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Les bibliothèques d’objets ont la cote

Devanture de La Manivelle à Lausanne.
© Olivier Vogelsang

Valentin Augsburger est l’un des nombreux bénévoles de La Manivelle. Parmi les objets les plus empruntés depuis une année, les scies sauteuses sont en tête suivies poétiquement du télescope.

Depuis une année à Lausanne, La Manivelle permet d’emprunter du matériel moyennant une petite cotisation. Une pratique écoresponsable qui se multiplie

Dans la vitrine de La Manivelle sont exposés des skis, un cric hydraulique, un réchauffe-plat, une scie électrique, un four à raclette, un réchaud de camping, un sac à dos, un mixeur, un projecteur, un casque, un bob, des raquettes de badminton… Un bric-à-brac coloré emblématique des 576 objets empruntables dans la première bibliothèque d’objets de Lausanne. Valentin Augsburger en est l’un des initiateurs. En ce jeudi matin pluvieux, le bénévole explique en l’espace de deux minutes le concept de mutualisation à un passant curieux. «Tu peux emprunter une scie sauteuse ou une tente de camping pour une dizaine de jours, ou plus si besoin. Et nous donner des objets que tu n’utilises pas ou peu. Une perceuse, en moyenne, sert douze minutes dans une vie! donne-t-il en exemple. En ce moment, le local n’est pas ouvert, mais il y a un système de consigne qui permet de continuer les prêts.» L’utilisateur doit s’inscrire en ligne moyennant une cotisation au choix entre 50 et 150 francs par année ou entre 10 et 30 francs pour un mois. Tous les objets sont visibles sur un catalogue virtuel.

Le 18 janvier 2020, la Manivelle ouvrait ses portes, avant de les refermer, les rouvrir… et les refermer. Durant cette année si particulière, 64 personnes sont devenues membres et un millier de prêts ont été effectués. Un bilan très positif pour cette initiative écocitoyenne.

Conjonction d’idées

Le projet a germé en 2019 déjà. «Un jour, j’ai loué des raquettes pour ma copine et moi. Cela m’a coûté 80 francs! Je me suis dit, à ce moment-là, qu’il manquait un lieu de prêt géré par la Ville au même titre que ses bibliothèques de livres.» C’est à ce moment-là que Valentin Augsburger prend connaissance du premier Budget participatif de la Ville de Lausanne et, parallèlement, de l’existence d’une bibliothèque d’objets à Berne (leihbar.ch) et à Genève (manivelle.ch) en fonction depuis janvier 2019. «L’équipe genevoise m’a mis en lien avec d’autres Vaudois qui l’avaient aussi contactée. On a réuni nos forces et repris leur nom dans l’idée de créer un réseau, même si chacun reste indépendant.» Le projet remporte le premier prix: 20000 francs. Et emménage au rez-de-chaussée d’un bâtiment sous-gare, propriété des CFF, voué à la démolition en juin prochain. «C’est notre épée de Damoclès. Nous devons trouver un autre local rapidement avec un bail maximal de 1000 francs, estime le bénévole. A terme, nous aurons aussi besoin d’une personne salariée pour coordonner le travail, car, même si nous sommes une quinzaine de volontaires très engagés, nous avons atteint le plafond de verre du bénévolat.»

Economie durable

Il s’agit de trier, réparer, tenir les permanences quand elles sont ouvertes (trois fois par semaine) ou poser dans les consignes les objets demandés en prêt (désinfectés entre deux usagers). Des articles jamais empruntés sont aussi à donner, pour faire de la place. La bibliothèque recherche par contre un four à raclette pour les demi-meules, des raquettes de neige, une boule disco à facettes, un paddle, un projecteur, une shampouineuse, entre autres. «Si quelqu’un a ce genre d’objets à donner, on est preneur!» lance enthousiaste Valentin Augsburger.

A l’avenir, il rêve d’un lieu assez grand pour créer «un petit pôle d’économie circulaire», avec l’atelier vélo, Axécycle, qui partage déjà une partie des locaux de La Manivelle, et avec, pourquoi pas, un Repair Café et une épicerie coopérative (deux projets choisis par les habitants de Lausanne en 2020 lors du deuxième concours mis sur pied par la Municipalité). «Nous partageons une même philosophie: une économie plus durable et plus locale. Cela permettrait des synergies intéressantes», souligne Valentin Augsburger. La Manivelle a d’ailleurs aussi organisé des ateliers de partage de savoirs et des conférences en ligne notamment sur l’autoconstruction.

«Ce qui a du sens, c’est d’utiliser les objets jusqu’au bout. Si nous avons besoin de remplacer un article arrivé en fin de vie, nous privilégions ceux en seconde main ou qui sont réparables. Car l’énergie grise nécessaire à sa fabrication représente la majeure partie de son coût écologique», explique Valentin Augsburger, en indiquant que les deux ordinateurs de l’association ont été récupérés de la casse. «On me disait qu’ils ne valaient plus rien, mais cela fait un an qu’ils marchent très bien, malgré leur lenteur», sourit celui qui se réjouit de voir des bibliothèques de ce type nouveau fleurir un peu partout, comme à Neuchâtel (trucotheque.ch), à Fribourg (caseastock.ch) ou encore à Sierre (lesatellite.ch).

Davantage d’informations sur: lausanne.manivelle.ch

Informations sur le Budget participatif de la Ville de Lausanne dont le troisième appel à projets sera lancé en février sur: lausanne.ch/budget-participatif