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Le Solifonds fête ses 40 ans!

Manifestation de travailleuses pakistanaises.
© HBWWF/2014

Le Solifonds soutient activement la lutte des employées à domicile au Pakistan. Avant de créer leur syndicat, elles n’étaient pas reconnues comme des travailleuses.

L’organisation s’attelle à soutenir les luttes de libération sociale dans les pays du Sud et à informer la population suisse sur ces questions. Retour sur 40 ans d’histoire

C’est en 1983 qu’est créée l’organisation «Fonds de solidarité pour les luttes de libération sociale dans le tiers-monde», dit Solifonds. A son origine, le PS suisse, l’Union syndicale suisse, l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière (aujourd’hui Solidar Suisse) et treize organisations de développement et comités de solidarité. Sa première action de solidarité internationale sera lancée le 1er Mai de la même année en soutien aux syndicats d’Afrique du Sud, alors sous régime d’apartheid.

En effet, l’un des objectifs de Solifonds est de soutenir les luttes de libération sociale dans les pays du Sud, tout comme la lutte pour la reconnaissance et pour le respect des droits humains, en particulier des droits politiques, sociaux, économiques et syndicaux, partout dans le monde. L’autre levier d’action est d’informer et de sensibiliser sur ces luttes, ici, en Suisse.

Les organisations fondatrices du Solifonds couvrent une partie des dépenses, mais le soutien financier provient principalement des donateurs, tous des particuliers.

Pour revenir sur ces quarante ans et les défis à venir, Aurora García, coordinatrice du Solifonds, répond à nos questions.


Dans quel contexte s’est formé le Solifonds?

C’est l’enfant des mouvements de solidarité suisses de la fin des années 1970. A l’époque, il y avait beaucoup de discussions sur comment développer et soutenir la solidarité internationale et les luttes sociales. En 1981, ces 3000 personnes réunies au Symposium suisse pour la solidarité représentaient une force énorme pour l’époque. Né deux ans plus tard des différents comités suisses solidaires des pays du Sud et du mouvement ouvrier suisse, le Solifonds ne se veut pas une nouvelle œuvre d’entraide mais un fonds combatif, rapide et non bureaucratique.

Concrètement, comment le Solifonds fonctionne-t-il?

Au fil des années, nous avons réussi à construire un réseau de contacts important dans les pays du Sud composé d’activistes et de syndicalistes. Un réseau qui s’est constitué grâce au bouche à oreille.

Notre action est double. D’un côté, nous soutenons financièrement les luttes sociales en question. De l’autre, nous informons sur ces mouvements ici en Suisse pour les rendre visibles. Nous pouvons citer cette syndicaliste et avocate indienne, Sudha Bharadwaj, incarcérée en 2018 avec quinze autres défenseurs des droits humains. Nous avons fait un gros travail de mobilisation et de pression en Suisse et elle a fini par être libérée, sous conditions. La lutte pour l’acquitter définitivement continue...

Quel bilan peut-on tirer de ces quarante dernières années?

En quarante ans, nous avons soutenu quelque 800 luttes à travers le monde, dont trente par an en moyenne ces dix dernières années. Au total, plus de 10 millions de francs suisses ont été versés à travers des aides directes.

Evidemment, nous aimerions que cette libération sociale soit une réalité, hélas, l’action de Solifonds reste encore nécessaire et importante, car il s’agit de luttes qui prennent des années à porter leurs fruits. Il est capital pour ces activistes aux quatre coins du monde de savoir qu’ils ne sont pas seuls, qu’on les soutient. Cela leur donne de la force.

Aux côtés de quelles grandes luttes le Solifonds a-t-il été présent?

Nous soutenons depuis de nombreuses années les travailleuses domestiques en Afrique du Sud. Très précaires, elles ont réussi à fonder un syndicat en plein apartheid, ce qui est impressionnant. Elles ont plus récemment obtenu d’être couvertes par une assurance accident au travail.

Nous pouvons également citer les employées à domicile, dont la majorité travaille pour l’industrie du textile, au Pakistan: des femmes très isolées, qui travaillent chez elles – une activité souvent non reconnue comme telle d’ailleurs. Elles ont réussi à mettre sur pied un syndicat et sont désormais reconnues comme des ouvrières dans la province du Sindh.

Quels défis attendent la fondation?

Sur place, la criminalisation des activistes augmente. Il est parfois de plus en plus difficile pour nous de soutenir ces luttes et de s’assurer que l’argent arrive à bon port.

L’autre challenge se joue en Suisse, où la solidarité s’exprime différemment ces dernières années. La solidarité sociale transversale est une thématique qui touche moins que la question climatique ou féministe par exemple. Plus que jamais, nous avons besoin de mobiliser cette solidarité, car nous sommes encore très loin de la libération sociale…

Enfin, nous avons besoin de sang neuf. L’enjeu pour le Solifonds sera donc d’interpeller les plus jeunes et de renouveler notre base de donateurs, dont la plupart sont issus de la génération des années 1970, ceux qui ont suivi la naissance de Solifonds…

Notre fondation a su montrer qu’avec peu d’argent, on peut vraiment soutenir les populations et changer la donne, nous ferons tout pour que cela perdure!

Evénements à venir

Pour fêter l’anniversaire du Solifonds, plusieurs manifestations sont prévues à l’occasion du 1er Mai, toutes consacrées aux travailleuses marocaines qui cueillent les fraises dans les champs du sud de l’Espagne. Le syndicat SOC-SAT, qui défend la main-d’œuvre agricole en Espagne, et la Fédération marocaine du secteur agricole ont décidé de collaborer pour améliorer leurs conditions de travail. Une travailleuse et une militante syndicale expliqueront comment elles organisent les cueilleuses par-delà les frontières, afin de lutter ensemble pour faire respecter leurs droits.

Le 30 avril, à Zurich, dès 17h.

Le 3 mai, à Genève (Uni Mail), à 19h.

Le 5 mai, à Berne (Hôtel Bern), à 13h30.

Plus d’infos sur: fr.solifonds.ch

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