Artiste plasticien, Nicolas Bamert, alias L’Original, crée des univers poétiques et colorés, éminemment positifs. Avec l’idée de faire naître des sourires
Le rose fluo est la couleur préférée de Nicolas Bamert. Une teinte qui se décline dans toutes les créations de cet artiste vaudois de 35 ans réalisant des fresques monumentales, des sculptures ou encore des installations immersives. Autant de moyens servant un imaginaire où la simplicité des symboles – des fleurs, des cœurs, des papillons, des feuilles, des étoiles etc.– leur répétition hypnotique, la gaieté des tons plongent le spectateur dans un univers onirique structuré éminemment positif. Ce microcosme mise sur la capacité de chacun à renouer avec son âme d’enfant. Il se décline sur nombre de supports. La carcasse d’un avion (découverte à Malte), une voiture, une façade urbaine ou l’asphalte gris prennent sous les pinceaux de Nicolas Bamert des airs de fête. Polyvalent, le passionné réalise aussi des performances. Il a par exemple habillé sa chambre à coucher de 12000 post-it colorés ou encore tapissé un lieu désaffecté de 3000 m2 avec des journaux. «Ces démarches ont une portée méditative, propre à changer l’état d’esprit et à générer des sensations magiques», affirme le trentenaire. La variété des propositions ont toutes ou presque un dénominateur commun: terminées, elles sont immortalisées par des photos en présence de L’Original, comprenez l’alter ego de Nicolas Bamert. Un personnage à l’allure immuable, toujours vêtu d’un pantalon noir retenu par des bretelles, d’un T-shirt blanc, d’un bonnet de marin et portant des lunettes rondes.
De l’entreprise au monde de l’art
«Je suis son créateur. Il est mon explorateur. Il fait le lien entre la réalité qu’il veut changer et le monde imaginé. Je ne voulais pas me mettre, moi, en avant», explique le Vaudois, soulignant ressentir le besoin «d’amener de la lumière, d’augmenter l’énergie positive» avec ses œuvres. «J’aime cette Terre, ce gigantesque terrain de jeu, mais je rencontre davantage de problèmes avec la société. Ma mission est de contrebalancer la haine. De faire naître des sourires.» Auteur d’un «Manifeste de l’art positif», cet optimiste invétéré entend formaliser ce mouvement qui, précise-t-il, a toujours existé, mais pas de manière explicite. «Je souhaite agir dans ce sens et réunir d’autres artistes avec le but de diffuser de la joie.» Parallèlement, le polyvalent mène des projets participatifs dans des écoles, décorant des préaux avec des élèves. Une jolie manière de les égayer.
Si Nicolas Bamert ne doute pas de la route empruntée, persuadé de suivre son étoile, il est passé par une phase de questionnement. Et s’est consacré professionnellement à l’art après avoir travaillé plusieurs années en entreprise. Titulaire d’un CFC de dessinateur en technique du bâtiment avant de devenir ingénieur dans le génie climatique, l’homme a œuvré sept ans pour le compte d’une société avant de démissionner en 2014. Il part alors à Berlin pour apprendre l’allemand. Mais surtout pour disposer de temps et exercer sa créativité dans une ville vibrant d’une ambiance artistique.
Port d’attache
«J’avais envie de prendre un nouveau tournant. De me recentrer sur mes aspirations – l’univers de L’Original existe depuis 2007. J’ai loué un bureau qui me servait aussi d’hébergement, doté seulement d’électricité. Et j’ai pris un abonnement de fitness pour pouvoir accéder aux douches. J’ai alors enfin pu me consacrer à ma passion», raconte l’homme, de l’enthousiasme dans la voix. Cette année sabbatique va permettre à Nicolas Bamert de «digérer le passé», d’enclencher la vitesse supérieure au niveau créatif et de réfléchir à la manière de poursuivre l’aventure. «J’ai toujours eu cette fibre artistique, mais je ne l’avais pas encore entièrement exploitée, privilégiant aussi autrefois le sport», détaille cet adepte de basket et de snowboard. L’autodidacte crée et fréquente les musées et les scènes artistiques de la capitale allemande. Parallèlement, il rentre régulièrement en Suisse où il décroche des mandats et gagne des concours. Le virage berlinois est qualifié de «renaissance». Avant son départ, il visite à Paris une exposition rétrospective de Niki de Saint-Phalle, artiste qu’il adore, tout comme Jean Tinguely. Il achète alors une biographie de la plasticienne qui deviendra son livre de chevet. «C’est mon port d’attache. Un ouvrage qui me conforte au besoin dans mon choix», note le passionné qui, questionné sur ses sources d’inspiration, mentionne les quatre éléments et le cosmos. De quoi le faire voyager...
Sans peur
«Ma démarche me permet d’échapper au quotidien. Quand je crée, le temps n’existe plus», confie encore l’artiste, qui trouve néanmoins son bonheur dans une faculté de percevoir et d’observer la beauté de l’existence et de l’apprécier. «Je mesure ma chance d’être sur Terre.» Inventif, curieux et perfectionniste, Nicolas Bamert se ressource lors de dépaysements à l’étranger mais aussi dans nos frontières. Il aime visiter des villes et des expositions mais également se balader dans la nature, arpenter les montagnes ou flâner au bord du lac. Si rien, affirme-t-il, ne lui fait peur – «J’ai mis cette émotion de côté, indispensable pour avancer» –, il est parfois aussi traversé de doutes quant à l’avenir. Et aimerait bénéficier de davantage de soutien et de possibilités dans son domaine. Il rêve notamment de créer un jardin extraordinaire, à l’image de celui des Tarots de son égérie, qui regrouperait des œuvres d’art positif, une résidence artistique, etc.
Son remède quand tout va de travers? Nicolas Bamert liste les choses qui fonctionnent, toujours animé par cette propension à voir le verre à moitié plein. Et l’artiste de lancer en guise de mots de la fin: «Tout est possible. Il faut seulement suivre son cœur. On a alors l’assurance de se trouver sur le bon chemin.» Le sien est pavé de couleurs et vibrant d’une magie poétique enfantine et rêveuse qu’il espère contagieuse...