortalité des abeilles était d’environ 5%. Aujourd’hui, on atteint les 80% dans certaines régions d’Europe. Une menace inédite pour la biodiversité et l’agriculture (sans oublier la détresse des agriculteurs qui se sont mobilisés en masse), sachant que ces insectes pollinisent 84% des cultures du continent et 4000 variétés de végétaux. Cela peut paraître surréaliste, mais les abeilles, en fournissant un tiers des bouchées que nous avalons, sont un maillon indispensable de la chaîne alimentaire. Revenir sur cette interdiction serait donc un drame irréversible pour notre écosystème.

 

* Pour signer la pétition: https://actions.sumofus.org/a/bayer-tente-d-annuler-l-interdiction-de-p…

 

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