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Pour un écologisme radicalement populaire

Fresque réalisée sur le bitume.
© Olivier Vogelsang

En face de Credit Suisse, sur la place Bel-Air à Genève, une grande fresque symbolique a été réalisée vendredi dernier par des organisations engagées pour le climat et les droits humains, dont Breakfree, Abya Yala Suiza et la Grève pour l’avenir. Elles appellent ainsi la banque à mettre un terme à ses investissements dans la construction d’un pipeline de pétrole bitumineux aux Etats-Unis. Passant à travers la région des Grands Lacs, ce pipeline menace la plus grande réserve d’eau du continent américain et viole les droits du peuple autochtone Anishinaabe. L’occasion aussi de rappeler l’importance de la finance helvétique dans les dangers pour l’environnement qui affectent la planète, deux semaines avant la Grève pour l’avenir du 21 mai.

La Grève pour l’avenir, qui comprend la Grève du climat, Unia, le SSP, la Grève féministe et les Grands-parents pour le climat entre autres organisations, appelle à la mobilisation le 21 mai 2021

La neutralité carbone d’ici à 2030, une protection conséquente et ambitieuse de notre environnement commun, ainsi qu’un état d’urgence climatique, telles sont les revendications principales de la Grève pour l’avenir. Mais pas que. Car le mouvement réunissant syndicats, écologistes, féministes et antiracistes lutte aussi pour la justice climatique et sociale. «Notre écologisme est radicalement populaire. La transition écosociale pour laquelle nous nous battons ne doit laisser personne de côté. Nous réclamons la réduction du temps de travail, un revenu de transition écologique et des reconversions professionnelles financées solidairement», écrit la région neuchâteloise de la Grève pour l’avenir. Solenn Ochsner, secrétaire syndicale d’Unia, souligne que «les inégalités écologiques renforcent les inégalités sociales». Car les personnes les plus précaires, ayant le moins de responsabilité dans le réchauffement, sont les plus touchées, un processus poussant déjà des millions de personnes sur les chemins de l’exil.

Canicules

«La plupart d’entre nous ne disposent pas de jet privé et de bunker en Nouvelle-Zélande pour échapper aux conséquences des désastres causés par nos investissements, explique la Grève pour l’avenir Fribourg. Et si la Terre devait devenir une étuve, cela se fera bien plus fortement sentir sur les chantiers qu’à l’ombre des bureaux climatisés.» François Clément, cosecrétaire régional d’Unia Fribourg, souligne que le réchauffement climatique est déjà une réalité, avec des conséquences dramatiques sur les lieux de travail: «Nos lois sont insuffisantes ou trop floues pour permettre de protéger correctement les travailleurs et les travailleuses de ce pays lors de canicules. Et quand elles existent, leur application fait défaut. Au point que les syndicats doivent bloquer des lieux de travail pour protéger le personnel. Et pourtant, ce n’est qu’un détail à l’échelle de la catastrophe annoncée par la communauté scientifique.»

Contre le capitalisme

La défense du service public, d’un système de santé digne de ce nom, des transports publics gratuits, sont également au cœur des revendications, tout comme la refonte du système de production, ou encore l’antiracisme et la lutte contre le patriarcat. «La surexploitation de la nature, des femmes, des personnes issues de communautés minoritaires et du Vivant a une même origine: les systèmes de domination patriarcale, capitaliste, néolibérale et colonialiste», explique Coraline Bénon du collectif neuchâtelois pour la Grève féministe.

Ce 21 mai est donc un premier jalon pour renforcer les liens entre les mouvements contre «un système économique destructeur». L’importance des luttes paysannes et de la promotion d’une agriculture durable et solidaire, de la culture et de l’éducation, ou encore la nécessité de repenser nos mobilités sont aussi intégrées dans le manifeste unitaire. La réponse insuffisante de la part des autorités et la responsabilité de la place financière dans la crise climatique sont dénoncées.

Pour une reconversion

Le 21 mai, à midi moins une, une alarme climatique retentira sur les lieux de travail et d’études, ainsi que dans les rues de Suisse pour alerter sur l’urgence de la situation.

«J’ai proposé à des camarades d’Holcim de faire retentir cette alarme climatique sur le Mormont, mais ils ont peur de perdre leur emploi, souligne Eric Ducrey, co-vice-président de la construction d’Unia Fribourg et militant écologiste. J’ai envie de dire à mes camarades ouvriers de penser à l’avenir. Le béton va obligatoirement diminuer. C’est à eux de prendre les choses en main pour continuer à travailler de manière durable. Ils doivent réclamer des formations, pousser aux changements. Ce n’est plus possible de gaspiller autant de béton et de goudron.»

Lors de la Marche du 1er Mai à Lausanne, Gary Domeniconi de la Grève du climat Vaud rappelait notamment qu’écologie et économie ne sont pas ennemies. De son côté, Solenn Ochsner précise: «Il est nécessaire de garantir la possibilité d’une reconversion professionnelle pour tous les travailleurs et les travailleuses en accord avec leur éthique. L’état d’urgence climatique doit financer un revenu de transition écologique pour ne laisser personne sur le carreau.»

Grève pour l’avenir, quelques rendez-vous

Plus de 75 actions sont prévues dans toute la Suisse le 21 mai 2021. A noter déjà:

Neuchâtel

11h59: Alarme climatique devant Espacité à La Chaux-de-Fonds, à la place Pury à Neuchâtel et de manière décentralisée sur les lieux de vie et de travail.

18h: Manifestation depuis la place Rouge, aux Jeunes-Rives à Neuchâtel.

Fribourg

11h30: Début de la Grève étudiante.

11h59: Alarme climatique décentralisée sur les lieux d’études et de travail.

14h: Manifestation unitaire depuis la place Python, puis prises de parole dès 15h.

Genève

16h: Rassemblement sur la plaine de Plainpalais. Manifestation dès 17h.

Lausanne

13h30: Manifestation des étudiants depuis la gare.

17h30: Manifestation unitaire vaudoise depuis la Riponne.


Carte des événements sur: grevepourlavenir.ch

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Bien que passant encore trop souvent au second plan, les questions climatiques, et notamment la baisse du temps de travail, trouvent davantage leur place dans les comités d’entreprises et les revendications. Photo: manifestation de la Grève pour l’avenir à Lausanne, avril 2022.

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