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Salaires indécents sur un chantier delémontain

2800 francs net par mois pour monter les tentes du Comptoir: Unia dénonce ce dumping aux autorités et exige des salaires décents

Les travailleurs œuvrant au montage des tentes du prochain Comptoir delémontain ont participé le 25 août dernier à une action d'information et de protestation d'Unia. Pour la plupart engagés par une agence de placement, ces jeunes salariés gagnent moins de 3000 francs net par mois. Unia a dénoncé ce cas de dumping inacceptable aux autorités cantonales.

Mardi 25 août, peu avant 13 heures, sur le chantier du Comptoir delémontain dont l'ouverture des portes est programmée le 16 octobre prochain... Les jeunes ouvriers chargés du montage des tentes arrivent au travail. Ils sont sept, pour la plupart engagés par l'agence de placement Act Pro, pour le compte de la société du Comptoir SA. Une équipe de permanents d'Unia Transjurane les attend sur leur lieu de travail et tous participent à une séance d'information et de soutien. «Vous faites un travail difficile pour lequel on vous donne un salaire indécent», leur déclare le secrétaire syndical Armenio Cabete. Et pour cause, ces personnes gagnent 3244 francs brut par mois, autrement dit moins de 2800 francs net! Et ils gagneraient moins encore s'ils n'avaient pas exigé et obtenu un franc de plus à l'heure! «Ce salaire ne leur permet même pas de vivre de leur travail. Et pourtant, ce qu'ils font est pénible, difficile et dangereux, surtout lorsqu'il s'agit de monter des structures métalliques.» Pour le syndicaliste, cette activité mérite au moins 4393 francs brut, autrement dit le salaire minimal prévu pour les manœuvres par la Convention nationale du secteur principal de la construction. «Leur travail est tout à fait comparable à celui d'un manœuvre.»

Une tendance dangereuse
«C'est bon de savoir qu'on est soutenu par le syndicat et je suis vraiment content de voir qu'on se préoccupe de nos conditions de travail, qu'on vienne nous voir sur le chantier», commente l'un des ouvriers. Leurs contrats de travail comprennent deux volets: trois mois pour le montage du Comptoir et trois autres mois pour le démontage. «Nous demandons donc à l'employeur de revoir le nouveau contrat à la hausse», annonce Armenio Cabete.
Ce cas n'est pas isolé, loin s'en faut. «Généraliser des rapports de travail avec des mandats de ce type met en péril l'équilibre social, en plus d'exercer une pression évidente sur les salaires. La crise actuelle pourrait provoquer une multiplication des «petits boulots» mal rémunérés. Les pouvoirs publics, en stigmatisant systématiquement les personnes au chômage, poussent nombre de travailleurs à accepter l'inacceptable.» En effet, «il est facile de toujours brandir la sacro-sainte liberté contractuelle. En réalité, les travailleurs menacés par le chômage n'ont aucun choix.»
La société du Comptoir SA a pour sa part déclaré dans la presse que ces salaires étaient «raisonnables»... Unia a dénoncé ce cas au Samt, le Service cantonal des arts et métiers et du travail dont les responsables ont assuré qu'ils mèneraient une enquête. Affaire à suivre...

Pierre Noverraz