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Un été marqué par deux grèves

Grévistes le poing levé.
© Olivier Vogelsang

La direction ayant refusé de négocier un plan social «digne et honnête», le personnel du département bois de Samvaz a fait la grève du 11 au 25 juillet, avant de saisir l'Office de conciliation.

Deux grèves ont éclaté en juillet en Suisse romande, l’une dans l’entreprise Sun Chemical, à Morges, et l’autre à Samvaz, à Châtel-Saint-Denis. Séance de rattrapage et le point sur la situation.

Phénomène plutôt rare, deux grèves, soutenues par Unia, ont marqué l’été en Suisse romande. La première a débuté dans l’entreprise chimique Sun Chemical, à Morges, le 10 juillet. Un débrayage qui n’a duré qu’un jour: l’Office cantonal de conciliation a été saisi le lendemain, impliquant l’abandon de toutes mesures de luttes. Rappelons, pour ceux qui auraient manqué les épisodes antérieurs, les raisons qui ont poussé les travailleuses et les travailleurs à croiser les bras. La société a annoncé le 29 avril dernier fermer son site en décembre prochain, laissant 43 employés sur le carreau. Cette décision n’a pas été assortie de mesures d’accompagnement susceptibles d’atténuer les conséquences dramatiques pour les salariés.

Dans ce contexte, le personnel a posé les outils, misant par cette action sur un plan social amélioré. Les grévistes espèrent en effet obtenir davantage que les indemnités de départ envisagées, ces dernières n’intégrant pas les années d’ancienneté. Ils réclament aussi des solutions adaptées aux personnes proches de la retraite, menacées de terminer leur parcours professionnel au chômage ou à l’aide sociale. Des attentes raisonnables: la restructuration intervient alors que la maison mère, le groupe international japonais DIC, verse de substantiels dividendes à ses actionnaires. Et que Sun Chemical a bénéficié d’importantes aides publiques, concrétisées, durant la période de Covid, par une réduction de l’horaire de travail et d’autres arrangements dans les années 2023 et 2024. De manière générale, le syndicat et le personnel ont pointé du doigt une procédure de consultation bâclée qui n’a pas laissé place aux alternatives présentées afin de limiter la casse et d’éviter la fermeture du site. Selon Unia, l’entreprise «poursuit un seul but de délocaliser la production pour maximiser les bénéfices». Dans ce sens, le rachat de l’usine et des laboratoires vaudois par DIC n’aurait eu d’autres visées que celle d’acquérir un savoir-faire et des brevets utiles à l’optimisation des profits. 

Un combat pour la dignité
Une autre grève a éclaté le 11 juillet à Châtel-Saint-Denis, dans le canton de Fribourg, au sein du département bois de l’entreprise Samvaz. Ce mouvement s’est terminé le 25 de ce même mois. Il a été interrompu par le personnel qui a fini par recourir à la médiation de l’Office de conciliation en matière de conflits collectifs de travail (OCCT), la direction ayant refusé toute négociation. Pour mémoire, les salariés licenciés pour la fin septembre en raison de la fermeture du site, ont débrayé dans l’espoir de pouvoir discuter d’un plan social digne de ce nom. Ils se sont mobilisés pour des indemnités de départ tenant compte de leur situation personnelle: années de service, âge, enfants à charge ou non. Les grévistes ont aussi lutté pour un pont-retraite en faveur des collaborateurs âgés de 60 ans et plus. Des revendications qui sont restées lettre morte.

La société, qui va se séparer de 33 employés, a refusé toute amélioration de son offre initiale, campant sur une proposition jugée insultante par le personnel. Après onze jours ouvrables de grève, et des tentatives infructueuses de dialogue, les travailleuses et les travailleurs ont estimé que l’intervention de l’OCCT était le meilleur moyen d’arriver à une issue positive et de voir leur dignité respectée. Notons encore que la mobilisation des employés a aussi permis de mettre au jour des irrégularités dans les salaires. L’entreprise, assujettie à la Convention collective de travail Industrie du bois, n’a pas rémunéré l’ensemble de ses collaborateurs aux justes tarifs. Signataire de l’accord en 2017, elle doit s’acquitter de la différence, mais elle ne reversera les arriérés que pour les cinq dernières années conformément aux obligations légales. «Le reste est perdu», s’est indigné Yannick Ferrari, membre de la direction d’Unia Fribourg, estimant qu’on parle de centaines de milliers de francs. 

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