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Les Latinos pris pour cible

Trump peut souffler, la Cour suprême des Etats-Unis a tranché le 8 septembre en sa faveur: les contrôles au faciès vont pouvoir reprendre plein pot! Durant l’été, les juridictions de première instance, puis d’appel avaient estimé que, quand même, ces interpellations massives de Latino-Américains dans la région de Los Angeles, sous prétexte de faire la chasse aux clandestins, étaient contraires au Quatrième amendement de la Constitution. Qui protège les individus de ce genre d’arrestations arbitraires en exigeant au moins une «suspicion raisonnable». Cela n’aura été que de courte durée. L’organe judiciaire suprême, composé de neuf juges à majorité conservateurs, est revenu en arrière, ouvrant grand la porte à ces pratiques humiliantes et discriminatoires. Voilà donc ce qui se passe aujourd’hui aux Etats-Unis: si je parle espagnol ou anglais avec un accent étranger, que j’ai une apparence latino et que j’exerce une activité ou alors que je me trouve dans un lieu associé à la main-d’œuvre immigrée, c’est-à-dire un arrêt de bus, une station de lavage de voiture, une exploitation agricole ou un magasin de bricolage, eh bien! je suis susceptible de me faire contrôler, fouiller ou arrêter. 

 

La juge Sonia Sotomayor, première Latino-Américaine à accéder à la Cour suprême, aura tenté de s’opposer, dénonçant la création d’un «statut de citoyen de seconde zone», en vain… Ces descentes de police, littéralement des raids pour arrêter des travailleurs précaires venus vivre leur rêve américain et fuir la misère ou la dangerosité de leur pays, sont un pur scandale. Les méthodes musclées de cette police de l’immigration (ICE) répandent un climat de terreur au sein de ces communautés et sont souvent pointées par les associations de défense des droits humains, qui dénoncent du profilage racial. L’un des plaignants raconte dans la presse qu’il a été arrêté sans jamais qu’on lui montre de mandat ni qu’on lui explique pourquoi. «J’ai été traité comme si je ne valais rien: enfermé, dans le froid, affamé et sans avocat.» Et de qualifier la décision de la Cour suprême de «racisme avec un badge»...

 

La polémique a enflé au point de provoquer de violentes manifestations en Californie, réprimées par la Garde nationale envoyée par Donald Trump. Des milliers de militaires ont été déployés, contre l’avis du gouverneur de l’Etat. On n’en attendait évidemment pas beaucoup mieux du président, qui avait promis, lors de sa seconde investiture, «la plus grande opération d’expulsions de l’histoire américaine», à savoir mettre dehors un million d’immigrés. Pourtant, on sait que l’immigration est un pilier essentiel de la croissance de la première puissance mondiale. Elle fournit une main-d’œuvre indispensable au pays, notamment dans l’agriculture où 42% des ouvriers n'ont pas d'autorisation pour travailler aux Etats-Unis, sans oublier les secteurs du bâtiment et de l’hôtellerie-restauration. Land of freedom, surnommait-on ce pays, dont l’image de terre d’accueil et des libertés est désormais bien loin.