Les modèles de pouvoir politique expliqués aux enfants

De Cléopâtre à Trump en passant par Alexandre le Grand, Louis XIV, Bokassa ou encore la reine d’Angleterre, le documentaire jeunesse Le pouvoir, c’est moi! Dictateurs, présidentes, rois et autres leadersexplore à travers une galerie de portraits plusieurs modes de gouvernances. Entre seigneurs, shoguns, rois, monarques, dictateurs, papes et autres leaders, l’ouvrage propose un voyage passionnant à la découverte de civilisations, de régimes politiques et de grandes figures connues ou oubliées de dirigeants. Son auteure, la journaliste Caroline Stevan – qui a aussi signé Citoyennes – a, comme dans sa dernière publication, travaillé avec l’illustratrice lettone Elina Braslina. Destiné à des enfants dès l’âge de 10 ans, enrichi de dessins attrayants, le texte aborde avec clarté et légèreté de ton une variété d’organisations de sociétés. Et passe en revue, au gré d’une frise chronologique, plusieurs systèmes où se déclinent différentes formes de pouvoir, tantôt partagé, tantôt concentré dans les mains d’une seule personne ou d’un petit groupe. Le livre évoque aussi dans ces processus le rôle joué par les religions et les croyances, la descendance, etc., jusqu’à la création de l’Etat démocratique. Un modèle plongeant, rappelons-le, ses racines dans la Grèce antique, même si les femmes et les étrangers n’avaient alors pas pour autant voix au chapitre. 

Entre tyrannie et démocratie
Rembobinant le fil du temps, l’auteure entame son récit à la préhistoire où apparaît le premier chef connu. Il s’agit d’un homme ayant vécu il y 6000 ans avant notre ère, découvert dans une nécropole à Varna, en Bulgarie, à côté d’un sceptre de 1,5 kilo d’or et de nombreux bijoux. Caroline Stevan poursuit son exploration, parcourant les siècles pour présenter plusieurs types de gouvernances, des plus tyranniques aux plus démocratiques et ouvertes. Des plus mystiques aux plus matérialistes. On fait par exemple un bout de chemin avec les seigneurs du Moyen Age, aux droits illimités ou presque. On s’approche «les yeux baissés, un poids sur la tête en signe d’humilité» de l’empereur inca, fils du soleil. La Révolution française marque un tournant dans la participation des peuples à leur destin avec son expansion dans tout l’Occident et dans les ex-colonies du monde. On suit des samouraïs, un Jean-Bedel Bokassa «empereur de Centrafrique» en 1977, couronne sertie de milliers de diamants sur la tête, circulant sur un carrosse d’or et de bronze, et écrasant toute voix discordante... On découvre que, chez les familles inuites, il n’y a ni chef ni système judiciaire, mais que toute mauvaise action, accès de colère ou gestes brusques risquent de se solder par une exclusion du groupe dans un environnement particulièrement hostile. On marche dans les pas de Staline, de la reine Elisabeth, ou encore de la première présidente de Suisse Ruth Dreifuss, etc., incarnant chacun une autorité aux multiples visages.

Des clés de compréhension du monde
Le livre consacre également un chapitre aux différentes déclinaisons des dictatures, à leur dénomination souvent mensongère, aux oligarchies, aux doctrines populistes et à leurs recettes simplistes… Avec le souci de l’auteure d’apprendre à son public-cible les mots qui caractérisent différents régimes et mouvements et surtout les enjeux qui leur sont liés. Autant d’informations propres à offrir aux jeunes des clés de compréhension du monde. Doublé de l’intention, à l’heure où les démocraties se fragilisent, de semer des graines dans leur volonté demain de les défendre. 

Aussi instructif que ludique dans sa présentation et la manière d’aborder les sujets, Le pouvoir, c’est moi comprend encore un quiz et des jeux. Il facilite l’accès à une matière complexe, potentiellement rébarbative. Et devrait être mis dans les mains de tous les futurs citoyens… 

«Le pouvoir, c’est moi! Dictateurs, présidentes, rois et autres leaders», Caroline Stevan, illustrations Elina Braslina, Editions Helvetiq, septembre 2025, 184 pages.