L’année 2025 est à bout touchant. Certes, le climat géopolitique, social et économique actuel n’est pas des plus rassurants. Mais si on cherche bien, on devrait trouver des perspectives réjouissantes pour 2026. Facile, un événement sportif et populaire qui fédère les peuples: la Coupe du monde de football, qui aura lieu en juin prochain aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique. Ça, c’est une bonne nouvelle. En plus, les experts suisses du ballon rond disent que la Nati a eu de la chance au tirage au sort. Tout va bien, donc, non?
Eh bien, désolée de casser l’ambiance, mais ce Mondial fait jaser. Déjà, peut-on revenir sur ce moment lunaire du tirage au sort, le 5 décembre dernier, lors duquel Donald Trump a reçu le premier «Prix de la paix» décerné par la FIFA? Non, ce n’est pas une blague. Le président américain est donc le premier lauréat d’un prix censé récompenser «les énormes efforts d’individus qui unissent les gens et apportent l’espoir aux générations futures». Tu parles d’un espoir! Il a même osé déclarer que, depuis sa réélection, le monde était «plus sécurisé que jamais». Pour sûr, les dés ont été pipés. Human Rights Watch a demandé à la FIFA une liste des candidats, des juges et des critères: sans surprise, elle n’a jamais obtenu de réponse. Une coalition d’organisations de défense des droits humains, de syndicats et de groupes de supporters et de supportrices, pointe un contexte préoccupant aux Etats-Unis à moins de 200 jours du coup d’envoi de la Coupe du monde: escalade des violences contre les personnes migrantes, déploiement de la Garde nationale dans les villes qui accueilleront les matchs, décision absurde de la FIFA d’annuler ses propres campagnes antiracistes et antidiscriminatoires ou encore menaces sur la liberté de la presse et les droits des manifestants pacifiques. Pour cette coalition, les conditions ne sont pas réunies pour que cette compétition soit un espace sûr pour tous, indépendamment de la position politique, de l’opinion ou du statut d’immigration. Elle exige de la FIFA qu’elle impose à Trump des garanties contraignantes en ce sens.
Bon, on fera mieux les prochaines fois? Au risque de vous décevoir, j’ai bien peur que non… Accueillir une telle compétition internationale nécessite des infrastructures et des investissements colossaux, qui se font souvent au détriment de la dignité et des droits des travailleurs. On aurait espéré que le nombre de morts sur les chantiers au Qatar et les scandales successifs sur les conditions de travail et de vie des ouvriers migrants inspirent les futurs pays hôtes à faire mieux. Hélas, non. L’Arabie saoudite, qui a inauguré son premier métro à Riyad, notamment en vue de la Coupe du monde de 2034, a récemment été épinglée dans un rapport d’Amnesty International qui dénonce une décennie d’exploitation et d’atteintes graves aux droits humains des travailleurs. Finalement, c’est bien toujours les mêmes qui perdent la partie…