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«La démarche des employés était noble»

Nicolas Marty pose appuyé sur un échafaudage
© Thierry Porchet

Chargé de sécurité, Nicolas Marty souligne l’importance de la fonction et insiste sur la force que les syndiqués peuvent avoir en s’unissant.

 

Membre du comité régional d’Unia Fribourg, Nicolas Marty défend une solidarité active et conseille de ne jamais monter seul au front au risque de perdre son travail.

Nicolas Marty est de nature plutôt impulsive et combattive. Et rien ne le révolte plus que l’injustice. Mais pour cet homme de 46 ans, l’engagement doit impérativement passer par le collectif et le syndicat. «La clé, c’est l’union. C’est notre force. Il ne faut jamais lutter seul au risque de se faire licencier», souligne le militant, qui a largement soutenu les grévistes de Samvaz, à Châtel-Saint-Denis, passant tous les soirs après le travail et les vendredis après-midi, jours de congé. Pour mémoire, le personnel, licencié fin septembre à la suite de l’annonce de la fermeture du département bois, s’est battu plus d’une dizaine de jours pour un plan social. «Je n’avais jamais vécu de grève auparavant. On ne fait pas que griller des saucisses... C’était très enrichissant et fort émotionnellement parlant, avec des hauts et des bas, et une entreprise fermée à la discussion», note le quadragénaire, évoquant les différentes actions menées par les employés dans l’espoir, déçu, d’entamer des négociations avec la direction. 

Une lutte légitime
«La démarche des grévistes était noble. Ils se sont mobilisés pour leur dignité. Et pour la reconnaissance de leur travail à sa juste valeur. Une lutte légitime», ajoute le Fribourgeois d’adoption, non sans déplorer un monde professionnel qui s’est durci. En particulier en matière de salaires. «La tendance est aujourd’hui à l’engagement d’une main-d’œuvre non qualifiée que l’on forme sur le tas avec l’objectif de la payer moins, d’accroître la rentabilité», déplore Nicolas Marty. Membre du comité régional d’Unia Fribourg, l’homme, T-shirt aux couleurs syndicales, estime qu’il faut aujourd’hui défendre prioritairement une augmentation des rémunérations et la retraite anticipée pour les personnes exerçant des métiers pénibles. Il pense aussi qu’Unia Fribourg devrait se mobiliser davantage encore alors que «de moins en moins de personnes croient à la solidarité». «Bon, il faut aussi relever que les travailleurs ont souvent peur des réactions de l’employeur, en particulier d’être licenciés.» Une issue qui n’inquiète pas directement Nicolas Marty, car il connaît ses droits et est bien armé professionnellement, avec deux CFC et deux brevets fédéraux.

Pas d’appui de la direction
Ancien électricien de réseau, le militant a effectué une reconversion professionnelle en 2019 et travaille désormais comme chargé de sécurité. Sa rencontre avec le syndicat se passe alors que, employé par une société de consulting dans son nouveau domaine, cette dernière refuse de lui payer trois jours de formation continue pourtant à sa charge. «J’avais alors un petit salaire. Et j’ai appris que le syndicat remboursait ce genre de frais.» L’homme pousse la porte d’Unia, puis décide de s’y investir davantage, marchant dans les pas de son père qui était membre du Syndicat des services publics. «Il y avait cette culture dans la famille visant à défendre nos droits.» Aujourd’hui, Nicolas Marty vient de démissionner de Sottas, actif dans la construction métallique à Bulle, pour rejoindre à la rentrée une entreprise de transports publics. «La raison de mon départ? La direction n’appuyait pas mes décisions. Je n’ai pas voulu prendre le risque que ma responsabilité soit engagée en cas d’accident.» Nicolas Marty avait pour mission de s’assurer que les employés travaillent en toute sécurité. Il contrôlait les équipements de protection individuelle des ouvriers chargés des éléments de façades et du montage correct des échafaudages lors de modifications de fixations qui nécessitent planification, coordination et nouvelle mise en place «dans les règles de l’art».

Les risques d’une sécurité bradée
Nicolas Marty se réjouit aujourd’hui du nouveau défi qui l’attend. Et espère que ses futurs responsables valideront ses éventuelles propositions. «La sécurité n’a, hélas, pas toujours l’attention dont elle devrait bénéficier. Il y a une tendance à limiter le personnel par mesure d’économies. Il y a des travaux qui nécessitent par exemple la présence de trois ouvriers, et ils ne sont que deux. Mais pour certains patrons, c’est une perte de temps jusqu’au moment où intervient un drame. S’ils prétendent faire le maximum, celui-ci ne doit pas affecter le rendement. On peut souvent faire beaucoup mieux, indique Nicolas Marty, tout en tempérant son commentaire. Le travail de chargé de sécurité reste essentiel. Et agit aussi comme garde-fou. Même si on est parfois peu écouté, savoir qu’il y a des contrôles pousse à davantage d’attention. Et permet aux personnes sur les chantiers de s’informer.» 

Une vidéo de Thierry Porchet.

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