Le Groupe d’intérêts a demandé à 124 communes d’adhérer à la Charte pour l’égalité salariale datant de 2016. Le résultat de la requête est affligeant
«Le Groupe d’intérêts femmes d’Unia Fribourg est scandalisé!» Tel est le message transmis le 7 mars dernier, à l’occasion de la conférence de presse du Collectif de la grève féministe fribourgeois tenue la veille de la Journée internationale des droits des femmes. Jasmine Berruex, secrétaire syndicale, et Yolande Peisl, cosecrétaire régionale d’Unia, ont fait part du résultat d’une démarche des militantes du syndicat auprès des communes du canton pour faire avancer l’égalité salariale. Résultat ayant entraîné leur colère.
En début d’année, constatant que seules deux communes du canton, Fribourg et Villars-sur-Glâne, ainsi que l’Etat fribourgeois, avaient signé la Charte pour l’égalité salariale lancée en 2016 par le conseiller fédéral Alain Berset, le Groupe d’intérêt femmes d’Unia a décidé d’écrire aux 124 communes ne l’ayant pas encore ratifiée. Dans leur lettre datée du 1er février, les militantes rappellent qu’à ce jour en Suisse 17 cantons, 131 communes et la Confédération l’ont déjà signée. Et que cette Charte, ainsi que l’outil Logib d’autocontrôle des salaires, ont obtenu en 2018 le Prix des Nations unies pour le service public.
«Alors que les inégalités salariales entre hommes et femmes sont toujours bien trop élevées, voire en augmentation, il est de la responsabilité des pouvoirs publics de promouvoir efficacement l’égalité salariale et de faire preuve d’exemplarité», écrivent les militantes. Elles précisent qu’en signant la Charte, les communes s’engagent à appuyer la mise en œuvre de l’égalité salariale dans leur champ d’influence, que ce soit en tant qu’employeur, lors d’appels d’offres, ou comme institution attribuant des subventions. En étant signataires, les communes peuvent également motiver les associations publiques ou parapubliques à y adhérer. Le Groupe d’intérêts femmes souligne encore que «l’écart salarial mensuel inexpliqué par des facteurs objectifs comme la formation, l’ancienneté, l’âge, la fonction, s’élève en moyenne à plus de 600 francs par mois pour un équivalent plein temps.» Le courrier demandait aux communes de transmettre leur intention en matière de signatures de la Charte pour fin février.
Seules huit réponses positives…
A cette date, seules 8 communes sur les 124 contactées ont répondu positivement, 11 ont répondu qu’elles n’avaient pas l’intention de signer la Charte, pour divers motifs, et 105 communes n’ont «pas eu le courage ou l’intérêt de répondre», notent Jasmine Berruex et Yolande Peisl dans un communiqué. «L’adhésion à une charte, qui est avant tout une déclaration d’intention, est manifestement un pas trop difficile pour les autorités communales fribourgeoises. Pourtant, il est aussi de leur responsabilité de respecter et de faire respecter la Constitution», s’indignent les syndicalistes qui appellent, faute d’un engagement des pouvoirs publics, les femmes à «s’organiser et à revendiquer haut et fort leurs droits».
Elles invitent les femmes, comme les hommes solidaires, à continuer la lutte et à agir lors de la Grève féministe du 14 juin «dans leur entreprise et en envahissant les rues du pays» pour exiger: «Du respect: notamment la tolérance zéro face au sexisme et au harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Du temps: notamment la réduction du temps de travail sans impact sur le salaire et la lutte contre la flexibilisation à tout va. Et de l’argent: de meilleurs salaires, de meilleures rentes et surtout l’égalité salariale!»
Actions le 14 juin sur les lieux de travail
Le 8 mars, Unia a distribué des tracts au personnel dans des commerces et des blanchisseries, avec en perspective la préparation de la grève du 14 juin, date clé du combat pour l’égalité. L’objectif étant de permettre aux salariées de s’organiser, de développer leurs compétences syndicales et des outils pour améliorer leur situation professionnelle. Et les syndicalistes de conclure: «Le syndicat Unia est présent dans les entreprises afin de soutenir les travailleuses et leur donner les moyens de participer au 14 juin sur leur lieu de travail, par des actions de protestation, des suspensions de travail et pourquoi pas une grève concrète.»