«Pas de statut de saisonnier par des voies détournées!»
Unia s’est adressé aux parlementaires, le 1er juin dernier, pour exiger la sécurité du séjour des salariés d’origine étrangère
Le 1er juin dernier, vingt ans jour pour jour après l’abolition du statut de saisonnier, Unia manifestait devant le Palais fédéral pour remémorer l’exploitation subie par ces travailleurs au statut précaire, et exiger la sécurité du droit de séjour pour tous les salariés de nationalité étrangère. C’est avec l’entrée en vigueur de l’Accord sur la libre circulation des personnes avec l’Union européenne (UE) le 1er juin 2002 que ce statut inhumain a disparu après 71 ans d’existence. Un statut précaire, avec des salaires de misère, empêchant les travailleurs de changer de travail, de faire venir leurs enfants ou leur épouse et obligés de retourner au pays trois mois par année. Une main-d’œuvre corvéable à merci pour répondre aux besoins de l’économie, en particulier dans la construction et l’agriculture.
L’accord de libre circulation des personnes a facilité l’établissement des travailleurs de l’UE. Mais ceux des pays tiers restent soumis à des contingents, et les citoyens européens n’ayant qu’un permis de courte durée vivent toujours dans des conditions très précaires. «La politique migratoire persiste à discriminer les travailleurs», écrit Unia dans un communiqué où il alerte sur l’épée de Damoclès qui les menace: «Tous les migrants et les migrantes peuvent perdre leur droit de séjour en cas de difficultés personnelles et financières. Cette situation n’existait même pas du temps du statut de saisonnier: quiconque obtenait alors un permis d’établissement bénéficiait d’un statut de séjour relativement sûr en Suisse au bout de quinze ans. Il n’en est plus ainsi aujourd’hui.» Le syndicat exige du Parlement qu’il remédie rapidement «à cette situation indigne» en accordant à toute personne séjournant de façon ininterrompue et régulière en Suisse depuis plus de dix ans un statut de séjour sûr. Une initiative parlementaire va dans ce sens. Intitulée «La pauvreté n’est pas un crime», et déposée en juin 2020, elle n’a toujours pas été traitée par le Conseil national.
Avec son action et la distribution d’un tract, Unia a interpellé les parlementaires pour que le statut de saisonnier ne revienne pas par la petite porte. «La dignité et l’intégrité de tout être humain doivent être respectées, quel que soit son statut de séjour. Il faut notamment mettre fin aux situations de séjour qui rendent les travailleuses et les travailleurs vulnérables en ouvrant la porte à l'exploitation et au dumping social», écrit le syndicat. Une exigence débattue à la Conférence Migration d’Unia tenue le 14 mai. Cette dernière a adopté la résolution «Pas de statut de saisonnier par des voies détournées» qui contient plusieurs revendications à ce sujet.