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La politique, oui mais à petite dose

Quatre jeunes donnent leur vision de la politique et parlent de leur engagement. Témoignages

1, 2, 3… «Emmanuel Macron!» C’est la réponse que donne Sacha, 17 ans, lorsqu’on lui demande quel est le premier mot qui lui vient à l’esprit lorsqu’on lui dit: politique. Les jeunes s’intéresseraient-ils plus à la politique étrangère que suisse ou sont-ils tout simplement indifférents à la question?

L’Evénement syndical a tenté d’en savoir plus en interrogeant quatre jeunes issus de différents milieux. Quelle est leur vision de la politique? S’engagent-ils dans le domaine? Quelles idées auraient-ils pour rendre la politique plus accessible? Et savent-ils, en outre, ce qu’est un syndicat? Si les réponses ont varié, seul l’un d’eux connaissait Unia.

Bénédicte

Bénédicte, 15 ans, gymnasienne 

Pour Bénédicte, la définition de la politique c’est, raconte-t-elle en souriant, ses parents regardant le Téléjournal assis dans leur canapé. C’est ainsi que la politique est entrée dans sa vie. Pour elle, l’implication politique n’est pas essentielle mais la curiosité, en revanche, oui. La jeune femme est convaincue que s’intéresser et poser des questions de manière générale permettent de développer un esprit critique. Elle ajoute apprécier grandement les débats mais «n’aime pas donner son avis par peur de dire quelque chose de faux». Le jargon politique lui fait peur et la confiance de ceux qui l’emploient la déstabilise et lui font perdre ses mots. Elle estime que la politisation passe avant tout par l’éducation, qu’il est plus facile de s’y intéresser lorsqu’on a l’habitude d’en parler en famille. L’école est un espace qui, d’après elle, devrait être utilisé pour ouvrir des discussions et pousser les élèves à se questionner ou simplement à s’intéresser à des sujets auxquels ils n’ont pas forcément affaire à la maison. «Un des moyens qui permettraient de capter l’attention et de sensibiliser les jeunes à la politique, serait de demander à des influenceurs d’en parler dans des vidéos explicatives ou ludiques sur les réseaux sociaux.» 

Sa définition du syndicat? Elle répond, hésitante: «Un truc dans les entreprises où il y a un groupe de personnes qui défendent les droits des travailleurs.» Connaît-elle Unia? «Non…C’est quoi?» demande Bénédicte.

Oleg

Oleg, 16 ans, gymnasien et engagé aux partis des Verts et des Jeunes Verts

Trois ans chez les Jeunes Verts, une année chez les Verts, fondateur du Festival des quatre saisons et accessoirement gymnasien. C’est entre deux rendez-vous qu’Oleg répond aux questions. 

Il y a trois ans, le jeune homme s’est engagé chez les Jeunes Verts. Ne supportant plus la vision des banquises fondant à vue d’œil, des ours polaires affamés et par souci d’écologie, il a décidé de s’engager politiquement à seulement 13 ans. Habitué des syndicats, il connaît bien Unia et a même hésité à y faire un stage. Pour lui, l’implication politique a été personnelle. «Je regardais l’émission télé Infrarouge, je lisais… Mes parents m’ont aussi toujours sensibilisé à l’environnement.» Lorsqu’on lui demande pourquoi les gens ne s’intéressent souvent pas aux votations, il s’exclame: «Les personnes ont souvent une image très poussiéreuse de la politique!» D’après lui, pour changer cette situation, il faudrait sensibiliser les jeunes au sujet dès leur plus jeune âge en commençant à l’école. Il y a une année, il a eu l’idée de fonder une association, «Jeune moov», en collaboration avec le Parti socialiste. Cette association avait pour but de venir présenter les différents partis politiques dans les écoles. Il souhaitait ainsi politiser les jeunes et les informer. Sans succès. Le projet n’a jamais abouti. Les partis de jeunes organisent toutefois fréquemment des camps qui sont, d’après Oleg, de bons moyens d’aborder la thématique. «On peut aussi s’engager en lisant simplement les journaux», affirme-t-il encore. Mais alors pourquoi est-ce que les jeunes ne le font pas davantage? «Au début tu votes et puis tu te rends comptes que tu gagnes rarement et que les rapports de force restent les mêmes. Il y a environ 70% d’hommes au pouvoir. Tout cela est décourageant.»

Utiliser de plus en plus le support numérique serait une solution qu’Oleg juge bonne mais il temporise: «Le problème avec Internet c’est que les gens sont très tournés vers eux-mêmes. L’intérêt commun n’est pas valorisé, à la différence de l’argent ou des études. On s’individualise beaucoup.» Vision pessimiste ou réaliste?

Anthony

Anthony, 16 ans, apprentissage en ressources humaines

«Pour moi, la politique c’est débattre de différentes idées sur la vie, sur des problèmes plus globaux.» Après une année au gymnase, Anthony s’est rendu compte que les études ne le passionnaient pas alors il a décidé de faire un apprentissage. Lire les nouvelles et être curieux ont toujours été deux choses importantes pour cet ex-gymnasien. «M’informer, ça me permet de voir plus loin que ce que l’on me montre. Le risque, si tu ne t’intéresses pas à ce qu’il se passe autour de toi, c’est de te faire manipuler», explique-t-il. 

Pour lui, un syndicat c’est «un groupe de personnes qui sont ensemble pour défendre une cause». Mais il ajoute en rigolant: «Par contre, ne me demandez pas de vous en citer un, je n’en n’ai pas la moindre idée!» Ses amis, quant à eux, ne s’intéressent pas à la politique. «Je vois qu’ils n’y connaissent rien car on n’en parle jamais. C’est une question de maturité», précise-t-il. Pour Anthony, l’intérêt des jeunes pour la politique est personnel et un des seuls moyens de le promouvoir est l’école. C’est grâce à un professeur ou à un débat que l’envie d’en savoir plus pourrait se révéler chez un jeune. En lisant la presse, en regardant des émissions télévisées ou en s’engageant comme il le fait dans une organisation humanitaire, Anthony considère être quelqu’un d’informé sur le monde qui l’entoure. 

Natacha

Natacha, 17 ans, apprentissage en médiamatique

«Si ça impacte mon futur, alors je m’y intéresse», explique Natacha, 17 ans, lorsqu’on lui demande si la politique est importante dans sa vie. Les premiers mots qui lui viennent à l’esprit quand on lui parle de la thématique? Débats, élections et votations. Pour cette jeune apprentie, la définition d’un syndicat semble évidente: «Une association qui protège les travailleurs.» Elle ajoute qu’il en existe deux dans l’entreprise où elle travaille: Syndicom et Transfair. On lui a d’ailleurs vivement recommandé de se syndiquer. «C’est eux qui nous protègent en cas de tensions avec un patron ou alors qui négocient des augmentations.» Malgré cela, elle avoue n’avoir jamais entendu parler d’Unia. La jeune femme considère ne pas beaucoup s’y connaître en politique mais trouve important de s’y intéresser, car cela permet de trouver des sujets de conversation avec des personnes plus âgées qu’elle. En particulier dans son corps de métier où elle côtoie fréquemment des adultes. Une des raisons qui explique que les jeunes ne s’impliquent pas en politique? La réponse fuse: car ils ne peuvent pas encore voter. D’après elle, laisser voter des mineurs au même niveau que les adultes n’est pas une solution, mais elle imagine des «votations de jeunes», un système qui permettrait aux adolescents de 15 à 18 ans de donner leur avis et de se politiser par la même occasion. «Ils pourraient ainsi voir les avantages, les désavantages et les enjeux du droit de vote. Ça les responsabiliserait.» Idée loufoque ou géniale? La question reste ouverte. 

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