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Les aînés face aux nouvelles technologies

Aîné sur un smartphone.
© Gauthier

Pas simples les nouvelles technologies pour les retraités. Le Comité romand d’Unia déplore le manque de formations disponibles.

Le Comité romand des retraités d’Unia s’est réuni en novembre pour aborder la question de la numérisation et de ses répercussions dans leur quotidien. Débat nourri

La numérisation était au cœur du dernier Comité romand des retraités d’Unia, réuni le 11 novembre à Sierre. La numérisation ou plutôt la problématique des aînés face aux nouvelles technologies, comme l’a rappelé le président Jean-Marc Bonvin. Une vingtaine de délégués de toute la Romandie étaient présents. La discussion est allée bon train, témoignant des difficultés rencontrées mais également de la fibre syndicale des participants.

«La situation est difficile, nous devons être aidés. De mon côté, j’ai la chance d’avoir mes enfants et mes petits-enfants à la maison», souligne le président. «Aujourd’hui, on forme des gens pour compliquer les choses», remarque Claude Amy d’Yverdon, expliquant qu’il doit demander à sa fille pour se munir d’un billet de train. Pour Eric Voruz, ancien secrétaire syndical, la question des billets est aujourd’hui résolue: «Avant, je les prenais toujours au guichet pour sauver des postes de travail. Puis, ils l’ont remplacé par des automates compliqués. Pas facile quand on a une file de gens qui trépignent derrière nous… Maintenant, avec l’application Fairtiq sur mon smartphone, la vie est plus simple. Elle s’enclenche quand je monte dans un train ou sur un bateau. C’est pratique, mais on nous oblige à nous informatiser. Nous devons aider nos collègues à s’y mettre.» Il explique que certains membres retraités n’ont pas encore d’e-mail. «On est complètement largués, ajoute son collègue d’Yverdon. Moi, je sors de la mécanique. Quand j’ai pris ma retraite, j’avais encore une lime dans la poche. Maintenant, les jeunes sont penchés sur une machine à commande numérique. En vingt minutes, ils font des réglages qui nous prenaient, à nous, trois jours…»

Le Veveysan Jean-Paul de Regibus regrette l’absence de cours spécifiques. «La majorité d’entre nous sont des autodidactes», note-t-il. Un constat partagé par John Amos de Neuchâtel: «Nous avons dépassé les nouvelles technologies qui datent des années 1970. Là, nous sommes dans une fracture numérique. Il est essentiel de se former. Mais ce qui nous est offert par notre institut de formation syndicale ne correspond pas à nos besoins qui relèvent d’une utilisation au quotidien.» Daniel Heizmann de Moutier souligne l’évolution constante des outils informatiques: «Ce n’est pas le tout d’apprendre, il faut aussi pratiquer», ajoute-t-il, avant d’inviter à faire une démarche auprès de Movendo pour obtenir une offre de cours adaptée.

Résistance au self-scanning!

Autre problème évoqué par Marianne Guerne de Transjurane, les caisses automatiques dans les magasins: «J’étais allée exceptionnellement faire mes courses un samedi après-midi. J’attendais à la caisse lorsqu’une vendeuse m’a pris mon panier pour l’amener au self-scanning. J’ai tenté de résister: rien à faire. Je lui ai dit: “Rendez-vous compte que vous sciez la branche sur laquelle vous êtes assise?” Elle m’a répondu: “Je n’en ai rien à faire, dans dix ans je serai à la retraite”…» Un délégué fribourgeois raconte qu’il lui arrive de solidariser des clients avec le personnel: «Parfois, toute la queue du scan se retrouve à la caisse! Un jour, une vendeuse m’a aussi pris mon panier pour aller au scan. Je lui ai demandé si j’avais le droit à 15% de rabais vu que je devais faire tout le travail…» «Est-ce que cette machine paie l’AVS, les impôts?» interroge le retraité veveysan. Alors qu’un autre, indiquant qu’il y a vingt ans encore, les caissières arrangeaient les courses dans le cabas, appelait à poursuivre cette résistance passive.

Débat futur et prise de congé

La question de la discrimination des retraités dans tous les domaines de la vie quotidienne avait été abordée lors d’une séance précédente. Revenant sur ce sujet, le président des retraités d’Unia Transjurane, Denis Berger, a proposé de discuter du lancement d’une initiative «accès facilité» pour les aînés. Puis Robert Roth de Moutier, figure marquante du comité, a pris congé de ses camarades. Engagé en 1970 à la section FTMH à l’époque de l’initiative Schwarzenbach, il parle de sa première mission: aller récupérer les membres démissionnaires, fâchés de la position du syndicat à ce sujet. Puis est venue la «catastrophe horlogère» de 1975: «Des milliers de personnes ont été touchées, deux tiers des emplois ont disparu. Les Trente Glorieuses étaient bien finies.» Il raconte ensuite son passage à la FOBB et sa fierté des victoires collectives: l’abrogation du statut de saisonnier et la retraite anticipée dans le bâtiment. «J’ai vu des gens travailler à plus de 60 ans, qui pleuraient de douleurs.» Il salue encore la création d’Unia: «Heureusement que le syndicat est là, s’il n’existait pas, que se passerait-il?» Et le retraité de conclure, en évoquant sa surdité: «Un conseiller aux Etats jurassien m’a dit un jour: “Tu as toutes les caractéristiques des politiciens: tu es sourd mais pas muet!”» se souvient-il dans un grand éclat de rire, avant de remercier ses collègues pour tout ce qu’ils lui ont apporté.

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