Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Tout ça pour ça!

Il aura fallu 51 jours à Emmanuel Macron pour nommer un Premier ministre. Rembobinons le film. Nous sommes au mois de juin, au moment des élections européennes. L’extrême droite arrive en tête, incarnée par le Rassemblement national. Ni une ni deux, le président dissout l’Assemblée nationale en vue de reformer un gouvernement, prétextant qu’il aurait entendu les Français. A l’issue du deuxième tour des élections législatives, c’est le Nouveau Front populaire (NFP), l’union de la gauche, qui arrive en tête. Macron ne l’avait manifestement pas vu venir… Depuis, toutes les excuses ont été bonnes pour retarder la nomination d’un nouveau Premier ministre, notamment celle des Jeux olympiques. Après quasi deux mois d’attente, et alors que le NFP s’était (péniblement) accordé pour présenter Lucie Castets, le président français a encore provoqué la surprise – et surtout l’écœurement – en nommant Michel Barnier.

Encore une fois, Macron a entendu les Français mais ne les a pas écoutés. Cela devient une habitude. Le peuple s’est massivement rendu aux urnes pour remettre le pouvoir aux mains de la gauche unie, et lui, mauvais perdant, nous dégote un Premier ministre républicain, de droite donc. Une escroquerie de plus. L’ancien socialiste Bernard Cazeneuve avait bien été courtisé par Macron, mais celui-ci voulant “rester droit dans ses bottes” et appliquer une ligne de gauche, il a rapidement été écarté. Ben voyons! Tout ça pour ça, donc! En dissolvant l’Assemblée sur un coup de tête, le président a mis la démocratie de son pays en péril, en prenant le risque de le remettre aux mains du Rassemblement national, et finalement il s’assoit sur la volonté populaire. Il y a fort à parier que Barnier s’appliquera à faire des courbettes au clan Le Pen-Bardella pour ne pas se faire censurer et trouver des compromis.

Car des atomes crochus avec l’extrême droite, il en a. D’ailleurs, depuis que Michel Barnier a critiqué la politique européenne et les Accords de Schengen en 2021, en appelant notamment à un renforcement du contrôle des frontières et à un durcissement de la politique nationale en matière d’expulsion des étrangers, le RN a déclaré qu’il avait «évolué positivement». Et ça n’est pas un compliment. A 73 ans et une carrière de député, de ministre et de commissaire européen derrière lui, il traîne quelques casseroles, notamment plusieurs votes en défaveur de l’avortement, contre le Pacs, mais aussi contre la Loi Gayssot, qui réprime tout acte raciste, antisémite ou xénophobe. Cette nomination est préoccupante et questionne beaucoup quant à l’avenir de la France. Par contre, ce qui est sûr, c’est qu’avec ce nouveau hold-up politique, Emmanuel Macron se décrédibilise, lui et son parti, une énième fois et déroule un tapis rouge pour l’extrême droite en 2027...