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Syndicats, églises et médecins unis contre le travail dominical

conférence de presse
© Thierry Porchet

Une large coalition regroupant syndicats, partis politiques, églises et autres organisations appelle à ne pas sacrifier le congé dominical sur l'autel du profit.

Alors que le Parlement envisage d’autoriser les commerces à ouvrir douze dimanches par an, un front commun s’oppose à ce projet, avec une nouvelle étude à l’appui.

Ce n’est pas tous les jours que les syndicats et les milieux religieux tirent à la même corde. Il fallait un projet de libéralisation du travail dominical pour sceller cette union hétéroclite. Ce 22 août, à Berne, l’Alliance pour le dimanche a donc présenté, avec une nouvelle étude à l’appui, ses arguments contre l’extension de l’ouverture des commerces le dimanche, en discussion au Parlement.

Cette coalition regroupe une trentaine de syndicats, partis politiques, organisations féminines, églises et associations religieuses, ainsi que la Société suisse de la médecine du travail. Ce qui hérisse tout ce monde, c’est l’initiative déposée au Parlement fédéral par le Canton de Zurich, qui vise à autoriser tous les magasins du pays à être ouverts douze dimanches par an sans dérogation spéciale, au lieu de quatre actuellement. L’initiative parlementaire Burkart sur le télétravail, lequel pourrait être imposé le dimanche, est aussi visée.

Pour leurs opposants, ces projets menacent l’équilibre entre vie privée et professionnelle, la santé, les loisirs, ainsi que la participation à des activités sportives, communautaires, associatives ou politiques, sans oublier, bien sûr, aux célébrations religieuses du dimanche. Afin d’étayer ses arguments, l’Alliance pour le dimanche a mandaté le Centre interdisciplinaire pour les études de genre de l’Université de Berne afin qu’il réalise une étude indépendante sur les effets du travail dominical, notamment sur la santé. Cette recherche a consisté à compiler la littérature scientifique existant sur le sujet, ainsi que les statistiques.

Facteur d’inégalités sociales
Ces dernières montrent qu’entre 2001 et 2019, le nombre absolu des employés qui travaillent régulièrement ou occasionnellement le dimanche a eu tendance à augmenter dans l’ensemble des secteurs économiques. Les femmes, les migrants et les emplois précaires sont plus touchés que la moyenne. Le travail dominical a ainsi tendance à accentuer les inégalités sociales, et il met en danger le bien-être physique, psychique et social. Les dégâts pour la santé vont des troubles du sommeil aux dépressions, en passant par des maladies cardio-vasculaires. La suppression des phases de repos du week-end augmente en outre le risque d’épuisement émotionnel. Par ailleurs, ce ne sont pas seulement les travailleuses et travailleurs concernés qui en souffrent mais aussi leurs familles. 

Les auteurs de l’étude soulignent toutefois que les recherches sont encore lacunaires dans ce domaine, car elles ne font souvent pas la distinction entre le travail du dimanche et d’autres horaires atypiques comme le travail de nuit, par exemple. De même, il est rarement précisé si cette activité dominicale est imposée par l’employeur ou choisie par les salariés. Or, bien que les études divergent quant aux effets du travail du dimanche sur la santé et sur le risque accru d’accidents, il apparaît que c’est surtout lorsqu’il n’est pas effectué volontairement que cela pose problème. 

Un secteur déjà très pénible
«Les effets d’une augmentation du travail dominical, notamment sur la santé des employées et des employés de la vente, de la logistique, du nettoyage ou de la sécurité sont extrêmement préoccupants pour nous les syndicats, déclare Vania Alleva, vice-présidente de l’USS et présidente d’Unia. Les horaires de travail dans la vente, où les employeurs exigent un maximum de flexibilité, sont déjà largement déréglementés et pénibles. Le temps de service morcelé, le travail en soirée et les changements de dernière minute dans le planning font partie du quotidien des salariés.»

La syndicaliste ajoute que dans trois quarts des votations qui ont eu lieu dans les communes ou les cantons, la population, solidaire avec le personnel de vente, s’est exprimée contre l’extension des ouvertures dominicales. D’ailleurs, une pétition lancée par les syndicats Unia et Syna contre les douze dimanches par an a récemment recueilli des milliers de signatures en très peu de temps. «Il y a déjà beaucoup d’exceptions qui permettent, si nécessaire, de faire des courses le dimanche», rappelle Vania Alleva.

Florence Quinche, responsable du service Éthique et société des églises catholiques estime que «le dimanche, comme jour de congé commun pour toutes et tous remplit une fonction sociale et religieuse importante», notamment pour le rassemblement de la communauté chrétienne. «C’est un temps privilégié pour prendre soin des autres, qu’il s’agisse de sa famille, des personnes âgées ou isolées, de ses enfants ou encore des plus démunis.»

Davantage qu’un simple jour de congé
Yvonne Feri, présidente des Femmes protestantes, abonde: «Le dimanche est plus qu’un simple jour de congé. Il est un droit à la déconnexion, un espace protégé établi depuis des décennies.»

L’Alliance pour le dimanche appelle les politiques et la société à ne pas sacrifier le dimanche aux intérêts économiques à court terme. «Une pause hebdomadaire est nécessaire pour faire face aux exigences toujours plus grandes du monde du travail, écrit-elle dans son communiqué. Le congé du dimanche est un pilier de la vie familiale, sociale, sportive, spirituelle et culturelle. C’est pourquoi le travail rémunéré doit rester limité ce jour-là aux activités professionnelles qui sont indispensables à la société.»

Résultats complets de l’étude : www.alliance-dimanche.ch

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