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Les placements de la BNS génèrent la déforestation au Brésil

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© Alliance climatique

Une action pour dénoncer les investissements de la BNS s'est tenue ce 25 avril à Berne, juste avant l'Assemblée générale de la banque.

Une coalition d’organisations dont l’Alliance climatique s’érige contre les investissements écocidaires de la Banque nationale suisse. Une action s'est tenue ce vendredi en marge de l’Assemblée générale.

«Dans le cadre de sa politique de placement, la BNS tient compte des normes et valeurs fondamentales de la Suisse. La BNS n’acquiert donc pas d’actions ou d’obligations d’entreprises (…) qui violent massivement les droits humains fondamentaux ou qui causent systématiquement de graves dommages à l’environnement». Ces quelques lignes font partie des directives générales de la Banque nationale suisse (BNS). Or, dans son portefeuille, on retrouve les plus grandes entreprises écocidaires mondiales: Chevron, Enbridge, Repsol, Duke Energy, Exxonmobil et Shell. Mais aussi les trois multinationales de l’agrobusiness susceptibles d’engendrer des points de basculement climatiques du fait de leur déforestation massive au Brésil, que ce soient en Amazonie ou dans la région du Cerrado. Soit ADM (Archer Daniels Midland’s), Bunge (Bunge Global SA) et JBS.

La société civile se mobilise

La déforestation, l’élevage massif de bétail, et la culture de soja à des échelles inhumaines, s’accompagnent aussi de violences envers les communautés indigènes. Or des dizaines de millions de francs sont investis par la BNS dans ces firmes. C’est donc autour d’elles que s’est concentrée la conférence de presse organisée par la coalition «Notre BNS» qui regroupe des organisations (Collectif BreakFree, Campax, Fossil Free Schweiz, Greenpeace, WWF Suisse, Forum Geldpolitik) et des personnes de la société civile, sous l’égide de l’Alliance Climatique, en amont de l’Assemblée générale des actionnaires qui a lieu ce vendredi 25 avril.

«Notre Banque nationale continue d’investir dans des entreprises impliquées dans la déforestation de la forêt amazonienne et dans des violations des droits humains. En agissant ainsi, la BNS enfreint non seulement ses propres directives d’investissement, mais va aussi à l’encontre des normes et valeurs défendues par la Suisse», assène la coalition. 

Yba Shanenawa, représentant du peuple Shanenawa d’Acre, Brésil témoigne dans une vidéo de la déforestation et de la pollution subie par la population menacée par l’agro-industrie et les mines illégales. «Notre terre est envahie par les gens de l’agrobusiness, ils prennent du bois pour faire des meubles; nos eaux sont polluées par leur bétail et les plantes sont empoisonnées, ce qui nuit aussi à notre santé. Ce n’est pas seulement mon village mais tous les peuples qui sont touchés. Notre terre change, l’eau manque, les ruisseaux s’assèchent, les poissons se raréfient. La forêt prend feu toute seule. Et la fumée nous empêche de respirer…»

Investissements opaques

Le manque de transparence de la BNS dans ses investissements est pointé du doigt par Osama Abdullah, directeur de recherche du collectif WAV.

Alain Naef, professeur assistant à l’ESSEC Business School (et ancien membre du groupe de travail du G20 sur la finance durable et de la Banque de France) renchérit sur le manque de démocratie au sein même de la Banque nationale. «En Suisse, seules trois personnes se réunissent et choisissent les investissements de la Banque. Or le portefeuille de la BNS produit un quart des émissions de CO2 de chaque Suisse!» Il donne pour exemple le fond souverain norvégien qui respecte, lui, le processus démocratique.

Pour le député vert zurichois, Thomas Forrer, le rôle des cantons en tant qu’actionnaires principaux de la BNS est également essentiel. «Pourtant le gouvernement de droite à Zurich est réservé, voire silencieux, quand il est question de biodiversité et de droits sociaux, regrette-t-il. Alors que la lutte contre le réchauffement climatique fait partie de la Constitution cantonale, et que la Suisse a signé l’Accord pour le climat de Paris, le gouvernement cantonal estime que la BNS n’a pas à suivre ce dernier accord. Selon notre analyse, la BNS, dans le cadre de sa politique d’investissement, doit tenir compte des valeurs fondamentales de la Suisse».

Asti Roesle, responsable du secteur place financière et climat pour l’Alliance Climatique, ajoute: «Un groupe de 104 actionnaires a signé des propositions pour mettre à l’ordre du jour plusieurs sujets: une meilleure transparence, une meilleure surveillance des risques financiers liés au climat et à la nature, une meilleure organisation du Conseil de banque… Mais toutes les propositions ont été balayées. Une fois de plus, nous demanderons ce vendredi que la BNS s’engage activement en excluant ces firmes nuisibles de son portefeuille. Elle se doit d’agir dans l’intérêt général du pays.»

Pour davantage d'informations, cliquez ici.

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