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Elisabeth Baume-Schneider face à la crise dans les soins

Personne à l'estrade
©Thierry Porchet

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, en charge du Département de l'intérieur, lors de son discours au Congrès d'Unia à Brigue. 

Invitée au congrès du syndicat, la conseillère fédérale a évoqué plusieurs thèmes de politique nationale et a répondu aux grandes questions que pose le domaine de la santé.

Pour commencer, alors qu’elle montait sur l’estrade, la conseillère fédérale en charge du Département de l’intérieur, Elisabeth Baume-Schneider, a fait dans le symbolique. Elle a mis de côté sa casquette habituelle, le temps d’un discours, pour s’aligner autant que possible sur le Congrès d’Unia, auquel elle a été invitée le 24 octobre. «Je suis certes une élue à Berne, s’est-elle exclamée en préambule, mais je suis également socialiste, syndicaliste et une Jurassienne combative.»  Une entrée en douceur, donc, qui a permis d’aborder avec sérénité la thématique que les délégués ont évoqué et lui ont soumis quelques minutes avant son allocution. Celle très sensible du care, qui agite les professionnels et le syndicat. L’absence à ce jour d’une application de la volonté populaire, qui a souhaité en 2021 des soins infirmiers plus forts, constitue une anomalie qui a trop duré.

Raison pour laquelle, la branche a décidé de lever la voix en se mobilisant à l’échelle nationale, avec une manifestation qui se tiendra à Berne le 22 novembre prochain. En attendant, Magdalena Karlem, infirmière et déléguée du personnel de santé, et Köbi Hauri, président du Groupe d’intérêt retraités, ont rappelé à toutes et tous – y compris à la conseillère fédérale – la situation dégradée du secteur. Généralisation des troubles psychiques au sein des soignants, agressions physiques et sexuelles, état d’épuisement du personnel, tournus intenables, perte d’attractivité de la profession: le contexte est alarmant et demande depuis longtemps des solutions qui tardent à venir. 

Des droits aux étrangers
L’invitée à l’estrade y a répondu en partie, en rappelant que les lignes bougent à Berne et que des mesures ont été arrêtées: «Dans une première étape d’interventions, nous avons alloué un milliard de francs qui devra financer la formation au sein des EMS et des hôpitaux. Cela doit permettre aux jeunes de rester dans la profession et à d’autres, qui l’ont quittée, d’y revenir.» Le deuxième volet d’interventions prévoit la communication aux employés, avec quatre semaines d’avance, des planifications des tournus. Quant au temps de travail, à l’avenir il ne devra plus excéder les 45 heures. «La balle est désormais dans le camp du Parlement.» Un contexte où la majorité bourgeoise s’est déjà montrée peu incline à écouter les revendications de la branche, en essayant d’attaquer en commission les propositions débattues. 

La conseillère fédérale a touché d’autres thèmes encore. La nécessité, notamment, d’accorder des droits politiques aux étrangers. «J’ai grandi dans une ferme et j’y ai vécu de très près ce que signifiait concrètement le statut de saisonnier. Les hommes qui travaillaient venaient sans leurs épouses, sans leurs enfants, parfois depuis très loin. Ils travaillaient avec les horaires exigeant du monde paysan. Ils attendaient avec impatience le passage du facteur et appelaient de temps en temps leurs maison.» Ce statut a certes disparu avec les accords sur la libre circulation des personnes, mais aujourd’hui, il faut aller plus loin, «passer désormais à une nouvelle étape en accordant les droits politiques aux étrangers. Avec Neuchâtel, le Canton du Jura est l’un des principaux acteurs dans ce domaine et j’en suis très fière. Il faut étendre ces droits partout en Suisse.»

La Suisse et l’UE
Plus tard, après avoir rappelé combien la naissance d’Unia, il y a vingt ans, a été une réponse nécessaire et efficace à la montée du néo-libéralisme, Elisabeth Baume-Schneider s’est tournée vers le thème tout aussi sensible et clivant des relations entre la Suisse et l’Europe. «Il y a vingt-cinq ans, les syndicats ont joué un rôle décisif dans les accords bilatéraux. Aujourd’hui encore, leur rôle est déterminant et central. Le Conseil fédéral a négocié un nouveau paquet qui permet de stabiliser ou développer des relations économiques étroites qu’on entretient déjà avec nos voisins.» Et de rappeler combien cet accord sert à la fois les intérêts de l’économie du pays et ceux des droits des travailleurs contre les licenciements abusifs. «Je vous invite à vous engager à nouveau pour convaincre la population sur les intérêts de cet accord.» Enfin, il a été question de tout ce que Berne, et son département, a accompli ou entend faire en termes de lois et de campagnes nationales pour lutter contre les différentes formes de discrimination, d’exclusion et de violences faites aux femmes. Mais aussi en matière de la garde d’enfants, avec l’introduction d’une allocation de garde, «un projet qui doit améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie privée.» 

Dans la foulée, Vania Alleva a fait une brève intervention pour revenir sur la question des soins et pour rappeler qu’en la matière, les solutions présentées actuellement dans la capitale du pays demeurent insuffisantes. Afin d’inverser la tendance, il faudra, a-t-ell souligné, placer les personnes – patients et soignants – au centre des préoccupations. Il faudra changer les conditions de travail et prévoir pour cela un financement adéquat. 

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