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Les «climato-je-m'en-foutistes» en piste

A la suite de l’intervention des Avocats pour le climat, la Commission cantonale valaisanne des constructions a ordonné jeudi l’arrêt des travaux d’aménagement du glacier de Théodule qui seraient menés dans des secteurs non autorisés. Depuis plusieurs semaines, les organisateurs des descentes de Coupe du monde de Zermatt/Cervinia s’ingénient à faire creuser par des pelleteuses le glacier afin d’aménager une piste de ski. En débordant à l’occasion sur des zones protégées. «Pas besoin d’aller en Chine ou au Qatar pour massacrer la nature. On le fait très bien ici aussi», ont commenté 24 heures et la Tribune de Genève. Les promoteurs du Matterhorn Cervino Speed Opening sont-ils sans savoir que les glaciers suisses reculent? Et que la fonte s’accélère. Les glaciers ont perdu 10% de leur volume ces seules deux dernières années. Paru dans Le Courrier, un dessin de Vincent résume bien l’affaire. On y voit sur la glace un responsable déclarer à une militante pour le climat: «Ce n’est pas la peine de vous énerver… tout aura fondu d’ici à dix ans!»

Plus personne n’ose nier le réchauffement climatique ni que les activités humaines en sont la cause – à part Trump, bien sûr. Les climatosceptiques sont une espèce en voie d’extinction. Hélas, ils sont remplacés par les «climato-je-m'en-foutistes». Bon, c’est vrai qu’à part les puristes (merci à eux), nous sommes tous un peu «climato-je-m'en-foutiste» sur les bords. On se rassure en se disant que sa voiture est moins gourmande que le gros SUV du voisin, que son voyage en avion sera compensé par des arbres. Ce n’est d’ailleurs pas de notre faute à nous, les travailleurs et les travailleuses, c’est tout un système économique qu’il faut changer. Et puis, faut dire qu’on n’est pas aidé par nos dirigeants…

Le Parlement a débloqué plus de 5 milliards de francs pour étendre les autoroutes. Nous aurons plus de voies, donc plus de bagnoles, cela s’appelle l’induction de trafic. Or, on sait que, si l’on veut arrêter le réchauffement, il est nécessaire de stopper dès maintenant les investissements dans les énergies fossiles et les infrastructures qui leurs sont liées. Il faudrait plutôt privilégier les transports publics. Au lieu de cela, la liaison ferroviaire directe entre Genève et l’Arc jurassien passe à la trappe et, pour gagner Berne depuis Lausanne, il faut toujours monter dans un tortillard. Le président de la Confédération, Alain Berset, s’en tape, cigare au bec et binche en main, c’est en hélicoptère qu’on l’a vu se rendre à la Street Parade de Zurich. Bel exemple pour la jeunesse. Des jeunes qui à Genève pourront de nouveau prendre l’avion pour leurs voyages d’études. La nouvelle conseillère d’Etat en charge de l’Instruction publique, Anne Hiltpold, s’est empressée de modifier la directive visant à encourager le train. Une incohérence vis-à-vis du Plan climat cantonal, mais il faut dire que la cohérence politique ne va pas de soi au bout du lac. Le législatif de la ville de Vernier a ainsi déclaré l’urgence climatique… avant de ne rien trouver de mieux pour son excursion annuelle que de s’envoler pour Lisbonne! Il vaut mieux en rire. Bref, après moi, le déluge… qui pourrait bien ce coup-ci être remplacé par une tempête de sable.