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Association de malfaiteurs

La semaine dernière se tenait le traditionnel Forum économique mondial (WEF) à Davos. Lors de cette 54e grand-messe annuelle, chefs d’Etat et grands pontes de l’économie ont échangé sur les défis mondiaux majeurs. Bon, on ne va pas se mentir, le climat général n’était pas vraiment folichon. Entre l’ère post-Covid, l’inflation et les conflits qui se multiplient, le mot d’ordre de cette édition, «Reconstruire la confiance», a pris tout son sens. Face à l’incertitude de ce «paysage mondial actuel défini par la division et l’hostilité croissantes», Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du WEF, regrette que «l’angoisse de perdre le contrôle sur l’avenir pousse les gens à adhérer à des idéologies extrêmes».

La présidente de la Confédération, Viola Amherd, n’a pas mâché ses mots. Dans son discours d’ouverture du forum, elle a souligné qu’un rétablissement de la confiance ne devait pas concerner uniquement les Etats mais aussi les entreprises. «Il est clair que les déséquilibres sociaux croissants alimentent le populisme, même dans les pays prospères, a-t-elle déclaré. Lorsque la soi-disant élite se célèbre elle-même comme une caste supérieure alors que de nombreuses familles peinent à joindre les deux bouts, la méfiance grandit.» C’est alors que les gouvernements ne sont plus ni entendus, ni compris, d’après l’élue. Bonjour l’ambiance... Bon, on est prêts à parier que le champagne et les petits fours auront redonné le sourire aux 2800 participants présents. (Au fait, a-t-on expliqué que ce forum coûte plusieurs dizaines de millions de francs, qu’il mobilise 5000 militaires suisses, des avions de combat qui patrouillent en permanence et que 50 kilomètres de grillages ont été installés autour de Davos?)

Comme chaque année, le WEF fait débat et s’attire les foudres des anticapitalistes et des écolos. A travers une incroyable fresque dessinée sur la neige, Greenpeace a voulu protester contre l’obsession de la croissance qui conduit, toujours plus, la planète au bord de l’effondrement social et environnemental. De même, environ 300 activistes ont bloqué une route près de Davos, créant un embouteillage de plus de 18 kilomètres. Pour eux, la croissance fait partie du problème et non de la solution. De son côté, l’organisation Oxfam a publié au même moment une étude, Inequality.inc, qui montre que les multinationales et les ultrariches ne connaissent pas la crise, au contraire. Depuis 2020, les cinq hommes les plus riches du monde ont plus que doublé leur fortune. Parallèlement, près de cinq milliards de personnes se sont appauvries sur la planète. Avec la complicité des Etats, les grandes entreprises telles que Google ou Amazon exploitent les travailleurs, font des milliards de bénéfices et ne paient pas un kopek à la collectivité. C’est pourquoi Solidar Suisse et Oxfam demandent une imposition des grandes fortunes, qui permettrait en Suisse de générer 41,7 milliards de dollars par an. De quoi investir dans le climat, l’éducation ou encore la justice sociale. Pas sûr que ces notions fassent écho à Davos…