Trois questions à Mattéo Ducrest, du SSP Fribourg
Que savons-nous sur la nature des investissements de la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat de Fribourg (CPPEF)?
Nous n’en savons pas grand-chose car il y a un énorme problème de transparence. La caisse ne révèle pas où elle investit son argent. A Neuchâtel par exemple, tous les placements sont publiés de manière publique, ce n’est pas le cas à Fribourg…
Le chiffre de 12,9 millions de francs d’investissements dans le charbon a été lâché par Gilles André, le directeur général de la CPPEF, sur les ondes de Radio Fribourg. La caisse n’a cependant pas souhaité communiquer sur le montant détenu dans le pétrole, nous pensons donc qu’il est beaucoup plus important. Nous allons interpeller ses responsables et la pétition est un bon moyen d’appuyer notre demande. La place financière suisse représente une part majeure des émissions de CO2 et il est temps que cela cesse.
Quelles sont les chances de cette pétition?
Je suis convaincu qu’elle peut contribuer à obtenir des avancées concrètes. Nous travaillons depuis des mois au sein d’un groupe de travail dynamique et les enseignants sont supermotivés à relayer la pétition au sein de leurs établissements respectifs. Par ailleurs, nous avons un large soutien, des partis de gauche, des syndicats et des mouvements écologiques. Je suis très confiant.
Si nous récoltons plusieurs milliers de signatures, le comité de la CPPEF n’aura d’autre choix que d’en tenir compte, car c’est un comité paritaire – la moitié des sièges sont détenus par des représentants des employés qui sont là pour défendre les revendications de leurs collègues. Nous avons également commencé à en parler dans les autres secteurs de la fonction publique et les salariés sont tout à fait prêts à se mobiliser aussi.
Est-ce que cette initiative pourrait faire des petits?
Il le faut. Nous travaillons actuellement à étendre ce genre de démarches aux autres régions romandes du SSP et nous invitons les autres syndicats, comme Unia, à saisir ce levier. L’idéal serait d’agir de manière coordonnée, tous ensemble, pour faire pression simultanément sur plusieurs caisses de pension.
La Grève du climat solidaire
Le 15 octobre, une trentaine de personnes se sont rassemblées sur la place de l’Hôtel-de-Ville de Fribourg à l’appel de la Grève du climat contre les investissements nocifs de la CPPEF. Les militants ont dénoncé la responsabilité «totale» de la place financière suisse dans la crise climatique que nous vivons: «Cela ne peut plus être toléré!»
Après quelques discours, des ateliers ont été animés sur la place en collaboration avec l’association Pan Terra. Au programme, zoom sur les investissements de la CPPEF, sur la campagne «Debt for climate» – qui réclame l’annulation de la dette des pays du Sud –, ainsi que sur le pétrole et l’agroforesterie.
Aller plus loin sur: fribourg.climatestrike.ch et pan-terra.ch