L’intelligence artificielle, tueuse d’emplois et d’aventure

On n’imagine souvent pas le travail que nécessite une prise de vue professionnelle. Dans le cas de cette photo – qu’on la juge bonne ou mauvaise – il s’agit d’une commande rémunérée. Elle a été utilisée comme affiche pour promouvoir le festival de musique Lavaux Classic en 2022. Cette image a nécessité une quarantaine d’heures de travail. Pourquoi un temps si long? Les étapes décrites ci-après expliquent brièvement la démarche.

Il a fallu d’abord trouver l’idée, qui a dû être validée par le commanditaire, et effectuer des repérages – visites de plusieurs petites gares. Puis, organiser le rendez-vous avec la harpiste Tjasha Gafner, de renommée internationale. Il a ensuite fallu trouver un assistant pour l’éclairage. Une fois sur place, on a procédé à l’installation et à la sécurisation des flashs de studio (quatre en l’occurrence pour cette scène). Après la prise de vue – rendue difficile car réalisée à l’extérieur (choix de la date et de l’heure en fonction de paramètres météo, passages de trains, calcul de l’éclairage, etc.) –, on est passé à la postproduction. Précisons que le client souhaitait deux versions: l’une avec la timbreuse CFF orange, l’autre sans. Or, il n’est pas facile d’effacer cette timbreuse sans qu’on le remarque. Bref. Autant dire que, derrière cette image, ce sont plusieurs dizaines d’heures de travail, un savoir-faire mais aussi, et surtout, une belle aventure humaine partagée avec les différents intervenants. 

Ce travail a été effectué en 2022. Aujourd’hui, une telle image peut être produite en quelques clics par l’intelligence artificielle. Avec, à la clé, perte d’emplois, disparition de compétences, dévalorisation d’une forme de créativité, que ce soit pour les métiers liés au cinéma, à la BD, à l’écriture, au graphisme et tant d’autres encore.