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Les experts d’UBS au chevet de nos retraites…

Quand UBS prend des vessies pour des lanternes… ou des millions pour des milliards, le tout pour nous vendre la retraite à 66 ans et plus… Dans un communiqué très officiel diffusé le 24 janvier, intitulé «AVS 2030 – Scénarios pour l’âge de la retraite», notre grande banque «systémique» fait part des résultats d’une nouvelle étude menée par ses experts en prévoyance et ceux de l’Université allemande de Fribourg-en-Brisgau. Que dit cette étude? Simplement qu’au vu des déficits de financement passés et à venir de l’AVS, seule une augmentation de l’âge de la retraite permettra d’assurer un avenir radieux à nos aînés. Voyez plutôt: en 2019, selon les experts, le déficit de l’AVS «était encore de quelque 1165 milliards de francs». Avec la Réforme fiscale et de financement de l’AVS, il s’est réduit en 2020 à un peu moins de 909 milliards, et grâce à AVS 21, il devrait diminuer à 654 milliards ce qui représente «environ 90% du PIB de 2019». Etrange. 90% de toutes les richesses produites en Suisse en une année? On est rassuré quand les experts annoncent que les finances seront équilibrées jusqu’en 2030. Et un peu moins quand ils prétendent qu’ensuite les déficits se creuseront à nouveau. Mais la banque a la solution. Elle décline quatre scénarios pour réformer notre premier pilier, chiffres à l’appui: porter l’âge de référence à 66 ans tout de suite après la mise en œuvre d’AVS 21, à 67 ans d’ici à 2040, ou encore le lier à l’espérance de vie. Et là, bingo, son quatrième scénario propose de passer à 66 ans en 2034 puis d’allonger l’âge de la retraite chaque année selon l’accroissement de la durée de vie, ce qui permettrait d’arriver à 68,2 ans d’ici à 2070. Cette proposition, note UBS, «est conforme à l’initiative sur les rentes». L’initiative sur les rentes? Ah oui, celle des jeunes libéraux-radicaux demandant la retraite à 66 ans puis son allongement automatique selon l’espérance de vie. Une initiative qui passait, comme par hasard, deux jours plus tard devant la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil des Etats…

Pour arriver à ses fins, et en fins limiers du lobbyisme – car pour les banques, le démantèlement de l’AVS est une aubaine, garantissant le développement de juteux troisièmes piliers – UBS n’a pas hésité à jouer avec les chiffres. Et plus c’est gros, plus c’est efficace! Ainsi, les prétendus déficits justifiant leurs scénarios, les experts de la banque les ont multipliés par… 1000! Rien que ça. En réalité, en 2019, le déficit de répartition de l’AVS était de 1,17 milliard et non de 1165 milliards. Mais surtout, ce manque a pu être versé aux retraités sans endettement, grâce aux résultats des placements du Fonds de compensation. Cette année-là, l’AVS a même réalisé un «bénéfice» de 1,68 milliard – ou 1680 millions! On est loin de la perte abyssale présentée par les experts d’UBS! Cette même banque qui a été renflouée à coup de milliards par la Confédération pour éviter la faillite durant la crise de 2008…

Le coup de pouce d’UBS à l’initiative des jeunes PLR n’aura finalement pas atteint son but. La Commission des Etats a appelé son Conseil à rejeter le texte. Certes, non pas pour bloquer la hausse de l’âge de la retraite, mais parce qu’il faut donner le temps à AVS 21 de déployer ses effets et qu’une nouvelle réforme est d’ores et déjà prévue à l’horizon 2026. Cette même Commission a aussi décidé de refuser l’initiative pour une 13e rente AVS. Une hausse qui ne serait qu’une broutille face aux affabulations d’UBS. Mais un supplément essentiel pour les retraitées et les retraités qui, avec l’inflation et l’envolée des primes maladie, voient leur pouvoir d’achat diminuer drastiquement.

En conclusion, la mobilisation sera à nouveau à l’ordre du jour pour contrer la hausse de l’âge de la retraite, et obtenir une 13e rente afin de garantir une vie digne à nos aînés. D’ici là, au vu des talents de mathématiciens des experts en prévoyance d’UBS, prenons garde de ne pas leur confier nos salaires et nos rentes, ni nos capitaux du deuxième pilier! A moins qu’ils les multiplient par mille…