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Libérez Julian Assange please!

Nils Melzer est titulaire de la chaire des droits de l’homme à l’Académie de droit international humanitaire et de droits humains à Genève. Ce Zurichois a aussi été rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture jusqu’en avril dernier, date à laquelle il a rejoint la direction du CICR. Cette personnalité n’hésite pas aujourd’hui à lancer un pavé dans la mare: «En enquêtant sur le cas de Julian Assange, j’ai trouvé des preuves irréfutables de persécution politique et d’arbitraire judiciaire, ainsi que de torture et de mauvais traitements délibérés», écrit-il dans L'Affaire Assange. Traduit de l’anglais par la Vaudoise Diane Gilliard et publié par les Editions Critiques, son ouvrage sort en librairie le 9 septembre. Rappelons qu’après s’être réfugié pendant sept ans à l’ambassade d’Equateur à Londres, le fondateur de WikiLeaks est détenu à l’isolement depuis trois ans à la prison de haute sécurité de Belmarsh. Le Gouvernement britannique a approuvé une demande d’extradition vers les Etats-Unis. L’Australien est en effet dans le collimateur de l’administration américaine. Depuis 2010, le site qu’il a créé a publié plus de 700000 documents classifiés, jetant une lumière crue sur les activités militaires et diplomatiques étasuniennes, en particulier en Irak et en Afghanistan.

Les Etats-Unis n’ont eu de cesse de le traquer et de le discréditer, mobilisant à cette fin leurs alliés. Nils Melzer dénonce dans son livre «une collusion délibérée des services de renseignement dans le dos des parlements nationaux et du grand public», ainsi que des «reportages manipulés et manipulateurs dans les médias». La procédure en Grande-Bretagne a été marquée par des violations flagrantes de l’Etat de droit, remarque-t-il. Nous sommes loin de la mansuétude accordée à Augusto Pinochet entre 1998 et 2000. Poursuivi pour crime contre l’humanité par plusieurs pays, dont la Suisse, le dictateur avait été aimablement rapatrié au Chili par le cabinet Blair après un séjour confortable dans une villa de luxe près de Londres.

«Il y a une chose que les gouvernements craignent, c’est le feu des projecteurs médiatiques.» Selon Nils Melzer, pour mettre fin à la persécution d’Assange, il suffirait que les grands médias anglo-saxons haussent le ton. Or, les reportages de ceux-ci «continuent d’osciller entre l’insipide et le boiteux» sans comprendre que cette affaire «exprime une régression sociétale monumentale». La liberté de la presse n’est pas seulement en cause, on touche là au fondement même de la démocratie. Poursuivre un journaliste ou un lanceur d’alerte pour avoir dévoilé des informations est le propre des régimes autoritaires. La journaliste russe Marina Ovsiannikova, qui avait à la mi-mars interrompu un journal télévisé en brandissant une pancarte anti-guerre, a ainsi été placée sous contrôle judiciaire, elle risque une peine de dix ans de prison. S’il est traduit devant un tribunal étasunien, Assange encourt, lui, 175 ans.