Lors de la deuxième ronde des négociations, le 28 août à Zurich, la Société suisse des entrepreneurs a campé sur ses positions. Les syndicats mobilisent déjà en vue d’une grève.
Une fois n’est pas coutume, les syndicats Unia et Syna ont décidé de communiquer leur position juste après la deuxième ronde de négociations de la Convention nationale (CN), qui s’est déroulée le 28 août. Une décision qui fait écho à la médiatisation voulue de son côté par la direction de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) (lire ci-dessous).
Nico Lutz, responsable du secteur construction et membre du comité directeur d’Unia, explique: «Depuis le début des négociations en juillet, la SSE a balayé toutes nos propositions de solution. Aucune avancée n’a été faite. En résumé, pour la délégation de négociation de la SSE, si l’employeur peut travailler comme il l’entend, tout le monde est content. Le samedi n’est même plus un jour de congé. Selon la SSE, la flexibilité à tout prix – 400 heures variable! – serait même une réponse au manque de main-d’œuvre.» Nico Lutz ne cache pas sa colère, mais reste confiant. «La position de la SSE représente une provocation pour tous les maçons. Même du côté des patrons, cela risque de grincer, car les propositions de la direction sont hors sol.»
Des horaires incompatibles
Dans leur communiqué commun, les syndicats s’insurgent contre la position de la SSE, qui continue de s’opposer à des horaires favorables à la vie de famille. Ils rappellent que la CN concerne environ 80'000 travailleurs et que la branche «souffre d’une importante pénurie de personnel qualifié». «Aujourd’hui, un maçon qualifié sur deux quitte la branche», soulignent les syndicats évoquant des journées de travail interminables, des heures supplémentaires et des temps de déplacement excessifs jusqu’au chantier – indemnisés seulement après 30 minutes de trajet. «Les travailleurs de la construction en paient le prix avec leur vie de famille et leur santé», assènent Unia et Syna. Une étude menée en 2024 par la Haute école spécialisée des Grisons pour le compte des entrepreneurs locaux arrive à la même conclusion. «Il est d’autant plus étonnant de voir que la direction de la SSE revendique le contraire. Si elle parvient à s’imposer, les travailleurs de la construction devront travailler encore plus et cela pour moins de salaire. Cela signifie concrètement des journées de travail plus longues, plus du double d’heures supplémentaires, du travail sur appel, ou même une semaine de 6 jours avec le samedi comme jour de travail normal», ajoutent les syndicats.
Ceux-ci, se basant sur une enquête menée auprès de 10'000 travailleurs de la construction, demandent au contraire des journées de travail plus courtes, une indemnité pour la pause du matin, des trajets entièrement payés, une augmentation de salaire et la compensation du renchérissement assurée à l’avenir.
«Les travailleurs qui construisent jour après jour nos maisons, nos routes et nos infrastructures le méritent. Si la SSE continue à refuser d’assumer sa responsabilité en tant qu’organisation patronale et, en même temps, à vouloir imposer des détériorations radicales, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui prendront les choses en main», alerte Unia qui organise actuellement un vote sur la grève dans toute la Suisse. «Si la direction de la SSE n’est pas disposée à négocier, la branche de la construction se dirigera vers un dur conflit social.»
Une troisième ronde de négociations est d'ores et déjà prévue à mi-septembre.