Les soins au centre de tables rondes prometteuses

Au siège d’Unia Genève, ce n’est pas le soir des grandes foules, mais le directeur des lieux, Yves Defferrard, en est sûr: «Dans ce genre d’aventures, on débute toujours par petits cercles et on finit par attirer bien plus de monde.» Le 7 avril passé, donc, un panel restreint d’acteurs politiques, de figures des mondes associatif et syndical, s’est retrouvé pour ouvrir les débats autour du «Manifeste du care», publié il y a un mois environ. Conçu entièrement par les professionnelles de la branche – un fait inédit à ce jour – avec l’aide de deux hautes écoles spécialisées suisses et par Unia, le document prône une amélioration radicale dans un secteur, celui des soins de longue durée, traversé par une longue crise structurelle. La publication rappelle les nombreux points critiques qui accablent la branche. A savoir notamment, l’épuisement physique des équipes soignantes, la pénibilité des horaires, la standardisation des gestes professionnels et la logique du rendement, qui a réduit à l’os le temps disponible pour interagir socialement avec les patients. 

Les dénonciations du manifeste ont trouvé écho dans les témoignages de deux professionnelles présentes lors de cette table ronde, l’une infirmière, l’autre aide-soignante. «Il manque désormais un vrai suivi dans les soins, alerte l’une d’entre elles. Cela est dû à l’absence de contacts relationnels, à des horaires qui ne cessent de changer et qui nous épuisent.» Cet état de fait décourage les nouvelles vocations. Et comme le rapporte le coresponsable de la branche des soins Unia, Enrico Borelli, «le taux de rotation dans ce métier est extrêmement élevé, il atteint 28% du personnel par année». 

En concluant les échanges, il a été convenu de créer un groupe de travail et d’élargir le plus possible le nombre et les profils des participants. Les prochaines étapes doivent mener lentement vers les objectifs fixés pour 2035, avec un domaine des soins efficient et au cœur des préoccupations de la société.