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Le sourire pour résistance

Inspirée par son vécu et celui d’autres jeunes, Albina Kurtisi traite dans son livre, «L’apprenti, cet abruti», du problème du mobbing. Touchant.

Alma, apprentie dans le service juridique d’une entreprise, se heurte à une formatrice plus encline à la dénigrer qu’à lui apprendre son travail. Figure d’autorité inflexible, celle-ci la soumet à une pression constante, entre humiliations, isolement méthodique et interdiction de se confier à ses collègues. Et tous les efforts de l’adolescente pour donner satisfaction à sa supérieure restent vains. Evoluant dans un climat de peur et de manipulations, Alma fait profil bas, armée de son seul sourire en guise de résistance. Jusqu’au jour où, à bout, elle ose briser le mur du silence et alerter un chef sur l’attitude de l’encadrante. Rédigé dans un langage simple, le récit met en lumière les injustices et les vexations à répétition subies par l’apprentie prise en grippe, sans raison, par sa référente, jusqu’à ce que se libère la parole...

 

Des formes de maltraitance

«C’est un roman autobiographique, inspiré de mon vécu, mais aussi de celui d’autres jeunes», précise Albina Kurtisi. L’auteure, qui travaille aujourd’hui pour la Confédération, est en effet passée par la case apprentissage. Titulaire d’un CFC d’employée de commerce, elle s’est servie de son expérience et de celle de ses pairs, et affirme que le mobbing est fréquent dans le milieu de la formation professionnelle. «Il peut prendre différentes formes. Nombre d’apprentis subissent de la maltraitance. Nous en parlions souvent entre nous.» Selon elle, les personnes œuvrant comme commissaires d’apprentissage n’offrent pas non plus de garanties contre cette dérive. «Dans mon cas par exemple, la commissaire connaissait ma formatrice. Difficile dès lors de se confier, de lui faire confiance. On peut aussi se poser des questions quant au crédit accordé à la parole d’un jeune de 15-16 ans contre celle d’un adulte?» poursuit Albina Kurtisi, dont l’héroïne de son histoire, paralysée par la peur d’être virée, gardera ses souffrances pour elle deux ans durant. Alors que ses parents lui conseilleront aussi de serrer les dents...

 

L’écriture, remède à la timidité

«Beaucoup d’apprentis se trouvent dans des situations similaires. J’ai écrit cet ouvrage pour eux, mais aussi pour les formateurs. Pour attirer leur attention sur des situations qui ne sont pas toujours, à tort, considérées comme du mobbing», ajoute Albina Kurtisi, soucieuse de médiatiser la problématique dans l’espoir de sa résolution.

Bien que travaillant à plein temps, la fraîche trentenaire trouve des espaces pour écrire, notamment lors de ses trajets quotidiens en train. «C’est une passion. Plus jeune, j’étais très timide. Je craignais de m’exprimer. L’écriture m’a aussi permis de me libérer de tout ce qui n’allait pas, y compris dans cette dernière publication», indique encore la Macédonienne d’origine, arrivée à Moudon en 2001 avec sa famille, fuyant la guerre. «J’étais alors âgée de 6 ans. C’était difficile. Je ne parlais qu’albanais. J’avais le sentiment d’être différente même si ce n’était finalement pas vraiment le cas», indique l’auteure, qui racontera son exil dans un premier livre, Au nom de mon père

Aujourd’hui, Albina Kurtisi réfléchit à un nouvel ouvrage. On ne doute pas que cette femme déterminée, qui aime aider les gens, débattre et chercher des solutions, trouvera un autre sujet propre à faire mouche...

Réinjecter de l’humain

Secrétaire nationale à la jeunesse d’Unia, Félicia Fasel salue l’initiative, rappelant que, selon un récent sondage d’Unia, les cas de mobbing dans le cadre de l’apprentissage sont fréquents. «36% des jeunes interviewés ont dit vivre ou avoir vécu du harcèlement moral sur leur lieu de travail et 15% de manière fréquente.» Dans ce contexte, la syndicaliste estime que sont importants tous les outils favorisant la sensibilisation et la discussion sur la problématique. Et rappelle la nécessité de «réinjecter de l’humain dans la formation professionnelle».

 

photo du livre

«L’apprenti, cet abruti», Albina Kurtisi, éditions Le Lys Bleu, 2025, 124 pages.

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