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Les ouvriers de la métallurgie du bâtiment chauffés à blanc

Une centaine de travailleurs de la métallurgie du bâtiment réunis en assemblée générale.
© Thierry Porchet

Une centaine de travailleurs de la métallurgie du bâtiment se sont réunis en assemblée générale jeudi passé à Genève. Du jamais vu dans la branche de mémoire de syndicaliste. A l’unanimité, ils ont rejeté les revendications patronales et mandaté Unia pour se faire entendre. Faute de résultat satisfaisant, une grève pourrait voir le jour d’ici au printemps.

Les travailleurs genevois jugent inacceptables les demandes patronales et sont bien décidés à défendre leurs conditions de travail

A Genève, les ouvriers de la métallurgie du bâtiment ne sont pas contents du tout. Une centaine d’entre eux se sont réunis en assemblée jeudi dernier pour prendre position sur les négociations en cours pour le renouvellement de leur Convention collective de travail (CCT). Celle-ci bénéficie à environ 5000 travailleurs actifs notamment dans la construction métallique, l’installation sanitaire, le chauffage ou l’électricité. Les partenaires sociaux ont entamé les discussions en début d’année, ils se sont mis d’accord pour prolonger d’une année la CCT, soit jusqu’à fin 2020. Et d’augmenter les salaires réels de 50 francs et les salaires minimaux de 2% dès le 1er janvier prochain. La partie patronale a toutefois attendu une dizaine de mois pour présenter ses revendications pour le renouvellement de la CCT et elles passent plutôt mal chez les travailleurs.

Flexibilisation

Les employeurs veulent tout d’abord étendre les horaires normaux de travail, aujourd’hui compris entre 7h et 18h, de 6h à 22h. «Cela correspond à une plage horaire de 16 heures, il faut s’attendre à ce que les grosses boîtes mettent en place deux équipes travaillant chacune huit heures. Les patrons n’auront plus besoin d’obtenir une dérogation ni de majorer les salaires. Si vous refusez ces nouveaux horaires, on vous montrera la porte. Les chantiers qui duraient une année, vous allez les faire en six mois. Et comme Genève n’est pas extensible, il y aura bien vite moins de travail», a prévenu Blaise Ortega, secrétaire syndical d’Unia Genève, à l’assistance.

Ensuite, en ce qui concerne les indemnités de repas, les employeurs présentent une solution fort éloignée de la demande d’Unia de s’aligner sur le secteur principal de la construction, soit 25 francs par jour. Aujourd’hui, les ouvriers de la métallurgie du bâtiment touchent au mieux 15 francs et souvent rien du tout. Les patrons proposent 18 francs si tant est que les collaborateurs soient employés plus de cinq heures et à au moins huit kilomètres du siège de l’entreprise. «Pratiquement personne ne touchera ce panier», a averti Blaise Ortega.

Enfin, les employeurs veulent que l’adaptation des salaires au coût de la vie soit, pour reprendre leur formule, laissée «à la discrétion de l’entreprise». «Ils veulent décider à qui donner une augmentation et utiliser le coût de la vie pour gratifier leurs employés», a traduit le secrétaire syndical.

Organiser la grève

Inacceptable pour les travailleurs, qui, à l’unanimité, ont voté le refus d’entrer en matière sur les desiderata des employeurs. «Ces revendications patronales dégradent encore nos conditions de travail, pourtant déjà nettement inférieures à celles des autres métiers du bâtiment», dit une résolution adoptée dans la foulée sous les acclamations. Le texte mandate aussi Unia pour lancer une campagne syndicale afin de soumettre les employeurs à une pression maximale. Et, faute d’obtenir un «résultat satisfaisant» d’ici au printemps, pour «organiser la grève des travailleurs de la métallurgie». Portés par l’enthousiasme, les participants se sont ensuite rendus en cortège sur le pont du Mont-Blanc et l’île Rousseau pour accrocher des banderoles «6h-22h: jamais!»

«A la première réunion, nous n’étions que cinq, c’est beau de voir tant de monde», confie un travailleur. De mémoire de syndicaliste, on n’a jamais vu une telle mobilisation dans cette branche. «C’est la première fois que je vois tant de monde», confirme le président du comité de la métallurgie du bâtiment, Lorenzo Pierella. «C’est grâce au travail remarquable que réalise le syndicat depuis quelque temps.» Un engagement d’autant plus nécessaire, selon cet installateur sanitaire, que la partie patronale a sensiblement évolué. «Avant nous avions des patrons avec qui nous pouvions parler, désormais nous nous retrouvons de plus en plus face à des directeurs, des managers, qui ne se préoccupent plus des travailleurs mais que des questions financières.»

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