Unia, la voix au chapitre
Mardi 06 mars 2007
Unia et Comedia ont entamé avec Payot les négociations sur les salaires des libraires
Le personnel des librairies Payot ne sera pas soumis à une convention d'entreprise avec les risques que supposait une telle solution. Grâce à l'intervention d'Unia - engagé depuis 2005 aux côtés de Comedia dans la défense de ces salariés - les négociations avec la société se poursuivent. Les partenaires discutent aujourd'hui d'un projet d'avenant à la convention collective alémanique de la branche à laquelle Payot a accepté d'adhérer moyennant quelques dispositions qui lui sont propres.
Positive sur toute la ligne, l'intervention d'Unia dans l'affaire Payot aura permis d'éviter les écueils d'un vide conventionnel et largement favorisé le renouement du dialogue social. Voilà le bilan susceptible d'être tiré au terme de deux années de travail actif dans l'entreprise. L'histoire commence au début de l'année 2005. A cette période, le torchon brûle entre les responsables de la société - membre du groupe français Hachette, propriété de l'empire Lagardère - et Comedia, syndicat attitré de la branche. Le différend principal porte sur l'horaire de travail hebdomadaire: à Payot, il est de 41 heures, la CCT l'a réduit à 40 heures. N'étant plus membre de l'ASDEL (association romande qui regroupe les petites librairies), l'entreprise refuse d'appliquer les 40 heures. Comedia campe sur ses positions et mène une action de protestation devant le siège du groupe, à Paris. Payot défend pour sa part la solution d'une convention «maison». Le climat se dégrade. La discussion est rompue.
Unia plébiscité
Deuxième chapitre. Appelé à la rescousse par des salariés, Unia accepte, en été 2005, de s'engager sur ce dossier sous réserve qu'il dispose d'une représentativité suffisamment large auprès des employés et que Comedia ne soit pas écarté des débats. Les deux conditions seront remplies. A l'automne de cette même année, Unia est plébiscité par une écrasante majorité des quelque 250 salariés que compte l'entreprise. L'enseigne voit aussi d'un bon œil l'arrivée d'un nouvel interlocuteur. La bataille n'est pas gagnée pour autant. En février 2006, Payot informe le personnel de sa volonté de dénoncer sa soumission individuelle à la convention collective de la librairie avec effet au 30 avril. Branle-bas de combat chez Unia qui, même si la société promet de ne pas modifier les contrats de travail des salariés, s'inquiète des conséquences d'un tel choix qui entraînerait un vide conventionnel. Aucun organe paritaire ne pourrait dès lors exercer son contrôle. En d'autres termes, les salariés travailleraient sans filet.
Non à une convention «maison»
Troisième chapitre. Unia informe les employés de ses craintes et leur demande de se positionner sur la question par le biais d'une pétition. Plus de 130 libraires dénoncent la décision de la hiérarchie. Nouvelles discussions. En mai, la direction sonde à son tour la commission du personnel, interrogée sur deux voies possibles: soit une convention d'entreprise, soit la soumission de Payot à la convention collective alémanique de la librairie, assortie d'un avenant. Les employés optent pour la seconde solution. Payot n'y est pas non plus réfractaire. La société se sent en effet plus proche de l'association alémanique que de l'ASDEL en raison des membres qui la composent: plutôt des poids lourds du livre que des petites entreprises. L'idée est donc adoptée. «Une convention de branche offre une solidité et une stabilité qui est très supérieure à une simple convention d'entreprise» relève, satisfait, Grégoire Junod, secrétaire syndical d'Unia. «Parce qu'elle est négociée avec plusieurs partenaires pour plusieurs années, elle tient compte des conditions liées à la branche et non à une société en particulier; elle est donc moins soumise aux aléas économiques que celle-ci pourrait subir.» Autre avantage: en cas de changement de direction ou de rachat de l'enseigne, la convention de la branche demeure.
Equilibre des forces
Epilogue. Le cadre juridique fixé, les différents partenaires ont actuellement entamé les négociations sur le contenu de la CCT qui a été traduite et son annexe, consacrée aux dispositions particulières à Payot. Trois représentants de la commission d'entreprise, trois délégués de Comedia et quatre d'Unia sont chargés de mener les pourparlers avec la direction. A ce jour, l'implication d'Unia dans ce dossier aura donc permis de décanter la situation et rendu aux syndicats leur rôle de partenaire social au sein de l'entreprise. C'est un premier succès mais la suite des discussions, qui porteront notamment sur les salaires et les vacances, s'annonce difficile: les revenus des libraires sont en effet particulièrement bas. Dans la branche en Suisse romande, le salaire minimum s'élève à 3671 francs par mois pour une personne qualifiée et 3332 francs pour une personne non qualifiée. Payot se montrera-t-il plus généreux? Pas gagné d'avance...
Sonya Mermoud
Positive sur toute la ligne, l'intervention d'Unia dans l'affaire Payot aura permis d'éviter les écueils d'un vide conventionnel et largement favorisé le renouement du dialogue social. Voilà le bilan susceptible d'être tiré au terme de deux années de travail actif dans l'entreprise. L'histoire commence au début de l'année 2005. A cette période, le torchon brûle entre les responsables de la société - membre du groupe français Hachette, propriété de l'empire Lagardère - et Comedia, syndicat attitré de la branche. Le différend principal porte sur l'horaire de travail hebdomadaire: à Payot, il est de 41 heures, la CCT l'a réduit à 40 heures. N'étant plus membre de l'ASDEL (association romande qui regroupe les petites librairies), l'entreprise refuse d'appliquer les 40 heures. Comedia campe sur ses positions et mène une action de protestation devant le siège du groupe, à Paris. Payot défend pour sa part la solution d'une convention «maison». Le climat se dégrade. La discussion est rompue.
Unia plébiscité
Deuxième chapitre. Appelé à la rescousse par des salariés, Unia accepte, en été 2005, de s'engager sur ce dossier sous réserve qu'il dispose d'une représentativité suffisamment large auprès des employés et que Comedia ne soit pas écarté des débats. Les deux conditions seront remplies. A l'automne de cette même année, Unia est plébiscité par une écrasante majorité des quelque 250 salariés que compte l'entreprise. L'enseigne voit aussi d'un bon œil l'arrivée d'un nouvel interlocuteur. La bataille n'est pas gagnée pour autant. En février 2006, Payot informe le personnel de sa volonté de dénoncer sa soumission individuelle à la convention collective de la librairie avec effet au 30 avril. Branle-bas de combat chez Unia qui, même si la société promet de ne pas modifier les contrats de travail des salariés, s'inquiète des conséquences d'un tel choix qui entraînerait un vide conventionnel. Aucun organe paritaire ne pourrait dès lors exercer son contrôle. En d'autres termes, les salariés travailleraient sans filet.
Non à une convention «maison»
Troisième chapitre. Unia informe les employés de ses craintes et leur demande de se positionner sur la question par le biais d'une pétition. Plus de 130 libraires dénoncent la décision de la hiérarchie. Nouvelles discussions. En mai, la direction sonde à son tour la commission du personnel, interrogée sur deux voies possibles: soit une convention d'entreprise, soit la soumission de Payot à la convention collective alémanique de la librairie, assortie d'un avenant. Les employés optent pour la seconde solution. Payot n'y est pas non plus réfractaire. La société se sent en effet plus proche de l'association alémanique que de l'ASDEL en raison des membres qui la composent: plutôt des poids lourds du livre que des petites entreprises. L'idée est donc adoptée. «Une convention de branche offre une solidité et une stabilité qui est très supérieure à une simple convention d'entreprise» relève, satisfait, Grégoire Junod, secrétaire syndical d'Unia. «Parce qu'elle est négociée avec plusieurs partenaires pour plusieurs années, elle tient compte des conditions liées à la branche et non à une société en particulier; elle est donc moins soumise aux aléas économiques que celle-ci pourrait subir.» Autre avantage: en cas de changement de direction ou de rachat de l'enseigne, la convention de la branche demeure.
Equilibre des forces
Epilogue. Le cadre juridique fixé, les différents partenaires ont actuellement entamé les négociations sur le contenu de la CCT qui a été traduite et son annexe, consacrée aux dispositions particulières à Payot. Trois représentants de la commission d'entreprise, trois délégués de Comedia et quatre d'Unia sont chargés de mener les pourparlers avec la direction. A ce jour, l'implication d'Unia dans ce dossier aura donc permis de décanter la situation et rendu aux syndicats leur rôle de partenaire social au sein de l'entreprise. C'est un premier succès mais la suite des discussions, qui porteront notamment sur les salaires et les vacances, s'annonce difficile: les revenus des libraires sont en effet particulièrement bas. Dans la branche en Suisse romande, le salaire minimum s'élève à 3671 francs par mois pour une personne qualifiée et 3332 francs pour une personne non qualifiée. Payot se montrera-t-il plus généreux? Pas gagné d'avance...
Sonya Mermoud