C’est un «club» de plus en plus restreint, auquel on se passerait bien d’appartenir. Il ne reste qu’une trentaine de pays à n’avoir toujours pas reconnu l’Etat de la Palestine, sur les 193 membres des Nations Unies. Lors de la dernière assemblée générale, en septembre, la France, le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie, entre autres, ont rejoint l’immense majorité des Etats ayant déjà franchi le pas. En face, dans le camp des réticents, on trouve bien sûr les Etats-Unis et Israël, mais aussi la Suisse. A l’ONU, la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, craignant sans doute de froisser à nouveau Donald Trump après l’affaire des droits de douane, a redit qu’aux yeux du Conseil fédéral, il est trop tôt pour reconnaître la Palestine. Or, c'est tout le contraire: si on ne se dépêche pas de le faire, il sera trop tard.
Au rythme où les colons israéliens grignotent le territoire de la Cisjordanie occupée, il n’y aura bientôt plus rien à reconnaître. D’autant que le Parlement israélien vient de voter en faveur de son annexion, en dépit du plan de paix de Trump. Quant à Gaza, ou ce qu’il en reste, son avenir est encore trop incertain. En fait de paix, il ne s’agit pour l’instant que d’un fragile cessez-le-feu, auquel de premiers coups de canifs ont déjà été donnés. Ce n’est donc pas le moment de relâcher la pression sur Benyamin Netanyahou et ses alliés suprémacistes. Il n’y aura pas de paix juste et durable dans la région, ni de sécurité pour l’Etat hébreu, sans reconnaissance préalable du droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Tant que justice ne sera pas rendue à ce dernier, on aura beau éradiquer le Hamas, il ne manquera pas de candidats au djihad pour prendre le relais.
La Suisse, qui se targue d’être la dépositaire du droit international humanitaire – bafoué sans relâche depuis 1967 par Israël, et de manière encore plus flagrante ces deux dernières années – devrait se ranger du bon côté de l’Histoire. Sinon, elle aura plus tard à rendre des comptes, comme elle y fut contrainte à propos de son comportement infâme à l’égard des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Nos dirigeants n’ont pas toujours été aussi frileux qu’aujourd’hui. Sous l’impulsion de Micheline Calmy-Rey, la Suisse a notamment été la première, il y a vingt ans, à défendre devant l'ONU l’indépendance du Kosovo. Cela n’allait pourtant pas de soi à l’époque. Hélas, notre actuel ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, après avoir été le lobbyiste des caisses maladie au Conseil national, semble être devenu celui du Gouvernement israélien au Conseil fédéral. Afin de lui faire entendre raison, il faut sans tarder signer l’initiative populaire qui vient d’être lancée pour que la Suisse reconnaisse enfin l’Etat palestinien. Il est plus que temps. Après ces deux années de calvaire, le statu quo n’est plus une option.
Pour signer l’initiative, cliquez ici.