La conférence de la branche des machines d’Unia a fixé ses revendications salariales pour 2022
Cent francs de salaire en plus pour tous et toutes et la mise en œuvre de l’égalité: réunie le 11 octobre, la conférence de branche MEM (pour industrie des machines, des équipements électriques et des métaux) d’Unia a fixé ses revendications salariales pour 2022.
«Ces dernières années, les hausses de salaires dans l’industrie MEM ont été plutôt maigres, il y a un réel besoin de rattrapage. L’heure est aussi venue de récompenser les travailleurs pour les efforts consentis durant la crise Covid. On pense notamment aux salariés qui, employés à la production, n’ont pu travailler à domicile et ont pris des risques pour leur santé; ou à ceux placés au chômage partiel qui ont subi des baisses de revenu. Des augmentations salariales sont possibles, car tous les indicateurs prouvent que l’industrie MEM se porte bien, les entreprises ont beaucoup de commandes pour les prochains mois. La production est même repartie tellement fort que l’on risque la pénurie de personnel qualifié», explique Matteo Pronzini, responsable suppléant de la branche MEM d’Unia.
L’industrie des machines a surmonté la crise, confirme l’économiste du syndicat, Noémie Zurlinden, dans une analyse rédigée à l’intention de la conférence de branche. Les enquêtes conjoncturelles de l’Office fédéral de la statistique (OFS) montrent en effet que toutes les sous-branches MEM ont atteint, en juin dernier au plus tard, le chiffre d’affaires d’avant la pandémie. Et les commandes progressent plus vite que les capacités de production, comme l’indique une enquête de la faîtière patronale Swissmem auprès de ses membres. Il est donc à prévoir un accroissement de la production et des chiffres d’affaires dans une branche qui a pesé pour 29% des recettes d’exportation de marchandises suisses en 2020. Il faudra toutefois pouvoir disposer d’une main-d’œuvre qualifiée.
Manque de personnel
Dans l’industrie métallurgique et la construction mécanique, une entreprise sur cinq déplore déjà de manquer de personnel, selon le centre de recherches KOF de l’EPFZ. En période de pénurie de main-d’œuvre, il est évidemment dans l’intérêt des entreprises de revaloriser les salaires. Surtout que, d’après les résultats comptables des sociétés compilés par l’OFS, dans l’industrie les frais de personnel ne représentent qu’une faible part des charges totales, de 16% pour les équipements électriques à 35% pour les produits métalliques. Une augmentation salariale de 1% n’entraîne alors qu’une progression des coûts de 0,16% et 0,35% respectivement dans ces sous-branches.
La revendication d’une augmentation d’au moins 100 francs par mois pour les salaires bas et moyens est donc pleinement justifiée pour la branche MEM d’Unia. Une revalorisation d’ailleurs nécessaire pour maintenir le pouvoir d’achat des salariés puisqu’un renchérissement de 0,5% est prévu en 2021.
Notons que, pour les salaires minimums, la Convention collective de travail (CCT) de l’industrie MEM prévoit une indexation automatiquement sur l’indice des prix à la consommation. Et que, dans l’Arc jurassien, ces minimas sont, en outre, augmentés chaque année de 30 francs.
L’égalité salariale dans les faits
L’autre grande revendication adoptée par la conférence professionnelle est la mise en œuvre de l’égalité salariale dans une branche où les femmes gagnent nettement moins que les hommes, comme l’a montré l’enquête sur les salaires menée par l’OFS en 2018. En application de la nouvelle Loi sur l’égalité, les entreprises de plus de cent personnes avaient jusqu’au 30 juin dernier pour procéder à l’analyse de l’égalité des salaires et détecter d’éventuelles discriminations. Une fois cette enquête salariale menée à bien, les entreprises ont encore un an pour la faire réviser par un organe externe et communiquer les résultats à leur personnel. «Dans les entreprises où l’analyse n’a pas été réalisée avec les partenaires sociaux, les commissions du personnel doivent faire usage de leurs droits de participation et s’informer sur l’état et les résultats. Elles doivent veiller à ce que le personnel soit informé rapidement et s’engager en faveur de mesures compensatoires efficaces», insiste Matteo Pronzini.
La conférence de branche a encore discuté du renouvèlement de la CCT qui prendra fin à mi-2023. «Nous avons fixé l’agenda pour les prochains mois, indique le responsable de branche. Plusieurs options stratégiques sont sur la table. Le comité de branche va les étudier et, au printemps prochain, la conférence prendra une décision sur la variante à adopter et la suite de la procédure. D’ici là, le comité va mener une analyse approfondie et travailler le cahier de revendications.»