La Ville de Fribourg instaure un congé menstruel
Les conseillers généraux ont voté pour un congé de trois jours maximum sans certificat médical en cas de règles douloureuses. Une première en Suisse. La position d’Unia est encore nuancée
Du jamais-vu en Suisse. Fin janvier, le Conseil général de la Ville de Fribourg a accepté une proposition de congé menstruel pour ses employées souffrant de dysménorrhée, autrement dit de règles douloureuses. Sera donc introduit dans le règlement du personnel un droit à un congé menstruel de trois jours maximum par cycle, sans avoir à produire de certificat médical.
Si la Ville de Fribourg est pionnière en la matière, d’autres initiatives existent ailleurs en Suisse. A Zurich par exemple, où un projet pilote permet aux employées de la Ville souffrant de règles douloureuses «importantes et régulières» de rester à la maison entre un et cinq jours par mois, sans perte de salaire. Mais aussi à Lausanne, où un postulat a été déposé au Conseil communal en mars 2023 pour demander un test du même genre.
Notons que les douleurs menstruelles touchent 25% des femmes et l’endométriose 10%, mais elles restent peu évoquées et sont souvent cachées dans la sphère professionnelle.
Risques
Puisque le sujet du congé menstruel est devenu particulièrement actuel en 2023, la commission Femmes du syndicat Unia a rédigé une prise de position, adoptée ensuite par le Comité central.
«Les discussions ont été très animées», rapporte Aude Spang, secrétaire nationale à l’Egalité. «Les positions quant au congé menstruel sont très nuancées au sein du syndicat. Ces initiatives sont évidemment à saluer, car elles montrent que les choses avancent et elles permettent de parler publiquement de la santé des femmes au travail, des règles et de l’endométriose, qui sont encore tabous pour beaucoup. En parler est important, car le cycle menstruel des femmes n’est pas pris en compte dans l’organisation du travail.»
Si les femmes d’Unia ont souligné que l'instauration d'un congé menstruel pourrait renforcer les discriminations envers les travailleuses, notamment en exposant leur cycle menstruel, certaines étaient aussi en faveur d’une telle initiative. Mais elles ont surtout insisté sur les obstacles structurels, explique la syndicaliste: «Les blocages auxquels de nombreuses travailleuses sont confrontées, c’est l’obligation de présenter un certificat médical dès le premier jour d’absence, les indemnités journalières inexistantes ou les jours de carence non payés en cas de maladie. La protection insuffisante contre le licenciement est également un risque. En améliorant ces dispositions générales, on améliorerait aussi la situation des travailleuses.»
Informer
En définitive, si les opinions sont diverses au sein d’Unia concernant le congé menstruel, c’est surtout l’approche structurelle qui prévaut. «Quant aux entreprises, Unia attend d’elles qu’elles s'informent et sensibilisent les travailleurs et les travailleuses, y compris dans les branches à majorité d’hommes.»