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De tous les combats

Potrait de Mathilde Marendaz
© Thierry Porchet

Mathilde Marendaz, une conscience écologique aiguisée et un engagement fort pour l’égalité entre tous les êtres.

Avec une énergie hors du commun Mathilde Marendaz se mobilise pour le climat, les migrants et les femmes

Elle est porteuse d’espérance. Car, du haut de ses 21 années, Mathilde Marendaz a la maturité et la conscience d’une sage en action. Tout en méditant sur le sens de la vie, elle s’engage tous azimuts; que ce soit lors d’une marche pour les migrants, d’une manifestation devant une multinationale, d’une grève du climat, dans la rue pour des récoltes de signatures (notamment pour une Suisse libre de pesticides), ou encore d’une réunion de femmes en vue du 14 juin. Symbole d’une nouvelle génération combattive, elle jongle entre ses luttes avec détermination et générosité.

Pour l’origine de sa militance, l’Yverdonnoise évoque son père, concierge, sérigraphe de formation, et sa mère, éducatrice de la petite enfance. Anciens hippies, ils ont offert à leur fille une liberté de pensée et d’actions qui a forgé son empathie envers le monde. «Déjà à l’école, je me questionnais sur le sens de la vie, sur mon rôle dans la société. Des réflexions, des rencontres et des profs, notamment en philosophie ou en géo, m’ont donné des pistes. Je me suis rendu compte que l’action collective pouvait faire bouger des montagnes et qu’il fallait se prémunir du cynisme de la société. Le monde nous appartient quand on s’unit. J’ai des amis, un toit, une formation, je vis dans un pays privilégié, avec une grande liberté. Mais tant que des gens seront privés de liberté, je ne pourrai pas dormir tranquille. Ce n’est pas une question de culpabilité, mais un sentiment que ma propre liberté dépend de celle de chaque personne.» Ainsi s’exprime Mathilde Marendaz de sa jolie voix enfantine qui tranche avec la gravité de ses propos.

Dans la rue et en politique

En ce début de matinée, au Café Primeur à Yverdon, elle commande un café avec du lait d’avoine. Végane? «Oui, depuis deux semaines, sourit la végétarienne de plusieurs années. J’ai eu un déclic en voyant un spectacle à L’Echandole intitulé Viande. En Suisse, c’est facile de changer de mode d’alimentation. En Asie centrale, où l’on mange du mouton tout le temps, ce serait absurde, car il faudrait faire venir des aliments de très loin.» Si chacun de ses gestes individuels fait écho à sa lutte écologique, elle estime que l’engagement doit s’exprimer à plusieurs niveaux, de chez soi à la politique en passant par l’associatif. «Les partis bourgeois mettent toujours l’accent sur la liberté individuelle. Mais comment parler de liberté quand celle-ci est basée sur l’exploitation des êtres humains et de la nature? L’individu ne peut pas être seul à se responsabiliser, alors même que l’accès à la réflexion et au pouvoir d’achat est inégal. Les grandes entreprises et les politiques doivent agir. La liberté doit être vue comme un bien commun.»

Au gymnase en 2015, Mathilde Marendaz, portée par sa révolte face à la catastrophe climatique et par sa vivacité d’esprit, cocrée Alternatyv à Yverdon, une plateforme des diverses initiatives de la transition écologique de la région du Nord vaudois.

Face à l’inaction politique, elle s’engage ensuite chez les Verts pour «contrer les pro-béton et les pro-voitures». Puis devient coordinatrice romande des Jeunes Verts, tout en continuant de militer sans bannière politique, notamment au sein de la mobilisation pour le climat. «Dans ces réunions, il y a une émulation d’intelligences, de volonté, et une telle conscience pour faire avancer la cause, au contraire des politiques de droite qui vont à la vitesse moins 15! Sans réaction de leur part, toutes les options sont ouvertes, jusqu’à l’appel à une grève générale!» Pour elle, l’urgence de la situation, la figure de la jeune Suédoise Greta Thunberg, ainsi que la puissance des réseaux sociaux – tout en étant consciente «qu’un clic pollue énormément» – ont favorisé l’émergence d’un tel mouvement.

Sur tous les fronts

Infatigable, Mathilde Marendaz a rendez-vous, en ce jeudi 14 mars, à la rédaction de La Région où elle y fait un stage de journalisme, avant de participer au comité féministe yverdonnois le soir. Le lendemain, elle sera présente à la mobilisation internationale pour le climat à Lausanne, puis ira organiser une soirée érythréenne sur la situation des jeunes migrants privés de formation (L’ES du 13 février). En l’espace de 24 heures, elle s’impliquera donc dans ses trois combats de prédilection. L’universitaire en géographie humaine et français à Neuchâtel n’en fait-elle pas trop? «Je ne me repose pas assez. Je sens parfois que mon corps flanche, mais tous mes engagements sont aussi source de vie et d’énergie», sourit celle qui participe aussi dans les associations Paires et Be-Hôme*. «Le système de l’asile, le racisme et les injustices me tordent le bide», lâche-t-elle. Quant au féminisme: «Le système fait que les hommes sont encore ceux qui décident. Le temps partiel pour les hommes comme pour les femmes, la reconnaissance de la valeur du care sont quelques-uns des thèmes essentiels pour davantage d’égalité», relève Mathilde Marendaz qui pourrait en parler encore longuement, sauf que le travail l’attend. Juste une dernière question: comment s’imagine-t-elle en 2030? «Je n’y pense pas trop, car tout se joue maintenant! Dans cette brèche du présent, c’est à nous, collectivement, de tenter d’éviter des temps trop sombres, d’inverser le cours de l’histoire.»

*Associations qui proposent des parrainages pour l’aide à l’intégration des réfugiés, à Neuchâtel, Yverdon et Lausanne: be-home.ch et projet-paires.ch