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Entre craintes et espoirs

Semaine cruciale que celle qui s’est ouverte lundi, avec la relance de certaines activités économiques, telles que la coiffure, la vente dans les jardineries, les magasins de bricolage ou les consultations médicales. Une reprise qui préfigure celle de l’ouverture de l’école obligatoire, annoncée pour le 11 mai. Une rentrée suscitant de larges craintes parmi le corps enseignant et certains parents. Certes, le semi-confinement est dur à vivre, accroît les inégalités, les risques de violence. Le télétravail, le suivi des travaux scolaires, la limitation des contacts sociaux, engendrent de nombreuses difficultés. Et beaucoup espèrent un retour à la normale. Or de nombreux signaux contradictoires sont émis: les enfants ne seraient pas vecteurs de la maladie, mais les grands-parents ne peuvent toujours pas les garder; certaines activités peuvent reprendre, mais les personnes de plus de 65 ans doivent rester chez elles; il faut respecter les règles sanitaires sur les lieux de travail, mais les moyens de contrôle à disposition sont déjà insuffisants dans les branches, comme la construction ou la vente, où les activités se sont poursuivies.

Alors que les efforts du semi-confinement semblent porter leurs fruits et que l’épidémie paraît être contenue, que les hôpitaux n’ont pas eu à subir l’engorgement tant redouté, cela grâce au formidable engagement de tout le personnel de soins, tant en matière de prise en charge que de réorganisation, faut-il risquer d’anéantir ces résultats en ouvrant les vannes trop tôt? Avec une possible deuxième vague de propagation du virus, qui ne fera que retarder d’autant le retour à une vie normale? L’exemple de l’Allemagne où est constatée une recrudescence des cas de contamination pourrait alerter nos pouvoirs publics. Mais les milieux économiques sont influents sur le Conseil fédéral. C’est pareil en France où le Conseil scientifique, qui préconisait une reprise de l’école en septembre seulement, s’est résolu à prendre acte de la décision du président Macron de rouvrir les classes le 11 mai, afin de tenir compte des «enjeux sociétaux et économiques».  

Renvoyer les enfants à l’école pour que les parents puissent aller travailler? C’est bien de cela qu’il est question. Alors que cette période particulière nous a permis de repenser la place de l’humain dans la société, de redonner aux «petites» mains si essentielles leurs lettres de noblesse, et avant que l’économie ne s’emballe à nouveau, au risque d’un lourd tribut à payer, ne faudrait-il pas renouer avec une revendication plus que centenaire? Celle de la baisse générale du temps de travail, de la répartition de ce dernier et des richesses produites entre toutes et tous, équitablement et par-delà les frontières? C’était le propos des ouvriers et des socialistes à la fin du XIXe siècle, lorsqu’un congrès internationaliste tenu à Paris décidait d’appeler à manifester, partout dans le monde, le 1er Mai 1890 en faveur de la journée de huit heures. Ce vendredi, nous célébrerons de manière particulière cette 130e édition en Suisse. Puisse la question de la réduction générale du temps de travail revenir sur le devant de la scène! Bon 1er Mai à toutes et à tous!