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A Fribourg, des patrons font campagne pour le salaire minimum

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© Olivier Vogelsang

Pour Gerhard Andrey, entrepreneur et conseiller national, "un salaire qui ne permet pas de vivre n'est ni libéral, ni responsable".

Un comité d’entrepreneurs et d’entrepreneuses s’est constitué afin de recommander un «oui» dans les urnes lors du scrutin cantonal du 30 novembre.

Des patrons qui ne cherchent pas à faire du profit sur le dos de leurs employés, cela existe. A Fribourg, certains se sont même constitués en comité afin de faire campagne pour le salaire minimum cantonal, sur lequel la population votera le 30 novembre. Ce sont seize entrepreneurs et entrepreneuses, actifs – ou l’ayant été – dans des domaines variés comme le digital, la restauration, le design, la banque, l’imprimerie, l’architecture, l’édition ou le paysagisme. A contre-courant de l’opinion dominante dans les milieux patronaux, ces personnes sont d’avis que traiter correctement les salariés est aussi dans l’intérêt des employeurs. 

Porté sur les fonts baptismaux fin octobre, ce collectif recommande donc d’approuver l’introduction dans le canton de Fribourg d’un salaire minimum s’élevant à 23 francs l’heure, soit environ 4000 francs par mois, comme le prévoit l’initiative populaire cantonale lancée par la gauche et les syndicats. Ces dirigeants à la fibre sociale ont été scandalisés par les propos du directeur de l’Union patronale suisse, Roland Müller, lequel déclarait en juin qu’un «salaire décent n'est pas de la responsabilité de l'employeur». 

Pour une concurrence loyale
«Un salaire qui ne permet pas de vivre n'est ni libéral, ni responsable», rétorque Gerhard Andrey, membre du comité. Actif dans le développement numérique et les services web, celui-ci est par ailleurs conseiller national Vert et a été candidat au Conseil fédéral en 2023. Comme il le raconte, l’idée de se regrouper est née du constat que, dans le débat public, on entend peu les employeurs pour qui le salaire minimum est une mesure de justice et de stabilité sociale. «Nous voulions donner une voix à cette majorité silencieuse. Nous voulons également rappeler que c'est un immense privilège de pouvoir exercer une activité entrepreneuriale dans notre pays, où nous disposons d'infrastructures exceptionnelles, d'un système de formation de pointe et d'un Etat de droit intact.» Pour lui, cela implique une responsabilité sociale.

L’un des arguments avancés est qu’instaurer un salaire minimum permet d'éviter la sous-enchère salariale: «II n'est pas acceptable que certaines entreprises s'arrogent un avantage concurrentiel en pratiquant le dumping salarial, écrit le comité dans un communiqué. Une saine concurrence est basée sur la qualité des produits et sur l’innovation plutôt que sur de très bas salaires.» Nicole Bardet, membre de la direction générale de la Banque Alternative Suisse, considère qu’un salaire minimum apporte de la clarté et de la stabilité aux employeurs: «Chacun sait où se situe le seuil de rémunération acceptable, ce qui favorise une concurrence loyale et durable.»

Un plus pour la productivité
De plus, mieux rémunérer son personnel contribue à le motiver et à le fidéliser, et ainsi, à améliorer la productivité et la qualité du travail. Le comité affirme que la grande majorité des entreprises paient déjà leur personnel davantage que 23 francs l’heure, et en constatent les bienfaits.

Une autre déclaration a choqué ces patrons et ces patronnes, celle d’Alexandre Vonlanthen, président du PLR Fribourg et coprésident du comité contre le salaire minimum, qui a dit sur La Télé: «C'est clair, tout le monde doit pouvoir vivre de son salaire, mais on ne laisse personne sur le bas-côté avec le système social que l'on a.» Autrement dit: la collectivité n’a qu’à compenser, avec nos impôts, les rémunérations trop basses versées par certaines entreprises. «Ce discours est indigne, s’offusque le comité d’entrepreneurs pour le salaire minimum. Tout travail mérite salaire. C'est une question de respect de l’effort fourni, mais aussi de respect de la population dans son ensemble, qui n'a pas à payer à la place des employeurs.»

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