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Les Fonderies de Moudon à bout de souffle

Suite à la révocation du sursis concordataire la faillite de l'entreprise apparaît imminente

Alors que les Fonderies de Moudon devaient célébrer leurs 150 ans ce mois-ci, elles pourraient bien mettre la clé sous la porte. Au bord de la faillite, l'entreprise, dont la totalité des employés a été licenciée et les fours éteints, a deux options: déposer le bilan ou que l'un de ses créanciers déclare sa faillite. Unia, sollicité récemment, est chargé de soutenir les travailleurs dans leurs démarches administratives et juridiques.

La faillite des Fonderies de Moudon n'est plus qu'une question de jours. Le sursis concordataire de six mois qui leur avait été accordé le 5 mars a été révoqué le 5 juillet dernier par le Tribunal d'arrondissement de la Broye et du Nord vaudois. L'entreprise, basée à Moudon depuis près de soixante ans et qui aurait fêté ses 150 ans ce mois-ci, n'a plus que deux issues: «Soit un créancier met la société en faillite, soit cette dernière demande le dépôt de bilan», expose Jean-Marc Cuany, secrétaire syndical spécialiste des questions juridiques chez Unia. Endettées à hauteur de plus de 4 millions de francs en partie à cause de la hausse des prix de l'électricité, les Fonderies ont licencié la totalité de leur personnel, soit 27 personnes, à la fin juin. Quelques jours plus tard, les fours étaient éteints. Tant qu'il y a du travail, les ouvriers sont présents, notamment pour effectuer des tâches de rangement et de nettoyage. Cependant, l'espoir de voir les Fonderies rebondir est quasi nul. «L'entreprise est à bout de souffle, reconnaît le syndicaliste. On peut dire qu'elle est cliniquement morte...»

17 employés mandatent Unia
Si les Fonderies venaient à arrêter toute activité avant la fin septembre - une hypothèse fort probable selon Jean-Marc Cuany -, le risque serait que les délais de congé contractuels ne soient pas consommés. C'est là que le syndicat intervient. «Unia a été sollicité lors de la dernière ligne droite et seul un employé était syndiqué, précise le secrétaire syndical. Il était donc bien trop tard pour tenter de négocier un quelconque plan social, voire d'envisager d'éventuels débrayages préalables afin de faire plier la direction dans ce sens. Partant de là, le rôle du syndicat se limite dès lors au traitement de la faillite et au soutien des travailleurs dans leurs démarches administratives et juridiques.» A l'heure actuelle, 17 employés ont mandaté Unia pour les représenter. Dans le cas où l'entreprise ne paierait pas les préavis dans leur totalité, les employés seraient alors dans l'obligation de rédiger dans un premier temps des lettres de mise en demeure nominatives contre leur employeur, puis, le cas échéant, à l'attaquer par voie prud'homale afin de faire reconnaître leur créance et de permettre ainsi l'accès anticipé du droit aux indemnités chômage (subrogation). Néanmoins, tout ceci reste, pour le moment, à l'état d'hypothèse.

Moral à zéro
Pour Joao Runa, qui travaille aux Fonderies depuis 24 ans et est syndiqué chez Unia, l'heure est à la désillusion. «On ne sait pas grand-chose et à part le syndicat, personne ne nous soutient. C'est démoralisant.» Une situation à laquelle les ouvriers ne s'attendaient pas. «Les problèmes de l'entreprise ont toujours été résolus. On nous a promis qu'on s'en sortirait. Il y a un an, la direction nous parlait d'investissements mais pour finir, c'était faux, rien n'a jamais été acheté. Malheureusement, on s'est réveillés trop tard pour agir et revendiquer nos droits.» Les travailleurs, pour certains présents dans l'entreprise depuis 25 ou 30 ans, essayent de préparer tant bien que mal leur avenir. «Même si c'est difficile de retrouver un emploi, notamment pour les plus âgés d'entre nous, on essaie de ne pas baisser les bras et de rester confiants.»


Manon Todesco