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Le Conseil fédéral remet en jeu l’avenir de la presse associative

Journaux à l'impression.
© Thierry Porchet

La subvention versée chaque année à titre de rabais sur les frais postaux représente un soutien vital pour près de 900 publications en tous genres dans tout le pays, dont L’Evénement syndical.

Alors que le Parlement a décidé il y a peu de maintenir l’aide de 20 millions de francs destinée à des centaines de publications, le gouvernement relance l’idée de la supprimer.

Aurait-on crié victoire trop tôt? En mars, après des mois de débats avec plusieurs allers-retours entre les Chambres fédérales, le Parlement décidait finalement de maintenir l’aide indirecte de 20 millions de francs à la presse associative et des fondations. Mais voilà que, dans son «Programme d'allégement budgétaire 2027» présenté le 18 septembre, le Conseil fédéral remet sur le tapis l’idée de supprimer cette subvention versée chaque année à titre de rabais sur les frais postaux. Or, cela représente un soutien vital pour près de 900 publications en tous genres dans tout le pays, dont L’Evénement syndical. Cette façon de remettre en cause une décision très récente du législateur passe mal.

Certes, lors du vote final au Conseil national, ce n’est qu’à une très courte majorité (97 voix contre 93 et 7 abstentions) que la presse associative avait sauvé sa peau. En effet, les élus de la Chambre basse penchaient jusque-là pour lui couper les vivres, avant de se rallier in extremis à la position du Conseil des Etats. Mais il faut rappeler qu’à la base, l’initiative parlementaire à l’origine de ce débat – lancée en 2022, après le refus en votation populaire du paquet de mesures directes en faveur des médias – proposait au contraire d’augmenter de 10 millions de francs la subvention indirecte pour la presse associative.

Retour à la case départ

On pensait le débat clos, au moins pour quelques années, mais voilà que le dossier retourne à la case départ. Dans son message sur son programme d’économies, le Conseil fédéral affirme que la presse associative et des fondations est moins importante, pour la formation de l’opinion politique, que la presse régionale et locale. Cette dernière, dont l’aide indirecte a été revue à la hausse en mars, continuera ainsi d’être soutenue, même si – note le gouvernement de manière peu rassurante – «les avis sont partagés sur l’efficacité de l’aide indirecte à la presse par rapport à son but réel, à savoir la promotion d’un dialogue démocratique, notamment, car l’aide bénéficie seulement aux médias imprimés (mais pas aux médias numériques), alors que la presse écrite est en perte de vitesse face aux autres canaux».

Sans états d’âme, le Conseil fédéral estime que la presse associative doit dorénavant prendre en charge elle-même les coûts de sa distribution, peu importe si cela risque de menacer l’existence même de certaines publications. «Cette réduction contribuera également à atténuer les distorsions de marché dont La Poste bénéficie actuellement», ajoute-t-il.

Il va donc falloir repartir au combat pour défendre cette aide annuelle de 20 millions de francs. «Nous allons réactiver notre lobbyisme auprès des élus fédéraux», confie Reto Wyss, secrétaire central de l’Union syndicale suisse. Une fois n’est pas coutume, les syndicats et le patronat tirent à la même corde dans ce dossier, les milieux entrepreneuriaux éditant également de leur côté de nombreuses publications soutenues par la Confédération. «La dernière fois, notre collaboration avait bien fonctionné pour défendre la presse associative. Comme nous, les patrons sont indignés que ce sujet revienne aussi vite. Le Conseil fédéral avait pourtant dit qu’il respecterait les décisions du Parlement si elles étaient récentes.»

Un large front d’oppositions

Membre de la Commission des transports et des télécommunications du Conseil des Etats, qui avait traité ce dossier, le Neuchâtelois Baptiste Hurni (PS) est lui aussi étonné par cette façon de faire. «Cela me semble assez déplacé, d’autant que, lorsque nous avons décidé de maintenir l’aide indirecte à la presse associative, nous savions déjà que le Conseil fédéral avait l’intention de l’inclure dans son programme d’économies. Et ce n’est pas le seul vote qu’il remet en cause alors que les Chambres se sont prononcées récemment. Ce n’est pas sain pour la stabilité des institutions.»

Cependant, le socialiste reste confiant sur l’issue du débat: «Le Parlement n’aime pas trop se contredire. Par ailleurs, dans ce dossier, les positions n’étaient pas très partisanes. L’importance du rôle de la presse associative a été soulignée tant à droite qu’à gauche.»

En outre, aussi bien Reto Wyss que Baptiste Hurni gardent espoir dans le fait que le Programme d'allégement budgétaire 2027 est un paquet de mesures qui doivent en principe être traitées en bloc. Or, elles suscitent de vives oppositions de toutes parts, comme on l’a vu par exemple avec les manifestations d’étudiants ayant eu lieu dans plusieurs villes, contre les coupes dans la formation. Autrement, dit, le Conseil fédéral n’est pas au bout de ses peines.

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