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Le Canton de Vaud garnit son fonds de soutien à l’industrie

Le Fonds vaudois de soutien à l’industrie avait été proposé par le comité des métallos d’Unia lors d’assises de la place industrielle du canton, mises sur pied face aux menaces sur les emplois.
© Thierry Porchet / Archives

Le Fonds vaudois de soutien à l’industrie avait été proposé par le comité des métallos d’Unia lors d’assises de la place industrielle du canton, mises sur pied face aux menaces sur les emplois.

Devant les incertitudes économiques, 10 millions de francs sont injectés pour soutenir les PME, une mesure saluée par le responsable national de l’industrie d’Unia, Yves Defferrard

Le Conseil d’Etat vaudois a injecté 10 millions de francs dans le fonds cantonal de soutien à l’industrie. Le gouvernement propose aussi au Grand Conseil une modification légale lui permettant de recourir plus facilement à ce fonds en cas de détérioration de la situation économique. Mis en place en 2015 dans le contexte du franc fort, le fonds avait été réactivé en 2020 à l’arrivée du Covid: 87 entreprises et 129 projets d’investissements avaient alors été soutenus pour 10 millions de francs. Affichant un solde de 10,26 millions à la sortie de la pandémie, la dotation du fonds se voit aujourd’hui doublée pour faire face aux «prévisions conjoncturelles qui annoncent un ralentissement de la croissance économique, notamment dans le secteur industriel, explique le gouvernement dans un communiqué. Le ralentissement prévu sur le front des exportations, les carnets de commandes globalement jugés insuffisamment remplis, le contexte inflationniste notamment au niveau des coûts de l’énergie et des matières premières, de même que le risque de pénurie de l’énergie pour l’hiver 2023-2024, imposent de poursuivre les efforts entrepris pour soutenir les PME industrielles.»

«Je pense que c’est une très bonne chose pour l’industrie vaudoise de disposer de ce fonds pour autant qu’il soit bien utilisé», réagit Yves Defferrard, membre du comité directeur d’Unia et responsable de l’industrie.

Les métallos ne baissent pas les bras

L’idée de ce fonds avait été lancée par le syndicat et émise lors des Assises vaudoises de l’industrie en 2008, celui qui était alors secrétaire syndical d’Unia Vaud s’en souvient: «Au début des années 2000, le Canton de Vaud avait sorti un rapport de politique économique qui misait beaucoup sur le secteur tertiaire, en laissant de côté l’industrie. Le comité des métallos d’Unia s’était élevé contre cette vision restrictive. Nous sortions des années 1990, qui avaient connu beaucoup de délocalisations, mais nous refusions de baisser les bras. Nous nous sommes battus et nous avons obtenu du Conseil d’Etat l’organisation d’assises de la place industrielle vaudoise réunissant l’Etat et les partenaires sociaux. Nous nous sommes préparés avec les commissions du personnel et des économistes, et nous sommes arrivés aux assises avec plusieurs propositions. Notre objectif était de maintenir le maximum de places de travail.» Les syndicalistes décrocheront une loi obligeant les entreprises à cotiser à la Fondation pour la formation et le perfectionnement professionnels des métiers MEM. «Nous avions mis aussi en place un système d’échange de places de travail qui permettait aux entreprises surchargées de puiser dans les effectifs de sociétés dont l’activité ralentissait. Cela fonctionnait plutôt pas mal puisqu’une année nous avions placé ainsi plus de 150 personnes.» Quant au projet de fonds, il s’agissait de soutenir l’innovation comme d’offrir, au côté du chômage technique, un outil pour éviter des licenciements collectifs. «Nous avions entamé des discussions intéressantes sur des échanges de compétences ou des réseaux de crèches. Ces assises n’ont malheureusement plus été convoquées depuis des lustres, le Canton de Vaud serait bien avisé de les organiser de nouveau.»

Une situation pas si mauvaise

Comment le responsable de l’industrie pour Unia perçoit-il la situation économique dans son secteur? «Selon moi, la situation en Suisse n’est pas si mauvaise que cela au regard de la conjoncture en Europe et dans le monde. L’horlogerie va extrêmement bien, les déclarations de Nick Hayek et d’autres sont plus qu’optimistes; il n’y a pas de catastrophe dans la chimie et la pharma, les gens ont toujours besoin de médicaments; la branche alimentaire n’est pas en difficulté; quant aux machines, des activités ont été rapatriées de Russie, Stadler a un carnet de commandes plein, on fabrique toujours autant d’ascenseurs… la branche est très large et c’est variable, il y a des entreprises qui vont super bien et d’autres qui peuvent être à la peine sur leurs produits. Le franc fort pose toujours problème, même si l’inflation supérieure en Europe compense en partie ce désavantage, qui se retrouve être un avantage pour les entreprises qui importent du matériel et des matières premières. Je ne nie pas que des entreprises connaissent des difficultés, mais je dois souligner que, depuis trente ans que je fais ce métier, je n’ai jamais vu une année sans licenciement.»

Pour une véritable politique industrielle

Pour le responsable syndical, ce qui fait défaut à la Suisse, c’est une véritable politique industrielle. «En France ou en Allemagne, il y a des ministères de l’industrie. Rien de tel chez nous. La place industrielle reste pourtant un élément important de l’économie suisse. Cela a des impacts alors que nous sommes dans une phase de transition écologique qui demande des concertations. L’idéal serait de pouvoir disposer dans les cantons et au niveau de la Confédération de personnes qui se consacrent à cette tâche, ainsi que des discussions régulières réunissant les partenaires sociaux pour évoquer les mesures pouvant être prises, en particulier en faveur de la formation professionnelle et du maintien des emplois.»

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