«Electros pas contents, on va couper le courant!»
Une centaine d’électriciens ont manifesté la semaine dernière à Lausanne pour une revalorisation de leur métier et une meilleure CCT
La pluie en a sûrement découragé plus d’un. Mais ils étaient tout de même une centaine de manifestants mardi 12 juin à se réunir sur la place de la Riponne devant le bâtiment d’Unia. Entre deux averses, le cortège s’ébranle bruyamment, fumigènes et banderoles en prime. Une action coup de poing organisée par le Comité d’action Unia des électriciens vaudois (CAEV) en écho à la manifestation nationale du 19 mai à Zurich.
Ces deux mobilisations s’inscrivent dans le cadre du renouvellement de la Convention collective de travail (CCT) avec l’Union suisse des installateurs-électriciens (l’USIE). Entre autres demandes des travailleurs: une augmentation de salaire de 150 francs par mois pour tous, le relèvement des indemnités pour les repas de 12 à 20 francs par jour, la majoration de 50% des heures effectuées le soir et le samedi matin, ainsi que le respect de la CCT pour les apprentis. «Un des objectifs du collectif vaudois, c’est aussi d’être en capacité de négocier un avenant le meilleur possible à la CCT nationale dans le canton», explique Lionel Roche, responsable du secteur artisanat d’Unia Vaud.
Mettre la pression
«On est là pour se faire entendre!» hurle Laurent Tettamanti, secrétaire syndical d’Unia Vaud. Il ne fallait pas le dire deux fois tant la motivation se lisait sur les visages des électriciens et des militants venus les soutenir, notamment du parti Solidarités. Tout au long du cortège, les slogans ont fusé, démontrant une fois encore notre addiction à l’électricité: «Sans électros, pas de McDo, pas de resto, pas de réseaux, pas de métro… c’est le chaos!» Ou encore: «Electros pas contents, on va couper le courant!» Durant le défilé, c’est le trafic qu’ils ont ralenti en s’asseyant brièvement sur les routes qu’ils traversaient, sous un ciel zébré d’éclairs.
Des policiers en moto ont escorté la manifestation, mais n’ont pas apprécié les quelques chemins de traverse pris par les participants. Au point d’enclencher leurs sirènes devant la gare. «La police nous aide à attirer l’attention», lance Fred Martins, électronicien et membre du CAEV, en souriant. «Le patronat doit comprendre que nos slogans ne sont pas des paroles en l’air! On en a marre de ne pas être respectés et de faire toujours plus.»
Paroles d’électriciens
«On veut montrer qu’on est là, déterminés, pour une revalorisation de notre métier qui demande quatre ans de formation et évolue sans cesse», explique Romain Pache, délégué du personnel qui participe aux négociations au niveau national. «Notre métier ne consiste pas seulement à tirer un câble. Nous devons nous tenir sans cesse au courant des nouvelles technologies. Nous représentons la pierre angulaire du bâtiment, car nous devons travailler avec tous les corps de métier. Après l’architecte, c’est nous qui connaissons le mieux les chantiers sur lesquels nous sommes toujours les premiers et les derniers! Avec, pour conséquence, de devoir rattraper les retards. C’est stressant!» De surcroît, les heures supplémentaires ne sont pas majorées, alors que les salaires sont déjà bas.
A ses côtés, Miah Rahmat opine du chef: «Je suis apprenti en dernière année. Et la plupart de mes camarades veulent déjà quitter le métier, car les conditions ne sont pas bonnes. Pour ma part, j’adore cette profession, donc je continue.» Il ajoute: «Mon ancien patron me disait que les syndicats foutaient la m... Mon patron actuel, au contraire, nous soutient.»
Dans tous les cas, les électriciens disent être prêts à «couper le jus» sur les chantiers de Zurich à Lausanne si leurs revendications ne sont pas entendues, tout en espérant ne pas devoir en arriver là.