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Temporaire, il perd son droit à la préretraite

Intérimaire depuis 9 ans, Manuel Ferraz est sous le choc
© Neil Labrador

Intérimaire depuis 9 ans, Manuel Ferraz est sous le choc. Il était persuadé d’avoir droit à la retraite anticipée.

Suite au refoulement par la FAR d’un ouvrier qui était employé par Gestrag sur le chantier public des Vergers, Unia demande à Meyrin d’assumer sa responsabilité et de limiter le travail temporaire à 10%

Machiniste dans la construction en Suisse depuis 2007, Manuel Ferraz fêtera ses 60 ans le mois prochain et, donc, son droit à la retraite anticipée. L’heure n’est pourtant pas à la fête, car le travailleur s’est vu refuser sa préretraite le 10 août dernier dans un courrier de la FAR (Fondation pour la retraite anticipée dans le secteur principal de la construction). Sa faute? Avoir travaillé pendant un an et cinq mois pour Gestrag SA sur le chantier public des Vergers à Meyrin, une entreprise souvent dénoncée par Unia, qui recourt presque exclusivement à des travailleurs temporaires. Non reconnue comme une entreprise du secteur, Gestrag SA ne paie ni ne prélève les cotisations FAR, ce qui pénalise fortement les maçons. «Je faisais mon métier comme d’habitude, j’étais persuadé d’avoir droit à la retraite anticipée, réagit Manuel Ferraz. Cela a été un choc. Cela fait neuf ans que je travaille comme intérimaire, c’est très difficile de trouver du travail, et encore plus en fixe.»

Pour Unia, qui a fait recours auprès de la FAR, ce premier cas en annonce d’autres à venir. «Nous alertons sur les conséquences de l’explosion du travail temporaire depuis des années, cela devait arriver», regrette José Sebastiao, coresponsable du gros œuvre, qui a convoqué la presse devant la mairie de Meyrin le 25 septembre dernier après s’être invité au Conseil administratif. «Nous exigeons de la commune qu’elle assume les cinq ans de préretraite auxquels Manuel Ferraz aurait eu droit, et qu’elle revienne sur sa décision en matière de limitation du travail temporaire sur les chantiers publics.»

Dialogue ouvert

En effet, après plusieurs mois de discussions entre le syndicat et la commune en 2017, un accord en ce sens était sur le point d’être conclu, à l’image de Vernier et de Carouge, mais Meyrin a fini par renoncer. Il semblerait toutefois qu’une ouverture se dessine. Si le Conseil administratif de Meyrin dénonce également la situation de Manuel Ferraz jugée «abusive» dans un communiqué de presse, il «répondra au syndicat sur ce cas précis ultérieurement». L’idée étant aussi de laisser la FAR se positionner sur ce cas, rapporte José Sebastiao. Par ailleurs, les élus ont rappelé qu’Unia et Meyrin partageaient «le même objectif de prévention des risques et d’abus» en matière de recours au travail temporaire sur les chantiers et qu’ils entendent proposer un «projet d’accord d’ici à fin octobre» au syndicat. «Une analyse sur l’impact de la mise en œuvre des différentes dispositions envisageables est en cours au sein de l’administration.»

Pour le syndicaliste, plusieurs questions restent sans réponse. «Comment est-ce possible qu’on continue à mandater sur des chantiers publics de cette ampleur des entreprises comme Gestrag SA qui ne recense aucun travailleur? Antonio Hodgers (conseiller d’Etat genevois Vert, ndlr) voulait se montrer exemplaire écologiquement sur le projet des Vergers, mais sur les questions sociales et de conditions de travail, c’est le Far West!» 

Tous sur le pont le 16 octobre!      

Un pas en avant, deux en arrière. Aujourd’hui, les trois accords visant à limiter le travail temporaire sur les marchés publics (dans le canton entre 20 et 40%, et à Vernier et Carouge à 10%) font l’objet de recours en justice formulés par la faîtière des agences intérimaires, Swissstaffing.

De leur côté, les associations patronales genevoises du secteur refusent toujours d’entrer en matière sur la limitation du travail temporaire à 10% dans la Convention. «Nous n’avons pas d’autre choix que d’appeler les maçons à une grève générale massive le 16 octobre», conclut José Sebastiao.  

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Les travailleurs intérimaires, venant de Pologne, de Slovénie, de Lettonie et des Pays-Bas, étaient payés 14,98 euros l’heure pour construire l’héliport de l’hôpital de Sion. La CCT de la branche prévoit le double. Leurs frais de repas étaient également réduits drastiquement.

La semaine dernière, Unia a dénoncé un cas de dumping salarial sur le chantier de l’héliport de l’Hôpital de Sion. La direction des travaux a réagi le jour même