Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

La société fribourgeoise Meggitt annonce 70 licenciements

Bâtiment de l'entreprise Meggitt.
© Olivier Vogelsang

L’entreprise de Villars-sur-Glâne, rachetée par Parker Hannifin l’automne passé, veut se séparer d’une septantaine de personnes, affaiblissant ainsi ses grandes capacités d’innovation dans un secteur de haute technologie.

Les suppressions de postes toucheront notamment l’ingénierie et la maintenance de pièces destinées à l’aéronautique ou à l’industrie de l’énergie. Unia demande une procédure de consultation démocratique

Septante emplois supprimés sur les 439 que compte l’entreprise. C’est plus de 15% du personnel que la société Meggitt de Villars-sur-Glâne veut congédier pour, a-t-elle précisé au quotidien La Liberté, «réduire les coûts d’exploitation afin de maintenir sa compétitivité». L’annonce de ce licenciement collectif a été faite la semaine dernière aux salariés. La réduction des effectifs devrait être effectuée parmi les quelque 260 collaboratrices et collaborateurs travaillant dans le secteur de la maintenance et de l’ingénierie. La production, qui tourne à plein régime selon certains témoignages, ne semble pas touchée. La société fabrique notamment des capteurs pour les moteurs de l’industrie aéronautique et de l’énergie. La procédure de consultation devait débuter ce lundi 24 avril et se poursuivre jusqu'au 12 mai.

«L’entreprise a communiqué en prétendant vouloir maintenir sa compétitivité. En réalité, le rachat de Meggitt par Parker Hannifin l’an passé a créé de nombreux doublons dans les départements concernés. L’ingénierie et la maintenance des systèmes informatiques ou des pièces livrées un peu partout dans le monde peut se faire depuis d’autres pays où la main-d’œuvre est moins chère», explique Yannick Ferrari, responsable du mouvement syndical à Unia Fribourg. Il ajoute que l’entreprise fribourgeoise – anciennement Vibro-Meter qui a développé les capteurs – a un immense potentiel: «Entre la production et les bureaux techniques, il existe de grandes capacités d’idées et d’innovation. Supprimer 26% du personnel de ces départements serait une perte énorme pour la société.» Et le syndicaliste de déplorer une nouvelle fuite des cerveaux impulsée par Parker Hannifin avec le licenciement de nombreux ingénieurs.

Dialogue social mis de côté

Unia entend défendre ses membres au sein de Meggitt et compte sur un sursaut du personnel, lassé par les nombreuses restructurations vécues au fil des ans. La dernière date de 2020; 36 licenciements avaient été notifiés en raison du Covid. Après le rachat par le groupe Parker Hannifin en septembre dernier, une dizaine de postes auraient déjà été supprimés.

«Cette entreprise n’est pas membre de la CCT des machines. Elle a toujours mis de côté le dialogue et le partenariat social», déplore Yannick Ferrari. Ainsi, c’est la direction elle-même qui mettra sur pied une commission du personnel pour la procédure de consultation ouverte lundi. Elle veut ensuite décider avec quel syndicat négocier… En lice, Unia et Syna, ce dernier ayant participé à la procédure de 2020.

«Cette pratique est contraire à la liberté syndicale. Nous avions demandé à l’entreprise qu’une assemblée des travailleurs soit organisée avec les syndicats pour que le personnel puisse leur donner mandat de le représenter. Nous voulons que les deux organisations, qui ont des membres au sein de l’entreprise, puissent prendre part à la procédure de consultation.»

Préserver l’humain

Face à l’attitude de Meggitt, Unia va consulter ses membres pour discuter de la suite à donner à son engagement. «Quand le plan social a été annoncé, la première réaction a été: il faut contacter le syndicat. Les gens sont en colère et nous devons voir comment nous pouvons fédérer ces personnes, dont certaines sont sur le site depuis de nombreuses années et ont développé des liens très forts entre elles. Pour Unia, il est important de préserver ce pilier humain», souligne le syndicaliste, ajoutant qu’Unia va plaider pour que le processus de consultation soit le plus démocratique possible.

De Vibro-Meter à Parker Hannifin

L’entreprise Meggitt, fleuron de l’industrie fribourgeoise, a connu de nombreux rachats successifs ces dernières décennies par des groupes à la pointe de la technologie et a vécu de nombreuses restructurations. Fondée en 1952 sous le nom de Vibro-Meter par l’industriel fribourgeois Adolphe Merkle, l’usine a été vendue en 1991 à la société zurichoise Electrowatt SA, qui l’a revendue il y a 25 ans, en 1998, au groupe britannique Meggitt. En septembre 2022, Meggitt était racheté par la multinationale américaine Parker Hannifin. Le siège Europe, Moyen-Orient et Afrique de Parker Hannifin est établi à Etoy dans le canton de Vaud. Un site de production était en activité à Carouge dans le canton de Genève jusqu’en 2017, moment où il a fermé définitivement ses portes entraînant la disparition de 44 emplois. La multinationale poursuivait déjà sa logique de délocalisation vers des pays à bas coûts de production.

Pour aller plus loin

Le nouvel épisode d’«Industrie News» est en ligne

Virginie Pilhaut et Yves Defferrard en discussion

Le nouvel épisode d’ Industrie News, le podcast vidéo et audio réalisé par Unia, s’intéresse aux conventions collectives de travail (CCT) et aux politiques salariales. Interrogé...

Manifestation à Bruxelles

Les syndicats de l’industrie automobile ont appelé à une grève nationale en Belgique lundi 16 septembre. Plus de 10000 personnes ont participé à la manifestation à Bruxelles en...

Après la grève à Micarna, l’Office de conciliation ne propose (presque) rien

manif

Le combat des employés de Micarna à Ecublens a permis des améliorations. Mais les préretraites restent indignes, d’où le dépôt d’une demande financière au fonds de soutien Migros.

«Nous avons perdu la verrerie, mais nous partons la tête haute»

Après sept journées d’arrêt de travail, les grévistes avaient obtenu le report d’un mois des premiers licenciements et l’ouverture de négociations.

Le four de Saint-Prex (VD) a définitivement été arrêté ce jeudi 27 juin, après que le personnel ait arraché de haute lutte un plan social «acceptable» et tandis que des initiatives sont lancées pour recréer une filière verre en Suisse