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Un club de foot s’engage pour le bien-être social de ses joueurs

coordinateur sportif
© Thierry Porchet

Alan Suner, coordinateur sportif et socioéducatif.

Le FC Concordia à Lausanne a lancé un pôle social. Soutien scolaire, prévention du harcèlement et accompagnement des jeunes sont au cœur de ce projet novateur.

En ce mercredi après-midi de fin mai, les terrains au-dessus du stade de la Tuilière, à Lausanne, grouillent d’enfants courant après des ballons. Les cris exaltés témoignent de la motivation des footballeurs et des footballeuses en herbe. «Ce sont les jeunes pousses du club», commente Grégoire Laffely, l’intervenant social engagé dans le tout nouveau Pôle social. Depuis le 1er mars, il assure une permanence chaque semaine, le mercredi justement, et va également à la rencontre des jeunes et de leurs parents certains soirs. «C’est un projet pilote financé par la fondation Leenaards pendant deux ans. Nous espérons qu’il sera pérennisé et soutenu par les autres clubs du lieu», explique Grégoire Laffely, embauché par les initiateurs du projet. A savoir Malick Gehri – ancien joueur, coordinateur du Pôle social, responsable technique des actifs et des juniors A, et collaborateur à Médecins du monde – et Alan Suner – coordinateur sportif et socioéducatif, entraîneur, enseignant de métier. 

Un lien privilégié

Grégoire Laffely énumère trois axes du Pôle social: l’accompagnement individuel des jeunes au niveau non seulement sportif, mais aussi postscolaire et professionnel; le soutien scolaire avant les entraînements donné par des joueurs de la première équipe; enfin, la prévention des harcèlements et la promotion de la santé mentale au sein du club. Sur ce sujet, un protocole est en train d’être mis en place avec des psychologues du sport de l’association «And you…?». 

Par ailleurs, le rôle de Grégoire Laffely est aussi de sensibiliser les parents des joueurs, dont nombreux sont allophones, à leurs droits et de les orienter vers les prestations existantes en toute confidentialité. «L’enjeu est d’éviter des doublons. Mais, ici, nous pouvons créer un lien privilégié pour les informer de ce qui existe.» Ses expériences professionnelles, dans des maisons de quartier et dans son poste actuel de curateur, confèrent au travailleur social des connaissances idéales. 

Si les cotisations sont dans les moins coûteuses du canton, entre 150 et 330 francs annuelles en moyenne, il n’empêche qu’elles ne sont pas toujours payées. Or, comme le précise Grégoire Laffely: «Les personnes à l’aide sociale et les mineurs non accompagnés, par exemple, ont droit à des soutiens pour le sport.» 

Soutien scolaire

Jusqu’à présent, le travailleur social a déjà soutenu quelques jeunes dans la recherche de stage et d’apprentissage. Le soutien scolaire a également des retours positifs. Après deux mois, près d’une quarantaine de jeunes sont inscrits une à deux fois (voire trois) par semaine. Justement, une dizaine d’adolescents révisent dans une salle avec vue sur le terrain de foot principal, avec Loan Gessler, joueur de la première équipe (en 2e ligue inter pour les connaisseurs) et étudiant en psychologie à l’Université. «Le but est de mettre un cadre, leur faire comprendre que c’est bénéfique pour eux de bien travailler à l’école. Et d’éviter le téléphone, explique-t-il. Je leur montre que c’est possible d’alterner foot et études.» Si le jeune homme rêve encore de devenir footballeur pro, il poursuit ses études et fait régulièrement des remplacements dans des écoles. Le mercredi après-midi est entièrement dévolu au club. «J’entraîne les petits, puis j’appuie les jeunes dans leurs devoirs – ce qui me permet de gagner un peu d’argent – avant d’enchaîner avec mon propre entraînement. C’est idéal d’avoir tout sur place. C’est un job étudiant parfait, et un projet convainquant.» 

A ses côtés, Aya, 13 ans, explique: «Chez moi, avec mes petites sœurs, j’ai de la peine à réviser.» «A l’école, nous n’avons plus de devoirs surveillés. Ici, c’est gratuit et je peux travailler avec mes amis», ajoute son camarade Liham, qui estime que ça l’aide beaucoup et que ses résultats scolaires se sont améliorés. Bitanya indique, quant à elle, que «ça permet d’enchaîner avec l’entraînement».

En charge de l’encadrement, Alan Suner façonne un contexte éducatif bienveillant: «L’idée pour la rentrée scolaire en août, c’est d’offrir un soutien scolaire, mais aussi de proposer des livres, et des jeux de société, car les jeunes ne savent plus jouer ensemble, la faute aux téléphones portables surtout… L’idée est d’inclure les besoins spécifiques des enfants. Si l’un d’eux veut dessiner dans un endroit calme, il doit aussi pouvoir le faire ici. Le but est d’éveiller la motivation à apprendre, de susciter la réflexion, l’autonomie, la responsabilisation.» Et d’ajouter: «La discipline est essentielle, que ce soit à l’école, en famille ou sur un terrain de foot. Ici, nous avons un projet de club à visée éducative global, avec l’objectif de semer des graines…»

Un président convaincu

Le FC Concordia est l’un des plus grands clubs amateurs de Suisse, avec un millier de membres (800 juniors et 200 actifs, plus de 50 équipes) et une philosophie qui repose sur le bien-être non seulement sportif, mais aussi social. L’engagement bénévole est conséquent, d’où la préoccupation de Grégoire Laffely de ne pas rajouter du travail à ceux qui donnent déjà tellement de leur temps. D’ailleurs, le président a chaussé les crampons cet après-midi pour entraîner les plus jeunes. «Il manquait d’entraîneurs, alors j’ai remis le bleu de travail», sourit David Clément, avec le maillot tout aussi bleu du FC Concordia. Il se réjouit du Pôle social. «C’est génial que des membres du club ait eu l’idée et les compétences de le créer. J’ai laissé faire, avec mes encouragements. Et j’avoue être un peu jaloux de l’argent qu’ils ont réussi à trouver», lâche-t-il avec le sourire. Président depuis 2003, très apprécié et estimé, il rappelle que «les gamins du club viennent de quartiers populaires». Une situation qui ajoute encore à la pertinence de ce programme.

Et Grégoire Laffely de conclure: «Pour l’instant, c’est le début du projet. Nous n’avons pas encore beaucoup de recul. On ouvre des portes. Tout est à construire.» 

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