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Des chauffeurs de chantier débrayent pour exiger l'application de la bonne convention

Le 14 avril les employés de Pascual à Genève ont bloqué le dépôt pendant cinq heures

A Genève, les neuf chauffeurs de chantier de Pascual ont débrayé pendant près de cinq heures le 14 avril. Leur revendication: que soit appliquée la Convention nationale du secteur principal de la construction étant donné que leur entreprise est active dans le transport «de et au chantier». L'enjeu est primordial puisqu'il s'agit d'une différence salariale de 1000 francs par mois, d'un temps de travail réduit, d'une semaine de vacances supplémentaire et de la possibilité de bénéficier de la retraite anticipée. L'employeur s'est engagé à collaborer avec Unia.

Déterminés, les neuf chauffeurs de chantier de l'entreprise Pascual à Satigny (GE) ont débrayé le 14 avril, bloquant le dépôt pendant près de cinq heures. Actifs dans le transport «de et au chantier», ces travailleurs réclament l'application de la Convention nationale du secteur principal de la construction (CNC) alors qu'ils sont actuellement soumis à la Convention collective de travail cantonale «transports et déménagements» (CCTTD), qui s'applique à un tout autre type d'activité. Le syndicat Unia, qui soutient les chauffeurs dans le cadre de ce conflit, base cette revendication sur l'arrêté du Tribunal fédéral du 23 novembre 2009 qui stipule que la CNC s'applique à toutes les entreprises dont l'activité prépondérante est le transport «de et au chantier». Ce qui est manifestement le cas de Pascual. Après une première sollicitation par courrier et le refus du patron d'entrer en matière, une action syndicale s'imposait.
Et les enjeux sont de taille: la CCTTD prévoit un salaire minimum de 3900 francs alors que la CNC propose au moins 5424 francs mensuels. Les chauffeurs travaillent 45 heures par semaine tandis que les employés de la construction sont à 40,5 heures hebdomadaires. Sans oublier que la CNC comprend la retraite anticipée à 60 ans, une semaine de vacances supplémentaire ainsi qu'une indemnité-repas journalière de 24 francs. On parle donc d'au moins 1000 francs de différence de salaire par mois.

Patron prêt à dialoguer
Alors qu'une rencontre entre le syndicat et le patron de Pascual était prévue le 16 avril, ce dernier s'est rétracté. «Il nous a envoyé un mail pour nous informer qu'après avoir pris conseil auprès de son avocat, sa position était claire et qu'il estimait respecter les conditions légales et que du coup, il annulait notre rendez-vous», rapporte Tony Mainolfi, secrétaire syndical responsable de la construction. Après avoir fait du forcing, la rencontre a tout de même eu lieu. «Il semble avoir été mal conseillé par l'Association genevoise des entreprises de transports et déménagements et prétendait ignorer l'existence de l'arrêté fédéral, poursuit le syndicaliste. Il s'est engagé à nous fournir les fiches de salaire de ses employés et va consulter à nouveau son avocat sous quinzaine, après quoi il semble ouvert à poursuivre la discussion. Il y a une entrée en matière, nous verrons si cela débouche sur un engagement ferme par rapport à notre demande.» En effet, le patron de Pascual assure rémunérer ses collaborateurs au niveau des salaires prévus par la CNC et payer un 13e salaire ainsi qu'un panier-repas. De leur côté, les travailleurs démentent: l'indemnité-repas serait bien inférieure à ce que prévoit la CNC et le 13e salaire serait incomplet et versé à la tête du client. Quant à la retraite anticipée, elle n'est pas appliquée. Un double discours dont on verra plus clair quand les documents auront été transmis. Affaire à suivre.

Manon Todesco