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Créer un syndicat interprofessionnel: pari gagné!

Bilan et perspectives avec les coprésidents d'Unia, Renzo Ambrosetti et Andreas Rieger, à la veille du congrès du syndicat

A un mois du premier congrès ordinaire d'Unia et quatre ans après sa création, les deux coprésidents de ce grand syndicat interprofessionnel, Renzo Ambrosetti et Andreas Rieger, s'expriment. Tant sur le bilan de la fusion de quatre syndicats aux cultures différentes, que sur les enjeux du congrès et la politique syndicale future.

«La création d'Unia a été un succès sur lequel nous pouvons bâtir l'avenir.» C'est sur ces mots que s'ouvre le rapport d'activité du syndicat Unia, rapport qui relate les quatre premières années d'existence du syndicat et qui sera soumis au premier congrès ordinaire qui se déroulera du 9 au 11 octobre prochain à Lugano.
Presque quatre ans jour pour jour après le congrès de fusion des syndicats SIB, FTMH, FCTA, et Actions Unia, en octobre 2004, 392 délégués se retrouveront pour faire le bilan de la construction hors du commun d'un syndicat interprofessionnel rassemblant 200000 membres, soit plus de la moitié des effectifs de l'Union syndicale suisse. Un syndicat qui regroupe quatre secteurs de l'économie privée: la construction, l'artisanat, l'industrie et le tertiaire, comptant chacun de nombreuses branches. Les délégués définiront également les grandes orientations syndicales pour les prochaines années.
A un mois du congrès, L'Evénement syndical fait le point avec les deux coprésidents d'Unia, Renzo Ambrosetti, ancien président de la FTMH, et Andreas Rieger qui a succédé, en décembre 2006, à Vasco Pedrina du SIB.
Interview croisée.

En quoi ce premier congrès ordinaire est-il important pour Unia?
Renzo Ambrosetti: C'est la première fois que l'on pourra voir si ce que l'on avait conçu en termes d'organisation a fonctionné, si nos réflexions par rapport à cette fusion étaient correctes. Un autre point fort du congrès sera la question des CCT et de leur élargissement. Le congrès portera aussi sur la nécessité de reconstruire notre réseau de militants, de personnes de confiance. Enfin, et cela a aussi toute son importance, les membres d'Unia pourront choisir pour la première fois leurs organes dirigeants.

Quel bilan dressez-vous au niveau organisationnel?
Andreas Rieger: Le bilan que nous tirons est positif sur le plan des structures que nous nous sommes données. Elles fonctionnent bien et ne sont pas contestées au congrès. Quant à la politique syndicale, nous avons des positions relativement homogènes, même si elles sont encore à affiner. Mais nous n'avons pas de guerre de ligne, d'orientation. La plus grande question qui est ouverte est celle de la construction syndicale sur le terrain et du développement du nombre de membres.

L'objectif majeur de la fusion était d'aboutir à une politique interprofessionnelle, pour dépasser les corporatismes. Une réussite?
RA: Le but de se doter d'un syndicat interprofessionnel a été atteint. L'exemple le plus éclatant a été le conflit dans la construction. Ce ne sont pas seulement les travailleurs et secrétaires de la construction qui se sont battus pour défendre la convention nationale, mais c'est toute l'organisation qui s'est lancée dans cette bataille. Avant, lorsqu'il y avait une mobilisation du SIB, la FTMH envoyait quelques délégués aux manifs. Maintenant, c'est totalement différent. Cet esprit interprofessionnel est vivant.

AR: Après la fusion, il y avait aussi la crainte que la force de mobilisation dans le secteur principal du bâtiment soit amoindrie en comparaison à ce qui existait du temps du SIB. Or c'est le contraire qui s'est passé. Aujourd'hui, nous avons lancé la campagne Tutti Tertia pour nous renforcer dans le secteur tertiaire. Nous voulons que les gens du bâtiment et des autres secteurs aident le tertiaire afin d'être plus présent sur les lieux de travail. Et demain, ce sera peut-être dans l'industrie que nous devrons nous engager tous ensemble.

Le nombre de membres affiche une légère diminution depuis la fusion. De 203000 membres fin 2005, Unia est passé à 198500 adhérents...
AR: Les organisations qui ont fondé Unia accusaient de légères pertes de membres de l'ordre de 2% par année avant la fusion. Or depuis la fusion, nous n'avons qu'une diminution d'environ 1% par an. La fusion n'a donc pas provoqué de pertes supplémentaires mais a, au contraire, permis d'augmenter légèrement le nombre des adhésions. Les diminutions s'expliquent par les départs qui restent assez élevés. Dans les années 90, la baisse était due aux restructurations, à la désindustrialisation. Aujourd'hui, la cause en est la précarité accrue de l'emploi et du revenu.

RA: J'ajouterai que toutes les fusions syndicales précédentes, que ce soit le SIB, Syna, Verdi en Allemagne, ont enregistré des pertes de membres bien supérieures à 10% la première année! Par ailleurs, la part des membres actifs chez Unia a augmenté, nous perdons surtout des membres chez les retraités et les non-actifs. Cette hausse des actifs explique aussi qu'il y a davantage de jeunes chez Unia. Près de 45% des adhérents ont moins de 40 ans.

A quoi attribuer ce rajeunissement?
RA: C'est avant tout parce que nous avons beaucoup progressé dans le secteur tertiaire, ce qui était un des objectifs de la fusion. Ce secteur occupe beaucoup de jeunes, dans la vente et la restauration par exemple. Nous avons également recruté nombre d'apprentis dans l'industrie et l'artisanat.

AR: En 2007, 70% des nouvelles adhésions étaient le fait de personnes de moins de 40 ans. Mais il y a aussi une explication historique à la jeunesse de notre organisation. Le SIB avait peu de retraités car beaucoup d'immigrés rentraient chez eux. La FTMH en avait un peu plus et la FCTA aussi, mais dans l'ensemble nous n'avons jamais atteint le taux très élevé de retraités que l'on peut trouver dans certains syndicats.  

Qu'en est-il de la représentation des femmes?
RA: Unia se fixe l'objectif de renforcer le nombre d'adhérentes au syndicat. Par ailleurs, les femmes d'Unia revendiquent au moins 33% des sièges au comité directeur et au comité central. Ce dernier a donné un préavis favorable à cette proposition. Dans le même temps, pour maintenir les équilibres, il faut aussi que la présence latine soit représentative dans ces instances. Les latins, romands et tessinois, constituent en effet 45% des membres du syndicat.

Propos recueillis par Sylviane Herranz et Pierre Noverraz


L'entier de l'interview en pages 4 et 5 de notre édition papier