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Prospérité pour tous

Le gouvernement se prépare déjà à contrer l’initiative de l’UDC, «Pas de Suisse à 10 millions», mais à ce stade le tranchant de ses armes reste émoussé. Ce texte – qui sera soumis en votation dans deux ou trois ans – demande à la Confédération de réagir si, à l’horizon 2050, on s’approche de la limite fixée. D’abord en s’attaquant au droit d’asile, puis en barrant la route aux travailleurs étrangers. Rien de nouveau venant du parti nationaliste qui, comme à son habitude, tape sur le clou de l’immigration associée à tous les maux. Plus sournoisement, ses ténors jouent aussi la carte de la durabilité. Et espèrent séduire, au-delà de leur base, un électorat sensible au bétonnage du pays, à l’épuisement des ressources et aux questions environnementales. Comme si le parti agrairien, premier à rejeter tous les projets climatiques, s’en souciait. Mais revenons à nos moutons. L’acceptation de la proposition conduirait Berne à dénoncer des traités internationaux, y compris l’accord sur la libre circulation des personnes. De quoi donner des sueurs froides au Conseil fédéral qui, après moult épisodes, œuvre à la finalisation d’un nouveau paquet d’accords bilatéraux avec l’UE. Et sachant que l’abandon d’un d’entre eux entraînerait l’extinction de tous les autres en vertu d’une clause guillotine. Avec, à la clé, un cortège d’effets délétères sur la prospérité, l’économie et la sécurité du pays. Dans ce contexte le gouvernement a présenté la semaine passée une série de dispositions visant à atténuer les conséquences négatives d’une croissance démographique non accompagnée. Car les défis posés par la venue de nouveaux arrivants sont bien réels en termes d’infrastructures hospitalières, de logements ou encore de transports. Et c’est bien sur cette vague que surfe l’UDC qui brandit sa solution simpliste et xénophobe, prônant une fermeture des frontières. 
De son côté, le Conseil fédéral lui oppose un plan d’action minimaliste. Il passe par un effort maintenu pour mobiliser le potentiel de main-d’œuvre en Suisse – en particulier les femmes arrivées dans notre pays à la faveur d’un regroupement familial – et les demandeurs d’emploi âgés. Le gouvernement s’engage également à prolonger et à augmenter le fonds d’encouragement à la construction de logements publics. Sur le front de l’asile, il entend réduire le nombre de demandes. Mais la protection de personnes en danger ne saurait être bradée. Et les autorités appliquent déjà une politique des plus restrictive et dissuasive. Quant à l’accélération promise du traitement des requêtes, elle n’est ni nouvelle ni sans risques. Seules de réelles améliorations dans les pays d’origine des exilés ont et auront un impact sur leur nombre et les retours. 
Enfin, l’immigration économique, a toujours été régulée par les besoins du marché. Elle doit, bien sûr, être encadrée par des mesures d’accompagnement à la libre circulation fortes pour éviter dumping et concurrence déloyale. Comme le défendent les syndicats qui conditionnent leur soutien aux bilatérales III à ce critère. Aussi, au lieu de s’acharner sur les réfugiés et les étrangers, il vaudrait mieux résoudre les problèmes auxquels se heurte la population confrontée à l’inflation. Les solutions? Augmenter les allocations familiales et, côté patronal, les salaires; geler les primes maladies, promouvoir la construction de logements abordables et freiner toute forme de spéculation. Plutôt que de bricoler des mesures en faveur de demandeurs d’emploi âgés, mieux vaut éviter que ceux-ci perdent leur travail en instaurant des protections contre le licenciement pour cette catégorie. Aux parlementaires et aux entreprises opposés à l’initiative de l’UDC de jouer. Elle sera mise en échec si l’ensemble des citoyens profitent de la prospérité mise en avant par le Conseil fédéral comme de la richesse d’une Suisse multiculturelle, ouverte et accueillante...

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