«Notre projet est vidé de son sens»

Le comité unitaire pour un salaire minimum cantonal estime que le contre-projet ne répond pas aux objectifs de politique sociale qu’il poursuivait.
Le contre-projet élaboré par le Conseil d’Etat à la double initiative pour un salaire minimum cantonal vaudois fâche le Comité unitaire à son origine qui promet de se battre.
«Nous sommes fâchés et déçus. Notre projet est vidé de son sens. Il n’en reste plus que le nom ou presque.» Coprésident du Comité unitaire pour un salaire minimum vaudois et secrétaire régional d’Unia, Arnaud Bouverat réagit au contre-projet du Conseil d’Etat présenté le 11 avril. Et dénonce «un record national d’exceptions et de nombreuses insécurités juridiques» susceptibles de retarder l’application du salaire minimum de plusieurs années. Concrètement, il déplore le fait que l’Exécutif renonce à donner une base constitutionnelle au salaire minimum cantonal, ouvrant ainsi la porte à un recours à la Cours constitutionnelle «par n’importe quel justiciable». Avec, à la clé, le risque que des mois, voire des années se passent avant son traitement. Le syndicaliste critique par ailleurs un calcul de salaire minimum trop bas. Les initiants avaient demandé 23 francs de l’heure en 2023. Il fallait donc, selon eux, tenir compte de l’évolution des prix entre cette année et 2027, année de son introduction potentielle. Le Conseil d’Etat a préféré s’en tenir au montant articulé et a supprimé tout mécanisme automatique d’indexation, le laissant à la libre appréciation du Conseil d’Etat. «Du coup, la prise en compte du renchérissement dépendrait de la situation économique du Canton, des patrons, du taux de chômage... Cette manière de procéder ne répond pas à nos objectifs de politique sociale.»
Arnaud Bouverat s’indigne surtout du nombre de dérogations possibles avec le contre-projet, ce dernier reprenant le principe de la motion Ettlin qui entend faire primer les rémunérations des conventions collectives de travail et des contrats-types de travail sur le salaire minimum. «Cette décision porterait préjudice aux employés de différentes branches, comme le personnel de l’hôtellerie-restauration, du nettoyage, les personnes travaillant à la garde d’enfants...» La longueur des délais avant l’entrée en vigueur d’un salaire minimum est aussi critiquée par les initiants. «Cette situation dénote un mépris pour les 16000 signataires de nos initiatives et surtout pour les salariés les plus précaires qui ne bénéficieront pas d’un salaire minimum avant 2027.» Le comité unitaire promet qu’il continuera à se battre pour fait entendre ses arguments à la Commission du Grand Conseil après que le Département de l’Economie les ait balayés...