Notre dépendance au béton
14 septembre, gros titre dans le cahier de l’immobilier de 24 heures: «On a du béton, mais plus trop d’idées». Même journal, ce 5 octobre, sur six colonnes: «L’architecture bouillonne d’idées… face aux étés torrides».
Après la ZAD du Mormont, nous avons eu droit à un intéressant débat sur notre dépendance au béton et nombreux sont ceux qui ont admis qu’il serait bon que nous fassions appel à d’autres matériaux pour construire les bâtiments dont auront besoin les très nombreux habitants qui nous feront atteindre le million de Vaudois dans peu d’années. L’entrepreneur que je connais en Provence, M. Christian Jullien, m’a donné une idée: pourquoi ne ferions-nous pas de nouveau appel à des carrons de molasse, comme le faisaient ceux qui ont construit les monuments les plus beaux de ce pays, il y a quelques décennies en arrière? Lui-même recueille des «gros cailloux» dans des forêts ou des carrières diverses qu’il coupe à l’aide d’une scie circulaire. Il construit des maisons magnifiques.
J’ai vu Chisinau en Moldavie. Toute la ville est construite avec une pierre blanche, assez tendre, coupée dans la roche du plateau sur lequel elle se situe. Il y a de nombreux autres exemples. Les machines modernes nous permettraient de maîtriser cette simple technique de manière efficace et peu coûteuse.
Un retour à la molasse ou au bois ne se fera pas sans une résistance acharnée de ceux qui produisent le ciment. L’influence déterminante qu’ils exercent ne pousse pas les universités à utiliser des matériaux «d’une époque révolue». En construisant 60 appartements en bois, en ville, et en préconisant l’emploi du bois dans mon activité de parlementaire, j’ai pu mesurer cette résistance. Il conviendra de s’en soustraire.
Pierre Aguet, Vevey