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Les employés de Richemont se mobilisent massivement

Ils étaient plus de 700 dans les cantons de Genève et Vaud à protester contre les 211 licenciements anoncés

Suite à l'annonce le 11 novembre de la suppression de 211 postes au sein du groupe Richemont, basé à Genève, les horlogers sont montés au créneau pour s'opposer clairement à ce nouveau dégraissage. Le numéro 3 mondial du luxe ayant engrangé des bénéfices faramineux, Unia estime qu'il est capable de réorganiser la production sans licencier, et ce malgré les difficultés que traverse la branche.

Cette fois, la coupe est pleine. Les salariés du groupe Richemont, le numéro trois mondial du luxe, en ont ras-le-bol. Après l'annonce très récente de leur direction de la suppression de 211 postes supplémentaires dans l'horlogerie, les travailleurs ont abandonné leur poste pour manifester leur colère le 24 novembre dernier. Ils étaient 300 à Genève, de Vacheron Constantin et de Piaget, et 400 dans le canton de Vaud, provenant des différentes manufactures horlogères de la Vallée de Joux pour protester contre ces nouvelles suppressions de postes.
Cette nouvelle restructuration vient s'ajouter aux 500 emplois déjà biffés par le groupe genevois depuis 2015. Environ 80 postes devraient être supprimés chez Vacheron Constantin et 71 chez Piaget à Genève. A la Vallée de Joux, 40 employés de Vacheron Constantin seront laissés sur le carreau, et enfin, 19 seront remerciés à La Côte-aux-Fées à Neuchâtel. Un dégraissage a priori justifié par un effondrement du marché de l'ultraluxe horloger, jusqu'ici prisé par les Chinois.

Alternative simple
«Nous avons été agréablement surpris par cette mobilisation du 24 novembre, constate Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d'Unia Genève. C'est la première fois depuis longtemps que les horlogers se mobilisent en masse, c'est assez inédit, et cela témoigne d'un ras-le-bol clair des travailleurs du groupe Richemont.» Lors de ces deux rassemblements, les salariés ont adopté une nouvelle résolution dans laquelle ils refusent les licenciements. «Richemont a enregistré un bénéfice de 2,2 milliards de francs en 2015 et ses dirigeants sont parmi les mieux payés de Suisse, relève le syndicaliste. Il est tout à fait possible de réorganiser la production sans licencier!» Les salariés et le syndicat ont conscience du ralentissement économique dans le secteur horloger et ne s'opposent pas à la rediversification des entreprises. «La production n'est plus adaptée aux besoins du marché, soit, mais on peut procéder à une réorganisation sans supprimer des postes, insiste Alessandro Pelizzari. En attendant la reprise, Richemont peut puiser dans les 5,4 milliards de francs de réserves dont le groupe dispose ou recourir au chômage partiel qui est là pour ça.»

Le combat continue
Néanmoins, Richemont n'a pas l'air de cet avis. Axé sur la rentabilité à court terme, le groupe se soucie davantage de rassurer ses actionnaires, auxquels il a versé une somme record de plus de 800 millions de francs en 2016, en coupant dans les effectifs et en éjectant certains cadres en place. «C'est caractéristique de la stratégie agressive de ce groupe, souligne le secrétaire régional. On coupe les têtes des responsables du ralentissement pour satisfaire les actionnaires, mais on ne sait pas ce qu'on récupérera derrière...»
La période de consultation court jusqu'au 6 décembre. Deux rencontres avec la direction ont déjà eu lieu, lors desquelles elle a refusé d'entrer en matière sur les licenciements. «Nous attendons de voir quelle sera la réaction du groupe par rapport à la résolution votée, note Alessandro Pelizzari. Si elle n'est pas satisfaisante nous serons sans doute amenés à durcir le ton.»

Manon Todesco